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Corruption au Mali: plus 1.266 milliards F CFA de perte entre 2005 et 2020

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Le siège de l’Association culturelle ‘’Acte sept’’ a abrité, ce samedi 18 septembre 2021, la présentation du livre «Le contrôle des finances publiques au Mali : D’indispensables réformes» ; une œuvre du Dr Moumouni GUINDO, magistrat de grade exceptionnel, président de l’Office central de Lutte contre l’Enrichissement illicite (OCLEI). Paru aux Editions Le Harmattan-Mali, il est vendu au prix de 42 euros, soit environ 27 500 FCFA. Faisant l’état de lieux du phénomène, le Dr Moumouni GUINDO a fait savoir que de 2005 à 2020, les informations disponibles ont fait ressortir 1 266 milliards F FA comme montant des déperditions financières.

Le présent ouvrage sur le contrôle des finances publiques maliennes a été élaboré à partir de la thèse de Doctorat qui a été soutenue par Moumouni GUINDO à l’Université de Strasbourg.
Outre la qualité rédactionnelle saluée par les membres du jury pour sa simplicité et sa clarté, les travaux ont été appréciés pour la rigueur de la démarche méthodologique, la qualité des analyses et la pertinence des différentes propositions d’amélioration.
“Le livre passe en revue toutes les réformes qui ont été faites tout en faisant ressortir leurs faiblesses, failles et identifie les causes pour lesquelles ces réformes n’ont pas été productives. Sur cette base et prenant en compte mes 26 ans d’expérience dans le contrôle de façon générale, je fais des propositions concrètes d’amélioration de la gestion des finances publiques au Mali”, a expliqué Dr Moumouni GUINDO.
L’absence de suites données aux contrôles et la multitude des réformes aux conséquences limitées sont présentées, par M. GUINDO, comme la conséquence de l’absence d’une vision systémique.
Chaque acteur a un regard limité à sa seule sphère de compétence. Il n’y a pas de véritable interaction entre les différents types ou corps de contrôle, là où la théorie générale des systèmes commande d’avoir conscience de l’interrelation entre les acteurs de l’ensemble du dispositif.
Cette faiblesse n’est pas spécifique au Mali, mais ce qui frappe, dans notre pays, c’est la multiplicité des réformes, quelquefois conduites parallèlement dans le domaine des finances publiques, sans une prise en compte suffisante de leurs implications respectives.
Selon lui, ces réformes sont souvent inspirées de l’extérieur et dictées par des bailleurs de fonds ou imposées par les partenaires communautaires.
Depuis plus de vingt ans, le Mali s’interroge sur l’opportunité de réviser sa Constitution, afin de créer une véritable Cour des comptes, en réponse à une injonction de l’Union économique et monétaire ouest africaine.
De son avis, l’actuelle Section des comptes de la Cour suprême pourrait, certes, assurer toutes les missions d’une Cour des comptes, mais les moyens humains et financiers qui lui sont actuellement alloués semblent la contraindre à une activité très réduite.
Faisant le choix d’une approche réaliste et pragmatique, M. GUINDO est amené à recommander la création d’une véritable Cour des comptes ; l’institutionnalisation de l’audit interne ; la suppression de certains corps d’inspection ; l’institution du contrôle financier préalable des recettes, etc.
En somme, les analyses et les recommandations du présent ouvrage vont au-delà du contexte malien. Elles s’étendent à tous les pays qui partagent une histoire et un contexte comparables à celui du Mali, en particulier les pays francophones d’Afrique.
Le contrôle des finances publiques n’a guère évolué au Mali depuis 1960. Les contrôles internes sont des procédures inhérentes au fonctionnement des organismes de gestion des deniers publics. Ils utilisent de plus en plus l’outil informatique, mais avec des insuffisances significatives. Le nombre des organismes de gestion et des corps de contrôle augmente sans cesse. Les nombreuses réformes portent souvent sur la structure des organismes, rarement sur leurs fonctions.
Les pertes financières et les dysfonctionnements constatés révèlent un dispositif peu performant. Les principaux facteurs sont l’impunité due à l’absence de suites aux contrôles et l’absence de vision globale dans la conception et l’exécution des différents contrôles.
Le présent ouvrage s’appuie sur la théorie de l’évolution, le déterminisme causal, la théorie générale des systèmes, la théorie des contraintes et l’économie du bonheur pour proposer un cadre de réformes systémiques.
L’auteur appréhende tous les contrôles comme un tout inter-relié. Il préconise de planifier l’évolution du système dans un plan stratégique et de faire des ruptures : généraliser l’audit interne public, créer un corps d’auditeurs publics, effectuer le contrôle financier préalable des recettes, supprimer certaines inspections, en finir avec les impunités.
Edité par la maison d’édition “L’Harmattan”, “Le contrôle des finances publiques au Mali. D’indispensables réformes” un ouvrage de plus 516 pages est vendu à 42 euros, soit plus 27 432 F CFA.

Par Abdoulaye OUATTARA

Info-Matin

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