C’est un rendez-vous incontournable en Russie pour Vladimir Poutine, ce mercredi 30 juin : l’émission de télévision « Ligne directe », marathon de questions-réponses entre le président russe et les quelques dizaines de téléspectateurs qui auront été sélectionnés en amont. En 2020, l’émission avait dû être annulée en raison du Covid-19. Elle a été maintenue cette année malgré une troisième vague particulièrement virulente et meurtrière à cause du variant Delta, apparu en Inde.
De notre correspondant à Moscou,
Il est difficile pour Vladimir Poutine de prétendre comme il l’a fait durant des mois que la Russie a surmonté avec succès cette pandémie de Covid-19. Les chiffres sont très inquiétants : plus de 600 morts chaque jour depuis le début de la semaine, un nombre de contaminations quotidien sans précédent depuis le début de la pandémie et des hôpitaux qui tiennent pour le moment, mais qui approchent de la saturation.
Selon le ministère de la Santé, plus de 80% des lits destinés aux malades du Covid-19 sont occupés. La Russie est frappée de plein fouet par un variant Delta particulièrement contagieux et les autorités ne savent pas vraiment comment faire pour surmonter cette troisième vague. La situation est d’autant plus inquiétante que la campagne de vaccination en Russie est un échec patent.
« Il est évident que nous n’atteindrons pas les 60% de personnes vaccinées à l’automne », a reconnu le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, admettant que l’objectif initial affiché par les autorités ne serait pas rempli. À ce jour, seulement 16% de la population a reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19.
Nombre de décès minoré
Au cours de « Ligne directe », Vladimir Poutine s’est opposé à toute obligation vaccinale contre le Covid-19 à l’échelle nationale, jugeant les mesures régionales en ce sens adaptées au moment où la Russie est frappée par une vague meurtrière due au variant Delta. « Je ne soutiens pas l’obligation vaccinale », a-t-il dit. Vladimir Poutine a toutefois souligné que pour éviter un confinement strict, « certaines régions introduisent l’obligation vaccinale pour certaines catégories de citoyens ».
Il faut dire que les appels répétés à la vaccination du président russe, qui a appelé « à écouter les experts et non les rumeurs », se heurtent à la défiance profonde des Russes à l’égard du Spoutnik V, lancé très rapidement, « trop rapidement » sans doute à leurs yeux. À force d’avoir minimisé l’impact de la maladie et d’avoir systématiquement minoré le nombre de morts provoqué par le coronavirus en Russie, les autorités ont installé le sentiment que le Covid-19 finalement n’était pas si dangereux.
Il est difficile aujourd’hui de faire machine arrière dans un pays où les mesures de restrictions n’ont pas été aussi contraignantes que dans les autres États frappés par la maladie. Ce qui contribue également à détourner les Russes de la vaccination. Pour renverser la tendance, les autorités multiplient les mesures contraignantes, rendant de facto la vaccination obligatoire. Mais il est sans doute déjà trop tard : le variant Delta est là et, avec lui, une troisième vague particulièrement meurtrière pour la Russie.
RFI