Les villageois sont soumis au diktat des groupes armés. Ceux qui font de la résistance paient, le plus souvent, de leur vie
La situation sécuritaire s’est fortement dégradée ces derniers temps dans le Cercle de Niono. Les affrontements entre chasseurs traditionnels (Donzos) et groupes armés que d’aucuns appellent djihadistes sont devenus presque quotidiens, avec leurs corollaires de morts, de blessés et de déplacements massifs des populations.
Selon un élu local que nous avons contacté hier par téléphone, le samedi 11 septembre dernier, un accrochage entre les deux groupes ennemis s’est soldé par la mort de quatre Donzos et autant de blessés dans la Commune rurale de Mariko, à 30 km de Niono.
Le lendemain, les djihadistes sont venus assiéger les villages de Niantiela et Barikabougou dans la Commune de Mariko. Les populations sont soumises à la charia (port de voile pour les femmes, les hommes doivent laisser pousser leur barbe et porter des pantalons courts, interdiction d’écouter les musiques, etc.).
Pas plus tard qu’hier, des individus armés se sont signalés dans le village de Boyagui-weré. Ils auraient tué cinq Donzos et blessé plusieurs autres. Certains villageois sont parvenus à fuir vers la ville de Niono ou d’autres villages. Depuis un certain temps, Béwani koro est aussi sous la coupe réglée des groupes armés qui terrorisent les habitants.
À pont Dassaba (pont aux trois entrées), situé dans ce village, ils empêchent les populations d’avoir accès aux champs depuis près de deux semaines. Ils ont intensifié les harcèlements lundi dernier. À Tiongozana, localité située à une vingtaine de km de Markala, des hommes armés ont enlevé le bétail il y a deux semaines. Les villageois ont pu récupérer leurs troupeaux après avoir accepté les exigences des agresseurs.
Le marché à bétail de Dougabougou (Cercle de Ségou), à environ 22 km de Markala, est fermé depuis des semaines. Des groupes armés non identifiés y avaient abattu deux vendeurs de bétail, avant de demander aux habitants d’arrêter de fréquenter cet endroit. Comme les djihadistes, les Donzos, aussi, terrorisent les populations partout où ils opèrent. De Boyagui-weré jusqu’à point A et à Sarkala, respectivement à 7 et 3 km du pont barrage de Markala.
C’est la psychose partout. Les populations se sentent abandonnées. Certains essayent de résister tandis que d’autres font allégeance aux nouveaux maîtres des lieux.
Un habitant de Niono que nous avons contacté, estime que cette situation d’insécurité est devenue insupportable pour les populations locales. Il lance un cri de détresse. «Aujourd’hui, Niono est sur le point d’échapper à l’État malien. Les djihadistes sont en train d’occuper toute la circonscription, village par village, où ils imposent la charia…
Source: Essor