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Le tourisme religieux dévasté par le Covid-19

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Le hadj, plus grand pèlerinage du monde musulman, commence dans quelques jours à la Mecque, en Arabie saoudite. Mais cette année encore, seuls quelques dizaines de milliers de fidèles sont autorisés à y participer en raison de la pandémie. Un manque à gagner certain pour la première économie du Golfe et l’occasion de revenir sur le tourisme religieux durement frappé par la pandémie un peu partout dans le monde.

Pour la deuxième année consécutive, les autorités saoudiennes ont réduit drastiquement la participation des fidèles musulmans au hadj qui se tient du 17 au 22 juillet 2021 : 60 000 fidèles à peine, tous résidents en Arabie saoudite, âgés de 18 à 65 ans, ne souffrant d’aucune maladie chronique et surtout dûment vaccinés. C’est très éloigné des deux millions et demi de pèlerins qui ont afflué en 2019 des quatre coins du monde vers la ville sainte de la Mecque.

Le manque à gagner pour l’économie saoudienne est considérable. Avant la pandémie, le hadj rapportait en moyenne 10 à 15 milliards de dollars par an au royaume, auxquels s’ajoutaient les 4 à 5 milliards dépensés par les quelque huit millions de fidèles au cours de la omra – ce petit pèlerinage non obligatoire, qui peut s’effectuer tout au long de l’année. La manne perdue équivaut à 7% du PIB saoudien. C’est la deuxième contribution à l’économie du pays, juste derrière le pétrole, que la pandémie à réduit à néant.

Une catastrophe pour les finances saoudiennes mais pas uniquement. Ailleurs dans le monde, notamment en Afrique, ce sont des dizaines de milliers d’agences de voyages spécialisées dans ce tourisme religieux qui se sont retrouvées du jour au lendemain sans activité.

La crise mondiale du tourisme religieux

Cette situation ne touche pas uniquement l’Arabie saoudite. La plupart des grands rassemblements religieux ont en effet été annulés, à la notable exception de la Kumbh Mela, ce grand pèlerinage hindouiste qui a réuni en avril dernier et sur plusieurs semaines jusqu’à 9 millions de fidèles sur les bords du Gange. Mais l’Inde en paie encore le prix fort avec à ce jour plus de 411 000 morts à cause de la propagation du variant Delta, aujourd’hui majoritaire dans les nouvelles contaminations partout dans le monde.

Ainsi, pour ne prendre que l’exemple européen, des destinations comme Lourdes en France, Saint-Jacques de Compostelle en Espagne ou encore Fatima au Portugal, ont enregistré l’année dernière une chute d’activités de 75% en moyenne. Car avec la réduction drastique du nombre des fidèles dans ces hauts lieux de pèlerinage, c’est toute l’économie locale, à commencer par l’hôtellerie et la restauration, qui a été durement frappée.

Avec l’annulation du grand pèlerinage, Lourdes, deuxième ville hôtelière de France après Paris, a par exemple enregistré l’année dernière un taux d’occupation d’à peine 25% de ses établissements. Et quelque 2 500 saisonniers travaillant dans ces secteurs se sont retrouvés sans activité. On ne compte plus les commerces, notamment de souvenirs, qui ont baissé le rideau. Cette année encore, ce scénario risque de se reproduire, obligeant les fidèles à suivre les célébrations par écran interposé.

Des non-croyants à la rescousse du tourisme religieux
Le salut pour certains de ses sites pourrait peut-être venir des non-croyants. La pandémie a en effet profondément bouleversé notre rapport au tourisme. Les mesures restrictives mises en place pour freiner la propagation du virus ont mis un coup d’arrêt aux voyages à l’étranger. Les confinements successifs ont créé des envies de nature, de grands espaces. Et le besoin de se retrouver, de trouver du sens à sa vie ne semble jamais avoir été autant présent.

Dans ce contexte, les pèlerinages pourraient bien devenir la nouvelle tendance du voyage post-Covid-19. C’est le cas pour les chemins de Saint-Jacques de Compostelle qui accueillent de plus en plus de voyageurs et pas uniquement des pèlerins. Selon une étude relayée par le magazine National Geographic, 40% des marcheurs qui empruntent ces chemins en France, en Espagne et au Portugal sont aujourd’hui non-croyants.

Ailleurs en Europe, en Irlande, au pays de Galles, en Finlande ou en Suède, on note le même engouement pour ce type de voyages, faits de marches au grand air et de visites de sites religieux. Or ces pèlerins d’un nouveau genre se logent, consomment et participent donc à l’économie des territoires qu’ils traversent. En somme, ils sont une bouffée d’oxygène pour un tourisme religieux en crise.

RFI

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