Depuis quelque temps, ce qui fait le buzz au Mali, c’est cette information qui révèle que la junte au pouvoir veut signer un accord militaire entre le Mali et la Russie.
Cependant, si nous nous en tenons aux canaux crédibles de diffusion de nouvelles, c’est plutôt un accord entre le pouvoir malien et un groupe militaire privé russe qui se dessine. En effet, c’est l’entreprise militaire privée russe Wagner qui serait en pourparlers avancés avec les autorités de la transition malienne, cela dans l’optique qu’elle vienne former l’armée malienne, et assurer la protection des hauts responsables du pays.
Une perspective qui a déjà mis le pouvoir français en ébullition. Mme Florence Parly, ministre de la défense française, a fait connaître, à travers les médias, toute la préoccupation de son pays concernant cette affaire. Quant à Jean Yves-Le-Drian, le chef de la diplomatie française, il a fait savoir que Wagner est une milice dont les solutions sont incompatibles avec leur présence au Mali. Il faut souligner que la France a une forte présence militaire au Mali depuis près de dix ans, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Mais la méthode paternaliste et condescendante adoptée par la France a fini par agacer les Maliens. Aujourd’hui ceux-ci ne veulent plus entendre parler de l’ancien pays colonisateur.
Pourtant il est nécessaire de s’interroger sur l’efficacité de la solution que la société de Dmitri Utkin, cet ancien Lieutenant-colonel des forces spéciales de la Russie de 51 ans, va mettre sur la table.
D’abord nous devons savoir que la Russie poutinienne ne fait officiellement aucune ingérence dans la politique intérieure d’aucun pays. Un principe rigoureux pour que réciproquement personne ne puisse s’immiscer dans les affaires politiques russes. Ensuite les groupes armés sont interdits en Russie. C’est pour cela que le Kremlin a tout de suite démenti l’information. Donc, si ce contrat est signé, il n’engagera point l’État russe. Mais personne n’est dupe, surtout les autorités françaises, elles savent que le pouvoir de Poutine joue pleinement ainsi en arrière-plan dans un autre pays de son pré-carré.
Par ailleurs, le gouvernement malien doit mesurer les conséquences d’un tel projet. Les dirigeants nationaux savent que le pays est bien fragile. Les terroristes ont bien infesté les territoires. Maintenant ils chassent même carrément des populations des villages, en plus des embargos par-ci et par-là. Aujourd’hui les gouvernants devraient privilégier une maîtrise totale des renseignements généraux. Et profiter de la présence des armées étrangères pour réorganiser, renforcer et moderniser les FAMA. À défaut de cette vision, quelles que soient les solutions, le Mali va créer une dépendance sécuritaire. Et tout le monde sait que la sécurité d’un État ne doit jamais être déléguée. Surtout dans le cas d’espèce ce serait un étranger, ne connaissant pas le pays qui serait le patron, et le garant réel de la sécurité nationale.
Aussi le conflit géopolitique qui se joue entre les grandes puissances sur le territoire malien va encore plus s’accentuer. Et en l’absence de vision politique claire, de leadership avéré et d’union sacrée des Maliens, le pays risquerait sérieusement d’imploser, rendant certaine sa balkanisation.
Enfin, nous terminerons en paraphrasant le chercheur Baba Dakono, qui, sur radio Mikado, a soutenu qu’un recours à ces mercenaires suscite des inquiétudes, que le problème malien est beaucoup plus complexe, et qu’il n’est pas que militaire.
Alors prudence !
Moussa Sey Diallo, élu URD
Info-Matin