Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a limogé plusieurs hauts responsables qu’il a accusés d’être responsables d’un « grave incident » lié à la pandémie de Covid-19, dont Pyongyang n’a jusqu’à présent pas reconnu la présence sur son territoire.
Ces responsables ont « causé un grave incident qui provoque une énorme crise pour la sécurité de la nation et de son peuple », a déclaré Kim Jong-un lors d’une réunion du politburo, cité par l’agence officielle KCNA. L’agence n’a fourni aucun détail sur le nombre de personnes limogées ni sur les faits qui leur sont reprochés. Mais le dirigeant de la Corée du Nord les a accusés d’être « la proie de l’égoïsme et de la passivité. L’incompétence et l’irresponsabilité des hauts responsables est un facteur majeur de ralentissement dans l’exécution de tâches importantes. »
Jusqu’à présent, le régime nord-coréen a toujours soutenu que l’épidémie de Covid-19 n’était pas arrivée sur son sol, ce dont doutent nombre d’experts. Pyongyang n’a jamais fait état de cas de Covid-19, ni dans les médias officiels ni à travers les chiffres communiqués à l’Organisation mondiale de la santé.
À la tête d’un pays au système de santé défaillant, Kim Jong-un a décidé de fermer, en janvier 2020, les frontières de la Corée du Nord afin d’empêcher une propagation du coronavirus apparu chez son voisin chinois.
« Grande crise avec des conséquences graves »
L’information publiée par KCNA « signifie que la Corée du Nord a enregistré des cas », a affirmé à l’AFP Ahn Chan-il, un transfuge nord-coréen devenu chercheur à l’Institut mondial pour les études nord-coréennes, basé à Séoul.
Selon l’agence officielle, à l’occasion d’une réunion du politburo, Kim Jong-un a reproché à des fonctionnaires d’avoir fait preuve de « négligences » à l’origine d’un incident « crucial » qui a entraîné « une grande crise avec des conséquences graves en matière de sécurité de l’État et de la population ». Il n’a cependant donné aucun détail sur ce qu’il s’est produit.
Des membres du puissant politburo du Parti des travailleurs de Corée du Nord et de son présidium ont été limogés et de nouveaux membres ont été nommés mardi 29 juin lors d’une réunion, a indiqué KCNA, précisant que des responsables gouvernementaux avaient été « mutés » et d’autres « nommés ».
« Situation alimentaire tendue »
Sous le coup de sanctions internationales à cause de son programme nucléaire, la Corée du Nord s’est retrouvée plus isolée que jamais à cause de cette mesure. Son commerce avec la Chine, duquel elle dépend lourdement, s’est considérablement réduit et les travailleurs humanitaires ont déserté le pays.
Kim Jong-un a récemment reconnu que la Corée du Nord faisait face à une « situation alimentaire tendue », tirant la sonnette d’alarme dans un pays où le secteur agricole est, depuis des années, en proie à de graves difficultés. Il avait appelé, en avril, à « mener une nouvelle “Marche forcée” […] afin d’aider la population face aux difficultés ».
La « Marche forcée » est l’expression employée au Nord pour désigner la famine des années 1990 qui a fait des centaines de milliers de morts, à la suite de la réduction de l’aide de Moscou après l’effondrement soviétique.