Pyongyang a annoncé, lundi, avoir effectué avec succès des tirs d’essai d’un nouveau “missile de croisière longue portée” durant le week-end. S’ils sont confirmés, ils représenteraient une avancée technologique pour le régime nord-coréen.
La Corée du Nord a effectué avec succès des tirs d’essai d’un nouveau “missile de croisière longue portée” durant le week-end, ses premiers tirs depuis mars, a annoncé l’agence officielle KCNA lundi 13 septembre, suscitant l’inquiétude de Washington quant aux “menaces” que cela fait peser sur ses voisins.
“Cette activité souligne le développement continu par la Corée du Nord de son programme nucléaire et les menaces que cela fait peser sur ses voisins et la communauté internationale”, a réagi le Pentagone dans un communiqué.
Les précédents tirs nord-coréens, en mars en mer du Japon, avaient déjà été interprétés comme un signe de défi à l’égard de l’administration du président américain Joe Biden, en place depuis janvier.
Les missiles, dont KCNA a publié des photos, ont parcouru une trajectoire de 1 500 kilomètres, avant d’atteindre leur cible, non spécifiée par l’agence, qui célèbre des “armes stratégiques de grande importance”.
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Ces missiles de croisière longue portée, s’ils sont confirmés, représenteraient une avancée technologique pour la Corée du Nord, selon les analystes.
L’armée sud-coréenne, qui est habituellement la première source d’information sur les tirs nord-coréens, n’a pas confirmé ce tir dans un premier temps.
“Nos militaires mènent une analyse détaillée, en coopération étroite avec le renseignement sud-coréen et américain”, a prudemment réagi l’armée sud-coréenne.
De nouveaux tests probables
Tel qu’il est décrit, ce missile “représente une menace considérable”, s’inquiète Park Won-gon, spécialiste de la Corée du Nord à la Ewha Womans University, interrogé par l’AFP.
“Si le Nord a suffisamment miniaturisé les têtes de ses missiles nucléaires, elles peuvent aussi être chargées sur des missiles de croisière”, spécule-t-il, redoutant de nouveaux tests, “fort probables”.
La reprise des tirs d’essai est une réponse aux exercices conjoints des armées sud-coréenne et américaine le mois dernier, estime Park Won-gon.
Cette manœuvre de Pyongyang intervient aussi quelques jours après que la Corée du Sud a annoncé un tir d’essai d’un missile mer-sol balistique stratégique (MSBS) de sa propre fabrication.
Jeffrey Lewis, du Middlebury Institute for International Studies, s’inquiète lui aussi d’un nouveau type de missile capable d’atteindre des cibles en Corée du Sud et au Japon.
“C’est un nouveau système, fait pour passer sous les radars de défense antimissile”, s’inquiète-t-il.
“L’efficacité de ce système d’armement a confirmé son excellence”, vante l’agence officielle nord-coréenne, célébrant une “arme de dissuasion” destinée à “contrer les manœuvres militaires des forces hostiles”.
La Corée du Nord avait pourtant donné des signes de bonne volonté, avec la semaine dernière une parade de tracteurs et de camions de pompiers plutôt que des habituels chars d’assaut et missiles, pour son troisième défilé en moins d’un an, à l’occasion de l’anniversaire de la fondation de la République démocratique populaire de Corée, nom officiel du Nord de la péninsule.
Pyongyang a utilisé les défilés militaires à plusieurs reprises par le passé pour envoyer des messages à l’étranger et à sa propre population, généralement lors de certains anniversaires.
Pourparlers suspendus avec Washington
Plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies interdisent à la Corée du Nord la poursuite de ses programmes d’armements nucléaires et de missiles balistiques.
Mais, bien que frappé par de multiples sanctions internationales, le pays a rapidement développé ces dernières années ses capacités militaires sous la direction de Kim Jong-un.
La Corée du Nord a procédé à plusieurs essais nucléaires et testé avec succès des missiles balistiques capables d’atteindre les États-Unis.
Les pourparlers sur le nucléaire avec Washington sont suspendus depuis l’échec du sommet de Hanoï en février 2019 entre Kim Jong-un et Donald Trump.
Le représentant de l’actuel président américain Joe Biden pour la Corée du Nord a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de rencontrer ses homologues nord-coréens “n’importe où, n’importe quand”.
L’administration Biden a promis une “approche pratique, calibrée”, avec des efforts diplomatiques pour inciter Pyongyang à abandonner son programme d’armement, ce à quoi la Corée du Nord ne s’est jamais montrée prête.
Fin août, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait fait état de “signes” indiquant que la Corée du Nord semblait avoir redémarré son réacteur produisant du plutonium dans le complexe nucléaire de Yongbyon. L’organisation avait estimé que les signes de fonctionnement du réacteur étaient “profondément troublants”.
Avec AFP