Ce sera sans doute la dernière rencontre entre le président français et la chancelière allemande avant les élections dans dix jours en Allemagne qui marqueront le départ du pouvoir d’Angela Merkel. Angela Merkel aura travaillé durant seize ans avec quatre présidents français.
De notre correspondant à Berlin,
A priori, le style et les idées les opposent. Angela Merkel est la sobriété faite femme. Son charisme est, « modeste », son talent rhétorique tout autant. Les effets de manche et les grandes visions ne sont pas son fort. Elle est une mécanicienne du pouvoir qui règle les problèmes avec patience sans dessiner de grandes perspectives. Elle est donc à l’opposé du style Macron, un style qui comme celui d’Obama au départ lui paraît suspect.
Sur les dossiers européens, les nombreuses réformes proposées par le président français dans son discours de la Sorbonne, deux jours après les élections allemandes de 2017 tranchent par leur contenu avec la réserve d’Angela Merkel. Il est en effet question d’une intégration plus approfondie de l’Europe, un budget de la zone euro, une mutualisation de certaines dettes européennes.
Des dossiers qui fâchent
La relation Merkel – Macron est d’abord marquée par des impatiences françaises et des réticences allemandes. Le gouvernement Merkel ne réagit pas vraiment, pris par de longues négociations durant l’automne et l’hiver 2017 – 2018 pour former un nouveau gouvernement. L’enthousiasme est réduit chez les chrétiens-démocrates. Angela Merkel est dans une mauvaise passe sur le front intérieur et doit ménager des troupes peu enclines à aller plus loin avec Paris. Plus tard, certaines prises de position d’Emmanuel Macron vont irriter Berlin qu’il s’agisse de la tentative de rapprochement avec Poutine, ses déclarations sur la mort cérébrale de l’Otan ou sa ligne dure à l’égard de la Turquie. Berlin a l’impression de devoir recoller les pots cassés. Emmanuel Macron parle d’une « confrontation fructueuse » pour évoquer la relation bilatérale.
Un rapprochement entre les deux dirigeants
Sur les dossiers européens, un rapprochement s’est opéré. Mi 2018, un accord est trouvé sur un budget de la zone Euro même si Paris n’arrache à Berlin qu’un montant bien modeste. Deux ans plus tard, les deux pays présentent une initiative qui débouche sur le plan de relance européen qui prévoit – chose impensable auparavant pour l’Allemagne – des dettes communes. Une initiative portée par des parlementaires. Le traité d’Aix-la-Chapelle veut relancer les relations bilatérales. Une assemblée parlementaire franco-allemande en est le symbole. Elle sera importante durant les tensions à la frontière durant la pandémie.
Des projets industriels progressent malgré des tensions à commencer par le Scaf, le futur avion de chasse franco-allemand, mais aussi pour les batteries des voitures électriques. La politique industrielle n’est pas un tabou en Allemagne. Le terme de « souveraineté européenne » lancé par Macron est repris ici.
Dans une enquête internationale présentée cette semaine, les Européens préfèrent Angela Merkel à Emmanuel Macron lors d’une éventuelle élection d’un président ou d’une présidente de l’Europe. La chancelière fait la course en tête en Allemagne, ce qui surprend modérément. Mais aussi en France avec 32% pour Angela Merkel et 26% pour Emmanuel Macron.
RFI