Après la fermeture de ses sources d’approvisionnement, l’Association des Élèves et Étudiants du Mali (AEEM) tente de mettre la pression sur les autorités maliennes afin d’avoir un peu de ressources. Du coup, elle s’emballe et dépose un préavis de grève. Mais le Centre National des Œuvres Universitaires (CENOU) rompe le silence et déballe tout.
Dans une note technique, le CENOU fait le point par rapport à deux doléances mentionnées dans le préavis de grève déposé par l’AEEM, le vendredi 2 juillet 2021. Il s’agit du ‘’prélèvement de 5000 F CFA sur les trousseaux de certains étudiants’’ et ‘’le retard dans le paiement des bourses et des trousseaux de certains étudiants au titre de l’année universitaire 2019-2020’’.
Établissement Public national à caractère Administratif doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, le Centre National des Œuvres Universitaires est chargé de la gestion des aspects non académiques de la vie des étudiants, la contribution à l’amélioration de leurs conditions de vie à travers la gestion des allocations financières, le logement, le transport, la restauration, les activités sportives et de loisirs et la prise en charge sanitaire par les premiers soins.
Le règlement intérieur adopté par son Conseil d’Administration à travers la délibération N°08 004 du 08 Mai 2008 a subordonné le bénéfice des œuvres universitaires au versement par les étudiants nationaux d’une contribution forfaitaire de 5000 FCFA.
Aux grands maux, les grands remèdes
Pour couvrir les besoins de plus en plus croissants des étudiants en matière d’œuvres universitaires, le Conseil d’Administration a adopté en 2013 la délibération N°2013-002 portant adoption et mise en œuvre des mesures relatives à l’amélioration des ressources propres du CENOU qui stipule en son article 1er que « Pour l’amélioration des ressources propres du CENOU, il est institué une contribution forfaitaire annuelle de 2 500 FCFA par étudiant ».
Mieux, pour faciliter le recouvrement desdits montants (5.000 F d’une part et 2.500 F d’autre part), il a été retenu après échange et négociation avec le bureau de coordination de l’AEEM que le montant de 5000 F sera prélevé directement sur la bourse ou la demi-bourse et le montant de 2500 F prélevé sur les trousseaux pour ce qui concerne les anciens étudiants. Quant aux nouveaux étudiants, ils effectuent le paiement au moment des dépôts de demande de bourse.
Ainsi, de 2013 à mars 2021, le montant de 2.500 F CFA était prélevé sur le trousseau des étudiants réguliers, et 5.000 F CFA sur la bourse ou la demi-bourse des étudiants boursiers.
La mise en œuvre des deux délibérations a révélé que les étudiants réguliers boursiers contribuent finalement à hauteur de 7500 F par an (5000 F sur la bourse et 2500 sur le trousseau) pendant que les étudiants réguliers non boursiers contribuent à hauteur de 2500 F sur le trousseau.
Par ailleurs les étudiants non réguliers et étrangers, bien que bénéficiaires des œuvres universitaires ne paient aucune contribution. La session du Conseil d’Administration du CENOU, tenue le 10 mars 2021, après une analyse approfondie de la question de la contribution des étudiants aux œuvres universitaires et sur proposition de sa Direction a décidé d’harmoniser le montant payé au titre de ladite contribution et de retenir le montant unique de 5000Fà travers la délibération n°2021-22/CA-CENOU du 10 mars 2021.
En ce qui concerne le paiement des bourses 2019-2020, aujourd’hui, le CENOU a procédé au traitement de tous les dossiers reçus des IES. En effet, le traitement des dossiers avait connu un arrêt suite à la démission du gouvernement et cela en raison de la non-possibilité de signature des décisions d’attribution des bourses. Pour rappel, lesdites décisions sont signées par le Ministre en charge de l’Enseignement Supérieur.
Contribution aux œuvres universitaires et traitement des bourses
Le paiement de la contribution aux œuvres universitaires donne droit à la carte CENOU et aux bénéfices des œuvres universitaires. Mieux, les fonds générés contribuent à l’amélioration des services offerts aux étudiants. Entre autres, il s’agit de : l’amélioration de la couverture médicale des étudiants ; la construction et l’équipement des centres de santé de Ségou et Koulikoro ; le recrutement du personnel de santé pour assurer la continuité des soins dans les centres (infirmiers d’État et interne de la FMOS); la gratuité des prestations (consultations, soins infirmiers, observations, transports des malades, etc.) et la gratuité des médicaments disponibles dans les pharmacies des centres de santé du CENOU, opérationnels 24H/24.
Ensuite, vient le renforcement du dispositif d’accompagnement social des étudiants. Ceci porte sur : l’assistance aux étudiants nécessiteux non éligibles à l’aide sociale ; la prise en charge gratuite des étudiants démunis, malades ou autres cas sociaux nécessitant l’accompagnement ; l’accompagnement social des résidents dans les campus à l’occasion du mois de Ramadan et les fêtes religieuses ; l’accompagnement des étudiants handicapés par la dotation des tricycles et des prothèses auditives ; la prise en charge gratuite des blessés lors des affrontements sur les campus ; la prise en charge des étudiants en cas d’accident et de décès.
S’y ajoutent, les soutiens matériels et financiers aux activités pédagogiques et les sorties récréatives. Ces avantages portent sur l’appui financier pour le congrès de l’AEEM ; les voyages pédagogiques et récréatives ; les semaines de l’étudiants des différents comités AEEM et du bureau de coordination.
Autres avantages et non des moindres : la subvention du transport des étudiants à travers la carte de transport qui coûte 7.200 F CFA par AN (la carte de Transport des étudiants coûte 6.500 F CFA par MOIS au Togo et 7.500 F CFA en moyenne par mois à Abidjan). Cette même carte est valable pour les bus de Bamako, Koulikoro et Ségou ; la diminution du prix du plat à hauteur de 40% dans les restaurants universitaires. Le tarif de cession des plats varie entre 250 F à 300 F CFA dans les cantines gérées par le CENOU (500 F CFA par plat au Togo) , et la subvention des frais de logement dans les résidences universitaires. Les chambres coûtent entre 10.000 et 30.000 F CFA par an et par étudiant (au Togo, les chambres coûtent entre 55.000 et 128.000 F CFA par AN).
S’agissant de l’amélioration des contions d’hébergement et de sécurité dans les campus, elle est constitué par la gratuité de la connexion à l’internet dans les résidences universitaires ; les services de gardiennage et de sécurité ; la mise à disposition de chaque étudiant de kits d’hébergement (matelas, drap, moustiquaire, service de nettoyage, poubelles, etc.) Aussi, il faut ajouter la mise en service d’un centre commercial (avec articles subventionnés) et d’une salle de sport à Kabala ainsi que la prise en charge du personnel contractuel du CENOU.
Enfin, quant au retard de paiement des bourses et trousseaux pour l’année universitaire 2019-2020 de certains étudiants, cette situation est due à la non-réception par le CENOU, des résultats académiques de l’année universitaire 2018-2019 de certains établissements d’enseignement supérieur. Il s’agit de la FSEG, la FHG, l’IUG et la FDPRI. En effet, ces documents sont nécessaires au CENOU pour le traitement des allocations financières 2019-2020.
Par ailleurs, les bourses et trousseaux de certains bacheliers de 2019 sont toujours dans le circuit de paiement au trésor. Il s’agit surtout des cas d’inscription en retard et de création tardive des comptes SAMA Money.
Cafouillage de l’AEEM
Sur la base du partage d’expérience avec les autres pays de la sous-région, il ressort qu’à l’instar du paiement des frais d’études, celui d’une contribution au bénéfice des œuvres universitaires est une condition admise et appliquée un peu partout dans le monde.
À la, lumière de ce qui précède, il reste entendu que l’application des feuilles de routes des recommandations issues du forum sur l’insécurité dans l’espace scolaire et universitaire, est à la base des différentes réactions des animateurs actuels du bureau de coordination de l’AEEM.
En effet, en raison de l’ampleur et de la gravité de la violence en milieu universitaire, les autorités ont formulé des recommandations fortes pour l’éradiquer, assorti d’un plan d’action de mise en œuvre dont l’abrogation de tous les protocoles d’accord signés entre le CENOU et l’AEEM. Ces protocoles généraient en moyenne 30 Millions par an, versés sous forme de ristournes à l’AEEM.
Parallèlement, la gestion illégale des parkings et autres activités des œuvres universitaires généraient également une manne financière qui échappe à tout contrôle.
Aujourd’hui, le bureau de coordination de l’AEEM met la pression sur l’administration et les plus hautes autorités dans l’espoir qu’on revienne à l’ancien système. Un vrai cafouillage.
Mais la direction du CENOU entend maintenir le cap de l’application stricte des feuilles de route pour une école apaisée et studieuse.
Youssouf Konaré
Source: Le Nouveau Réveil