Le véritable combat à mener est celui contre l’hypocrisie et ses parasites. L’hypocrisie, ce virus social qui s’est répandu comme de la mauvaise herbe, dans tous les espaces libres. On peut s’accorder sur des choses exceptionnelles pour le Mali et pour nos vies, mais il faudra que nous commencions le changement, par le traitement choc contre l’hypocrisie.
C’est très difficile désormais d’entretenir des rapports sains car chacun, inspiré par des films de mauvais goût, des histoires de succès et réussite fantasmés, est influencé par une éducation qui dans le fond comme la forme, est gangrenée par l’hypocrisie. Ce fléau a fait de nous des spécialistes des entourloupes en tous genres, des coups bas, d’engagement tonitruant soi-disant pour le Mali, mais en sourdine pour ses intérêts propres. C’est cette propension à l’hypocrisie qui a aussi détruit la justice.
Justice qui, j’imagine, je dis bien j’imagine (attention au procureur de la C..), est entravée par des réseaux divers allant des liens familiaux aux liens politico-économiques en passant par d’autres fraternités. Les 3,5 milliards francs CFA, ou je ne sais plus combien, mystérieusement disparus même si certains savaient où et comment, sont par exemple brandis comme un épouvantail contre un ancien PM pour le contraindre à céder à la requête des magistrats.
C’est cette propension à l’hypocrisie qui a gangrené les familles et les liens d’amitié en pervertissant leurs sens respectifs, au point même de les faire oublier. Le bien et le mal étant devenus des notions confuses liées non pas aux faits ou aux actes, mais plutôt au sujet. Ainsi des gens, par leur cupidité, ont mis le pays sur béquilles. Mais, ils ont des «amis» qui font tout pour soit légitimer soit nier ce qui crève les yeux.
On l’a vu récemment avec les aventures du «fiston national» (Karim Kéita, NDLR). L’argument dont je me souviens était que c’est le fils du président, donc il peut… Hannnnn ! C’est cette propension à l’hypocrisie qui fait que la confidentialité n’est plus respectée et qu’on voit défiler aussi bien des documents administratifs supposés secrets sur le net que des photos ou autres documents volés pour faire de la délation.
On se rappelle ce fameux discours à la Nation de notre président de la transition 1 (Bah N’Daw) qui finalement n’a pas été prononcé par ce dernier car, la veille du jour J, tous les curieux et autres pouvaient le lire sur le net. Avec l’hypocrisie, nous n’aurons ni le courage ni la volonté de construire des rapports de confiance. Et sans rapports de confiance, que peut-on construire ?
Ce que personnellement j’observe me fait mal au cœur. Comment des indélicats, oui c’est bien ça le terme, au lieu de soutenir notre pays (même en se taisant) préfèrent s’engager dans des luttes de personnes. Le pire c’est quand leurs «protégés» sont soupçonnés des pires méfaits voire accusés de pires méfaits et qu’ils font mousser, pour faire oublier le véritable problème…Ah djénikagnimi (opportunisme) !
Comment finir ce texte sans parler de la méchanceté latente, digne fille de l’hypocrisie. Ne vous fiez pas aux sourires. Certains sourient même quand ils viennent d’avoir poignardé quelqu’un. Leurs sourires ne sont que des masques qui tomberont tôt ou tard. Et quand ce sera le cas, ils tomberont, si on est encore dans les «ah pourtant il est beau, elle est belle… C’est un ou une patriote» ! Eh bien, ça voudra dire que nous serons encore empêtrés jusqu’au cou dans «l’hypocritecratie»…
KKS
Source: Le Matin