Alors que Paris maintient un discours dur envers le nouveau gouvernement afghan, les talibans* ont souligné à LCI qu’ils voudraient avoir de bonnes relations avec la France et appellent les autorités à donner des preuves de cette amitié en rouvrant l’ambassade de Kaboul.
«La France refuse de reconnaître et d’avoir quelque relation que ce soit avec ce gouvernement», a lancé le 12 septembre Jean-Yves Le Drian tout en accusant les talibans* de mensonges concernant leurs promesses. Face à ces propos prononcés au Qatar, Kaboul adopte un ton plus ouvert.
Ainsi, jeudi 16 septembre, Amir Khan Muttaqi, ministre des Affaires étrangères des talibans*, a déclaré à LCI que le mouvement voudrait «avoir de bonnes relations avec la France».
«Celle-ci devrait rouvrir son ambassade à Kaboul, et ramener son personnel, ses organisations humanitaires», a-t-il estimé.
Si M.Le Drian a souligné que l’Hexagone attendait des talibans* «des actes», M.Muttaqi demande lui aussi que la France donne des «preuves» de son amitié:
«On veut que le gouvernement français, au lieu de nous traiter en ennemi, nous traite en ami… Et nous le prouve, comme nous devons prouver que notre politique sera bénéfique pour nos voisins et les pays de la région».
D’après lui, les Français «n’auront pas une réponse satisfaisante» si quelqu’un demandait pourquoi Paris n’a pas de bonnes relations avec le nouveau gouvernement afghan.
Le ministre des Affaires étrangères des talibans* n’a pas oublié de s’adresser directement à Emmanuel Macron:
«Mon conseil, pour le jeune Président français, c’est d’avoir une attitude mature vis-à-vis de l’Afghanistan, et de ne pas être trop impulsif».
Le niveau des relations
Dès l’arrivée des talibans* à Kaboul mi-août, l’Élysée a souligné que la reconnaissance du nouveau pouvoir par Paris ne se posait pas car «la France reconnaît les pays, pas les régimes». Jean-Yves Le Drian a pour sa part estimé sur RTL le 17 août que les talibans* devaient démontrer qu’ils respectaient «les droits acquis au cours des 20 dernières années en Afghanistan» s’ils voulaient «acquérir de la respectabilité, de l’honorabilité».
Pour rappel, lorsque les talibans* gouvernaient le pays entre 1996 et 2001, Paris n’était représenté que par un chargé d’affaires sur place et n’avait pas de relations diplomatiques avec Kaboul. Le 26 août 2021, lorsque l’opération d’évacuation d’Apagan touchait à sa fin, Emmanuel Macron a annoncé que l’ambassadeur de France en Afghanistan, David Martinon, continuerait à opérer depuis Paris. L’Hexagone a évacué près de 3.000 personnes dont une centaine de ressortissants français et plus de 2.600 Afghans.
Pourtant, si les relations entre Paris et Kaboul restent actuellement tendues, 100 millions d’euros ont été débloqués le 13 septembre pour financer des programmes humanitaires mis en place par l’Onu ou par des acteurs humanitaires en Afghanistan.
*Organisation terroriste interdite en Russie
Sputnik