Mohammad Maoulah Bouyé Haïdara, le chérif de Nioro, l’une des grandes figures religieuses du Mali, s’est exprimé en faveur d’une prolongation de la transition militaire au pouvoir depuis un premier coup d’État en août 2020.
Alors que la junte militaire au pouvoir depuis le coup d’État du 18 août 2020 avait fixé la durée de la transition à 18 mois, et que le colonel Assimi Goïta, après son coup d’État de mai 2021 s’est engagé à respecter les délais, le Chérif de Nioro, Mohammad Maoulah Haïdara, estime qu’il faut plus de temps. Le guide religieux propose une prolongation de la durée de la transition militaire au Mali à 2 ou 3 ans.
« Si vous voulez qu’on avance, donnons-nous du temps, explique-t-il dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux où il apporte son soutien au président malien, victime, mardi 20 juillet, d’une tentative d’assassinat. Nous, Maliens, devons œuvrer à ce que cette transition soit prolongée si nous en avons l’espoir et l’intime conviction que les autorités actuelles de la transition peuvent mieux faire ».
Un guide religieux très respecté
Mohammad Haïdara, le chérif de la localité de Nioro, est une personnalité religieuse de référence au Mali. Le guide religieux de 83 ans, à la tête d’une branche du soufisme ouest-africain fondée par son père au début du XXe siècle, le Hamallisme, et qui compte plusieurs millions d’adeptes, est très écouté dans le pays, même par l’influent imam Dicko. Si la marche du 6 mars 2020 projetée par l’imam Mahmoud Dicko contre le président Ibrahim Boubakar Keita (IBK) a été annulée, c’est grâce à l’intervention du chérif de Nioro. « Je ne peux rien refuser à celui qui vient de faire cette demande, confiait, le 4 mars, l’imam Dicko après une rencontre avec le chérif Haïdara. La demande émanant du Chérif est un ordre et je demande à tous mes adeptes de surseoir à cette marche. »
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« Pas un jour de plus »
Au Mali, après le premier coup d’État qui avait renversé le président IBK en août 2020, des dates avaient été annoncées pour les prochaines élections : présidentielle en février 2022, et législatives, en mars de la même année. Ces élections doivent acter le retour des civils élus au pouvoir.
Mais au fil du temps, des voix au sein de la population s’élèvent pour proposer le maintien du pouvoir de transition, au-delà du délai fixé par les autorités sous la pression de la communauté internationale. Fin juin, une association de femmes leaders de Kati, dans le sud, avait demandé la prolongation de la période de transition militaire pour l’organisation d’élections crédibles.
Sur les réseaux, la proposition du chérif a été vivement critiquée. Pour de nombreux internautes à l’instar de Salimata Bagayoko « pas un jour de plus » ne doit être accordé à la transition militaire.
Guy Aimé Eblotié