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Lettre à grand-père

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Cher grand-père

Il parait que bientôt, nous irons aux Assises nationales de la ‘’Prorogation de la Transition’’, pardon de la ‘’Refondation du Mali’’.  Une véritable lueur d’espoir, si nous y arrivons. ’’Proroger la Transition’’, pardon, ‘’Refonder le Mali’’. Si nous arrivons pour de vrai, nous sauverons le Mali et son avenir. Nous sauverons notre République et notre Démocratie. Nous sauverons l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Etat. Nous nous sauverons, nous-mêmes.

Mais hélas ! Grand-père ! Arriverons-nous à aller au-delà des jugements partisans, des rancunes et des velléités égoïstes, populistes et rancunières. Arriverons-nous à unir toutes les filles et fils du pays de Kayes à Kidal sans procès, ni préjugés et aucun complot contre qui que ce soit, pour qu’une seule fois et peut-être la dernière chance, mettre le Mali sur table sans complexe ni complaisance pour en parler. Accepterons-nous que les Oui et les Non s’affrontent et que les Pour et les Contre se frottent afin que jaillissent des étincelles, que de ces étincelles naissent des flammes et que ces flammes soient des lumières pour nous tous, Maliennes et Maliens, une lumière pour tout le Mali. Arriverons-nous, grand-père ? Arriverons-nous ?

Difficile grand-père ! Très difficile. La lumière là où l’ignorance a étalé ses tapis, là où l’égo a installé son trône, là où l’émotion et la passion sont devenues les lignes conductrices. Difficile d’unir ou impossible d’unir les égos. Là où la haine, la vengeance et le préjugé ont dominé la sphère, très difficile grand-père. Très difficile. Oui lorsque la boussole n’est point axée sur la sortie de crise mais la maintenance au  fauteuil du pouvoir comme tous ceux qui ont précédé dans la précipitation vers la crise. Hélas ! Le passé n’a jamais servi. Chaque homme fort du jour se croit invincible jusque devant l’échec consommé.

Cher grand-père, si le Dialogue national avait réellement été une réussite, si on avait accepté d’aller en profondeur et de discuter le Mali dans ses fondements et que dans les domaines, aspects et secteurs qu’il avait eu des conclusions. Des conclusions vraies et qu’on s’était immédiatement mis à les mettre en application, on n’aurait pas été ici, là où nous sommes. On n’aurait évité le 18 août.

Ha oui ! Grand-père, si les concertations nationales pour la mise en place des organes de transition avaient réussi, on n’aurait jamais vécu le 25 mai. Oui grand-père. A chaque fois que nous avons l’occasion de dialoguer et de discuter, faisons sans réserve ni manigance. Partons au consensus et non à l’unanimité à chaque fois que nous avons dérouté.  Comme l’a dit Amadou Hampâté Ba dans sa ‘’Lettre ouverte à la Jeunesse’’ que je nomme ‘’Prophétie d’Amadou Hampâté Ba’’. « A chaque conflit, allons sous l’arbre de la Palabre, dialoguons’’. « Ecoutons, comprenons et acceptons ». « La diversité d’un tapis fait sa beauté ». Comme le dit la Lettre d’Amadou Hampâté, « transformons nos conflits en palabre, réunissons-nous pour discuter ». « Ne pas mettre l’accent sur ce qui nous sépare mais ce que nous avons en commun ». Ici au Mali, pas l’ancien régime, le M-5 ou le M-4, le Nord, le Centre ou le Sud mais le Mali. Et seulement le Mali.

Cher grand-père, espérant que ces assises ne se limiteront à chercher à proroger mais qu’elles oseront aussi d’aller en profondeur dans les maux du Mali pour ressortir avec des vraies solutions durables. Par contre si elles se limitent à chercher à sauver la transition à la place du Mali, elles risqueraient alors de chavirer le navire. Qu’Allah nous en préserve. Amine. Les Assises de la Refondation, nous les devons. Que l’on les repousse ou les évite, elles sont devant et restent l’un des principaux chemins pour le bout du nul. Des vraies assises de refondation ! Ici s’arrête ma 115ème lettre et à mardi prochain. Inch’Allah !

 

Lettre de Koureichy

Mali Tribune

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