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Exfiltration du commandant de la Forsat à la MCA : La justice malienne face à ses responsabilités

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Le peuple malien, dans son entièreté, a été témoin de la marche inédite des policiers du pays, en vue de réclamer la libération inconditionnelle de l’un de leurs chefs, à savoir Oumar Samaké, commandant charismatique de la Forsat.

En effet, c’est suite aux événements malheureux des 10, 11 et 12 juillet, ayant occasionné morts d’hommes à quelques encablures de la mosquée de l’emblématique imam Dicko, à Badalabougou, le nom de l’unité d’élite mixte de la police, la gendarmerie et la garde nationale, la Forsat, a été régulièrement citée comme responsable des tirs meurtriers.
Déjà le lendemain de ces événements regrettables, dans l’imaginaire collectif, le blâme revient au chef de la Forsat, car il ne pouvait être que l’unique responsable des ordres ayant conduit à cette tragédie ; d’autant plus qu’à l’époque, il n’y avait pas de ministre de la Sécurité, tutelle légale et légitime de la Forsat. En conséquence, le chef de la Forsat, dans ces conditions, doit rendre des comptes.

La réalité du contexte politique d’alors
En réalité, au moment des faits, nous avions un chef d’État, chef suprême des armées et la continuité de l’État était une réalité. Il y avait également un Premier ministre en la personne du Dr Boubou Cissé qui avait été reconduit comme tel, dans la foulée de sa démission en juin. Il y avait bien un Exécutif qui fonctionnait et un chef de gouvernement déjà à la tâche. Techniquement, la continuité des services au niveau du ministère de la Sécurité devrait être également une réalité et ce ministère clé du gouvernement, bien que n’ayant pas un ministre de tutelle, assumait ses tâches dévolues par la constitution.
Logiquement, le ministère de la Sécurité a beaucoup à dire sur la gestion de la sécurité nationale au moment des faits. C’est à ce niveau élevé de la chaîne de décision qu’il sera possible de savoir qui a fait quoi au moment des faits dont il est question.
C’est seulement après cela que la Forsat, qui dépend du ministère de la Sécurité, peut à son tour être entendue dans l’affaire, à savoir son commandant, les policiers, gendarmes et gardes directement impliqués ainsi que tous les agents susceptibles d’apporter un témoignage à même d’éclairer l’affaire et apporter une meilleure compréhension des événements.
Parallèlement à cela, des citoyens bien identifiés et bien connus de tous, de façon totalement hors-la-loi, ont incité au vue et au su de tous, à la rébellion contre la République et ses institutions, en ordonnant illégalement la prise de l’Assemblée nationale, de la télévision nationale et de la Primature. Eux aussi, plus que tous, doivent rendre des comptes.
En choisissant d’incarcérer précocement le commandant de la Forsat à la MCA, en toute violation de ses droits en tant qu’officier, de mon point de vue, la justice a péché et cela a provoqué un très mauvais pressentiment chez l’ensemble du corps policier. Rien, absolument rien ne peut justifier, à ce stade, où le commandant de la Forsat, le commissaire divisionnaire Oumar Samaké, présumé innocent, sa mise sous mandat. Cela peut envoyer comme signal au corps policier national la perception d’un poids, deux mesures, d’une injustice flagrante.
D’ailleurs, la marche des policiers pour protester contre l’incarcération du commissaire divisionnaire Oumar Samaké est la preuve que son incarcération immédiate a été perçue comme décrit précédemment.
Quelle conséquence sur la transition ?
L’interpellation, puis la libération éclaire du commandant de la Forsat, fragilise les autorités de la transition.
Elles feront face à une jurisprudence qui pourrait faire tâche d’huile.
Il est à craindre qu’à l’avenir, d’autres entités surpuissantes n’entravent l’incarcération de leurs éléments, en prenant exemple sur la jurisprudence “Oumar Samaké”.
Ce dossier sensible doit être géré avec intelligence.
Et le cas SBM dans tout ça?
Les partisans de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, au vu de la libération du commissaire divisionnaire Oumar Samaké, dans les conditions que nous connaissons, peuvent crier à l’injustice. Ils pourraient arguer également que SBM reste en prison, bien que présumé innocent, tout simplement parce qu’il n’a pas, comme le commissaire divisionnaire Samaké, des hommes avec une puissance de feu phénoménale, et qui le soutiennent.
Au nom de la jurisprudence Samaké, SBM pourrait réclamer sa libération et il sera difficile de lui coller un blâme pour cela.
Il faut signaler que par le passé, des citoyens influents et non des moindres ont eu à recourir à la pression populaire dans des dossiers judiciaires qui les concernaient.
Aussi, dans la foulée du coup d’État du 18 août, des citoyens ont été libérés de la MCA, puis mis sur un piédestal lors de la célébration de la réussite du coup d’État au boulevard de l’indépendance. Pourtant, seule la justice qui les avait condamnés était la seule habileté à les libérer.

Un coup dur pour le “Mali koura”
Dans ces conditions, l’avènement du nouveau Mali de justice, d’équité, est sur une mauvaise pente. Nous devons montrer aux yeux du monde que tous les dossiers au niveau du Vérificateur général se valent et que tous doivent répondre au même titre devant la justice. Il ne faudrait pas laisser croire qu’il y a une classe de privilégiés qui n’ont de comptes à rendre, bien qu’épinglés par le BVG et qu’à l’opposé, certains ne méritent que le bagne. Une telle attitude sera fatale au Malikoura que nous appelons de tous nos vœux.

Moussa Djombana, enseignant.

Tjikan

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