Haïti se montre de plus en plus dépendant du marché transfrontalier de Dajabon. Seulement deux semaines après la fermeture de la frontière haïtiano-dominicaine, après l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, une pénurie de produits essentiels et alimentaires se fait déjà sentir dans la ville des Gonaïves.
Avec notre correspondant aux Gonaïves, Paul Ronel
Au marché communal des Gonaïves, Marjorie est assise au bord de la route. Devant elle, il y a quelques paquets de spaghettis et une dizaine de cartons d’œufs. Elle craint de ne plus pouvoir revenir au marché dans les jours qui viennent. « Toutes nos marchandises sont déjà épuisées. Les gens vont finir par mourir de faim parce que nous dépendons de la frontière. Je n’ai plus rien à vendre. Tu vois, je n’ai même pas d’étale parce que toutes mes marchandises sont épuisées », dit-elle.
Marché transfrontalier
À chaque fois qu’il y a une pénurie en Haïti, les grossistes en profitent pour augmenter le prix de leurs stocks. Ce qui n’arrange pas les petits détaillants. « On avait l’habitude d’acheter une caisse de bonbons à 14 euros, maintenant, elle passe à 16 euros. Parce que les grands marchands savent qu’il va être difficile pour eux de renouveler leurs stocks. Alors ils en profitent pour faire du marché noir », remarque Maxo Pierre, vendeur de bonbons dans une grosse brouette.
Presque tous les marchands du Cap-Haïtien, des villes avoisinantes ou proches de la frontière s’approvisionnent au marché transfrontalier de Dajabón. Un marché qui génère plus d’un million de dollars de recettes sur deux jours, après son agrandissement financé par l’Union européenne.
RFI