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Iran: les dossiers attendent Ebrahim Raïssi, la population attend du changement

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Ali Khamenei parle lors d'un direct télévisé à Téhéran, en Iran, le 12 juin 2009.

Le nouveau président iranien, Ebrahim Raïssi, prend officiellement ses fonctions ce jeudi 5 août avec sa prestation de serment devant le Parlement. Il doit former son gouvernement pour obtenir la confiance des députés. L’ultraconservateur est attendu sur plusieurs dossiers.

Les électeurs d’Ebrahim Raïssi attendent des décisions rapides pour les aider à sortir de la misère dans laquelle de plus en plus d’Iraniens s’enfoncent. Il est également vu comme la solution pour venir à bout de la corruption qui pèse lourd sur les finances du pays.

Mais une autre partie de la population craint surtout une régression des libertés en Iran, déjà très limitées. Un projet de loi est actuellement en discussion au Parlement pour renforcer le contrôle sur internet et les réseaux sociaux.

Dans le sud-ouest du pays, des manifestations ont débuté à la mi-juillet dans la région du Khouzestan, soumise à une grave pénurie d’eau et où les températures montent jusqu’à 50 degrés. Leur répression a déjà fait au moins dix morts. Certains redoutent qu’elle ne se durcisse, à moins que le nouveau président préfère avant toute chose tenter de gagner la confiance d’une population dont la majorité s’est abstenue lors de son élection.

Quoi qu’il en soit, ce mouvement de révolte sera un test pour Ebrahim Raïssi, selon le spécialiste Thierry Coville, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques : « Les autorités savent qu’il ne faut pas renouveler l’expérience de 2019 avec une répression sévère et des centaines de morts. Elles sont prudentes. Le Guide suprême a même dit que les habitants du Khouzestan avaient raison de manifester, etc. Cela va donc être un test intéressant pour Raïssi, parce qu’il y a vraiment un gros problème de confiance. S’il continue à utiliser la répression – et c’était quand même son logiciel lorsqu’il était ministre de la Justice – eh bien, le fossé entre la population iranienne et le gouvernement va s’accentuer. »

► À lire aussi : Des ONG accusent l’Iran d’un recours illégal à la force contre des manifestants

Pour la grande majorité des Iraniens, ce sont les mêmes priorités qui reviennent : la situation économique, le chômage, l’inflation ou encore le mariage des jeunes, comme l’affirme Ali, âgé de 45 ans, de profession libérale, que notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi a rencontré :

« Ça ne changera rien. Ça deviendra peut-être même pire, estime-t-il. La priorité, c’est la pauvreté et ensuite le chômage. S’ils règlent ces deux problèmes, les autres choses se règleront peu à peu. Mais malheureusement, ils ne le font pas et ne pensent pas à ces choses-là. »

Ebrahim Raïssi a lui-même dressé un bilan sombre de la situation économique en évoquant une inflation de 44% ou encore un fort déficit budgétaire. Ce qui ne présage pas une amélioration rapide de la situation.

L’espoir d’un retour dans l’accord sur le nucléaire

Beaucoup comme Ali n’attendent pas grand-chose du nouveau gouvernement. C’est le cas de Parsa, un vendeur ambulant de 31 ans, qui espère une normalisation des relations avec les États-Unis. « Nous attendons du président qu’il améliore la situation économique, dit-il. Du travail pour les jeunes. Il doit penser aux célibataires. Les jeunes de plus de 30 ans ou 35 ans sont toujours célibataires. Il doit penser à ces jeunes. Sur le plan international, si on trouve un accord avec les États-Unis, ce sera très beau. »

Au niveau international, l’Occident s’impatiente sur la reprise des négociations pour un retour des États-Unis dans l’accord sur le nucléaire. Le Guide suprême avait annoncé une reprise des négociations dès l’investiture d’Ebrahim Raïssi. Elles avaient repris un premier temps en avril sous l’impulsion du nouveau président américain. Son chef de la diplomatie, Antony Blinken, a rappelé la semaine dernière que la balle était maintenant dans le camp iranien. Le spécialiste Thierry Coville, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques, est plutôt optimiste quant à de possibles avancées sur ce dossier : « Je pense que les Américains ont compris que s’ils continuaient sur la logique de demander aux Iraniens d’ouvrir des négociations sur la politique régionale de l’Iran et le programme balistique iranien, ils n’avanceraient pas. Ils ont compris qu’il faut d’abord qu’ils reviennent dans l’accord de 2015. Du côté iranien, ils vont sûrement avoir une position plus dure que le gouvernement précédent en matière de négociations. Mais ils sont très pragmatiques : l’Iran est dans une grave crise économique, les “durs” savent très bien que [un accord] serait bénéfique pour l’économie et la population iraniennes si les sanctions américaines sont levées, notamment l’embargo pétrolier. Donc, je pense qu’ils veulent un accord. »

RFI

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