Le grand plan de rénovation et de développement des infrastructures cher au président Joe Biden a été mis sur les rails ce mercredi 28 juillet, après de longues tractations politiques. Son ambition : assurer aux Etats-Unis des décennies de prospérité.
C’était aussi une des promesses du président Joe Biden, souligne Christophe Paget, du service International de RFI : débloquer la situation entre démocrates et républicains, dans un Congrès qui n’arrivait plus à trouver d’accords bipartisans, y compris sur cette modernisation des infrastructures sur laquelle il sont pourtant d’accord.
Ce mercredi 28 juillet, 17 républicains dont Mitch McConnell, le chef de la minorité républicaine au Sénat, ont donc accepté que la chambre haute commence à débattre d’un programme d’investissement « comme on n’en voit qu’une fois par génération », selon la Maison Blanche.
Ce grand plan prévoit 550 milliards de dollars d’argent fédéral frais et atteint les 1 200 milliards de dollars – l’équivalent du produit intérieur brut 2020 de l’Espagne – si l’on prend en compte la réorientation d’autres financements publics existants.
Ses objectifs : moderniser et développer les ponts, les routes, les transports de passagers et de fret, Internet, les ports et les voies navigables, les infrastructures hydrauliques – l’administration Biden a promis de remplacer tous les tuyaux de plomb des États-Unis.
Quand même, pour récupérer le soutien d’une partie des républicains, les démocrates ont accepté d’injecter moins d’argent fédéral dans les transports publics et l’énergie propre, et de ne pas taxer davantage les entreprises et les riches. Mais tout cela est loin d’être adopté. D’ailleurs le projet de loi n’a pas encore été rédigé.
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« Montrer au monde que notre démocratie fonctionne »
Ce montant pharaonique doit « créer des emplois bien rémunérés et syndiqués, répondre à la crise climatique, rendre l’économie [américaine] plus durable et plus juste pour les décennies à venir », selon un communiqué de la Maison Blanche.
Le tout sera financé par la réorientation de certains financements d’urgence, par des contributions ciblées des entreprises, par une taxation plus efficace des cryptomonnaies et par « d’autres mesures » soutenues par les deux partis. En plus des revenus fiscaux que doit générer le surcroît d’activité économique que Washington promet.
« Cet accord montre au monde que notre démocratie fonctionne, produit des résultats et fait de grandes choses », a déclaré Joe Biden dans un communiqué, faisant l’article d’un programme qui peut « transformer l’Amérique et nous propulser dans l’avenir ».
Le président voudrait aussi, si possible dans le même temps, faire passer un gigantesque programme de 3500 milliards de dépenses sociales. Mais là, les républicains risquent d’être encore plus difficiles à convaincre.
Le « Buy American Act » est une loi américaine datant de 1933, qui concerne la commande publique. Joe Biden souhaite désormais la renforcer. Objectif : forcer l’administration fédérale à n’acheter que des produits fabriqués de manière « substantielle » aux États-Unis, et éviter que l’argent public n’aille à des biens fabriqués à l’étranger.
Tout semblait opposer le président américain Joe Biden à son prédécesseur, Donald Trump. Ils ont pourtant au moins un terrain d’entente : le nationalisme économique. La loi « Buy American Act » régit depuis près d’un siècle la commande publique et favorise l’achat de produits dont la plupart des composants sont fabriqués sur le sol américain. Donald Trump avait fait garantir que 55% de la valeur des composants soit créée aux États-Unis. Son successeur souhaite désormais porter cette proportion à 60% dans l’immédiat, puis à 75% plus tard.
Autre mesure : mettre en place un barème de prix préférentiels pour certains produits fabriqués aux États-Unis et jugés stratégiques, pour inciter leur production et éviter à l’avenir des pénuries de biens importés. La crise sanitaire, le manque de masques et de certains produits ont en effet rappelé la grande dépendance des pays développés à l’Asie.
L’administration Biden s’est voulue rassurante : ces nouvelles règles « n’auraient » pas d’impact sur les partenaires commerciaux des États-Unis. Pourtant les entreprises étrangères risquent de voir leurs commandes affectées.
RFI