Un an et demi après l’apparition du Covid-19, force est de constater que le nationalisme vaccinal est devenu la règle et le dons de doses, l’exception. Le symbole de cet échec, c’est le mécanisme Covax de partage de vaccins mis en place par l’OMS. À la mi-juin, il n’a permis la livraison que de 87 millions de doses aux pays pauvres. Médecins sans frontières (MSF) appelle à une réforme urgente du mécanisme.
Avec notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche
Avec 0,4% des vaccins anti-Covid administrées dans les pays pauvres, rares sont ceux qui osent encore affirmer que le système Covax est un succès. Le mécanisme a pourtant récolté près de 10 milliards de dollars de promesses de dons, suffisant pour obtenir 3,8 milliards de doses de vaccins. Le problème, c’est qu’une grande partie ne sera livrée qu’en 2022. Une preuve supplémentaire, s’il en fallait une, que Covax ne marche pas selon Manuel Martin, conseiller de Médecins sans frontières pour l’accès aux traitements.
« Covax était destiné à échouer parce qu’il repose sur les règles de l’industrie pharmaceutique où les fabricants vendent toujours au plus offrant, explique-t-il. C’était une erreur de croire que les entreprises et les pays allaient respecter le principe d’équité ».
Covax aurait dû être le plus grand acheteur
Covax devait en effet être le plus grand acheteur mondial de vaccins anti-Covid. Une position qui aurait dû lui permettre d’obtenir les meilleurs contrats. Mais dans les faits, les États ont préféré négocier directement aves les fabricants. Affaiblissant, par la même occasion, le mécanisme qui repose en grande partie sur les dons de doses des pays riches.
Revoir le fonctionnement
« L’avenir de Covax reste encore à écrire. S’il doit rester aussi inefficace, alors il ne pourra pas nous aider à surmonter la prochaine pandémie. Ni même à en finir avec celle-ci », déplore Manuel Martin.
MSF demande a revoir totalement le fonctionnement de Covax. Notamment en facilitant les transferts de technologie et en demandant des comptes aux groupes pharmaceutiques qui ont bénéficié de financements publics pour leurs recherches.