Au cours de ces deux dernières années (de fin 2019 à nos jours), le consommateur malien a vécu une situation très éprouvante. Suite à la crise multidimensionnelle sévissant à l’échelle nationale depuis 2012 à laquelle sont venues se greffer la crise sociopolitique et la pandémie au coronavirus avec leurs dégâts collatéraux, l’économie nationale a été frappée de plein fouet.
Au plan socio-sanitaire, la pandémie et les événements sociopolitiques sulfureux ont eu à replonger l’économie nationale dans la récession de 1995. Selon une étude de la Banque Mondiale, suite à la propagation du coronavirus, la croissance économique malienne, à l’instar de celle des autres pays africains (dont le taux de croissance est passé en 2020 de 2,4% à -5,1% en moyenne) a régressé considérablement. Ce qui entraina des répercussions dures à supporter sur les secteurs vitaux comme sur le commerce import et export.
Toujours, en termes de répercussions difficiles à tenir, la circulation des personnes et des marchandises a été atteinte. Ce qui un désordre sur les termes d’échanges et des chaînes de valeur. Les taux déficitaires ou manques à gagner provoqués sur l’ensemble de l’économie malienne par ces crises au titre de l’année 2020 sont lourds de conséquences. Ce qui continue d’impacter sur le marché d’exportation et de vente sur le marché local et national. Et c’est surtout le bas peuple, à savoir les consommateurs des produits alimentaires et de première nécessité qui en souffrent de plus en plus. Et pour preuve, sur le marché, les prix grimpent incessamment et de façon incontrôlable. La crise se fait sentir dans tous les secteurs vitaux de l’économie nationale. L’inflation devient immaitrisable dans tous les secteurs et sous-secteurs et se fait durablement sentir surtout dans l’informel. Sur le marché des denrées alimentaires et de première nécessité, les transports et des produits céréaliers constituant la consommation de base, tout devient de plus en plus cher. Ce qui fera que les prévisions, en termes de croissance pour l’année 2020, ont dégringolé de 5% à 0,9% avec un impact démesuré pour une économie reposée essentiellement sur l’informel et qui reste la locomotive de l’économie nationale (avec ses 95% d’emplois créés, 70% d’activités économiques, 99% d’entreprises privées et plus de 60% du Produit Intérieur Brut-PIB).
Ensuite, il y a, côté demande sociale, la multiplication des revendications à l’actif des Syndicalistes qui prennent souvent en otage la vie de la Nation tout entière avec le blocage des lieux de travail des jours voire des semaines entières. C’est de ces crises combinées qu’advient la cherté de la vie au niveau de toutes couches sociales.
Aussi, au nombre de facteurs de la montée des prix sur le marché, il y a la baisse de production locale due à la crise sécuritaire. Dans les Régions du Centre du pays notamment, les cultivateurs, les éleveurs et les pêcheurs ont toutes les peines du monde à se rendre sur leurs champs ou sur leurs pâturages. Or, c’est de ces Régions qu’on produit surtout de la viande, du lait, etc. A cela, il y a la problématique de la procuration, par exemple, de l’aliment bétail et de la semence et des engrais.
De cause à effet, les prix des céréales, de la viande, du poisson, de l’huile, du pain et de la glace alimentaire montent tous exponentiellement. A titre nominatif, le prix de la viande est aujourd’hui pas moins de 3500 francs CFA. C’est sans précédent.
Face à cette situation, il y a eu en juin dernier une gigantesque marche de protestation contre la cherté de la vie ici à Bamako, devant la primature. Question d’envoyer un signal aux nouvelles Autorités de la transition.
Pour tenter d’endiguer la crise, la Direction Générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence (DGCC), avait initié un dialogue avec les Bouchers et autres intervenants dans la filière viande. Il s’agit de mettre en place une stratégie de réduction du prix de la viande notamment. En lui ramenant dans la fourchette de 2200 à 2300 FCFA. Mais il se trouve que les bœufs coutent chers (entre 325.000 et 335.000 FCFA, la tête contre 200.000 et 215.000 FCFA d’avant). Alors qu’il y a « l’insécurité au centre du pays et un peu partout sur le territoire, surtout en zone rurale, complique la transhumance des animaux vers les centres urbains de consommation », a communiqué le Directeur Général du Commerce et de la Concurrence. Et il ajoute :« Le prix moyen du sac de 50 kg d’aliment bétail est en hausse de plus de 11% par rapport à son niveau de l’année passée à la même période ». Et, pour conclure ; il explique que pour que le kilogramme soit cédé à 2.200 FCFA, le bétail qui pèse 150 kg doit revenir à 200.000 FCFA. Or, selon ses propres termes, le prix moyen est de 350.000 FCFA sur le marché.
Djankourou
Source: L’Aube