Envahies par les terroristes depuis quatre ans, les populations du cercle de Djenné ne savent plus à quel saint se vouer. Les nouveaux occupants les empêchent de cultiver, de pratiquer la pêche, de faire le commerce et de se déplacer. Le nombre de morts se compte par centaine et le nombre d’animaux emportés est incalculable. Dépassée par la situation qui s’aggrave de jour en jour, une délégation des représentants de 10 villages du cercle s’est rendue à Bamako pour interpeller les autorités de la Transition. La délégation a animé une conférence de presse, le samedi 18 septembre, à la Maison de la presse pour interpeller une fois de plus les autorités qui semblent toujours insensibles à leur cri de détresse.
En campant le décor, Youssouf KONÉ, griot de son état, a expliqué que cette année la situation d’insécurité dans le cercle de Djenné a atteint son paroxysme, car les populations ont été empêchées de cultiver. Selon lui, il est impossible de se déplacer à plus de deux kilomètres du village sans se faire fusiller.
« Les militaires sont présents dans le cercle de Djenné et ne répondent jamais présents à l’appel des populations au moment des attaques. Souvent des avions atterrissent la nuit et l’on ne sait pour quelle raison. Beaucoup de personnes ont été tuées, les animaux ont été emportés et nous n’avons plus à manger », s’est lamenté Youssouf KONÉ.
Le représentant du village de Kounti, Sidi DRAMÉ, a fait savoir que les 10 villages dont les représentants ont fait le déplacement de Bamako sont la porte d’entrée pour les autres localités du cercle. Il croit fermement que si ces dix villages tombent, c’est tout le cercle de Djenné qui sera sous l’emprise des djihadistes.
Sidi DRAMÉ a informé que 31 personnes ont été tuées dans son village par les terroristes qui sont présents depuis 2018.
« Depuis le temps du régime d’IBK, nous avons interpellé les autorités à maintes reprises, sans succès. Il faut que les Maliens sachent que cette insécurité est une affaire de tous. Ce n’est pas une guerre d’ethnie, ni de religion », a affirmé Sidi DRAMÉ.
A son tour, Oumar TANGARA de Marébougou dira que les enfants meurent par faute de soins, les femmes enceintent ne peuvent plus se rendre dans les centres de santé et les populations n’ont plus de sources de revenus pour survivre.
Abondant dans le même sens, Moussa DIARRA de Prèta a indiqué que 15 personnes ont été tuées dans son village et tous les animaux emportés par les terroristes. Il a informé que tous les représentants de l’État avaient fui leur localité laissant les populations à leur triste sort.
Dans ses témoignages, Seydou DIARRA de Souma Bamanan a expliqué que son grand-frère et ses enfants ont été froidement tués juste parce qu’ils se sont rendus au champ pour cultiver. Il a déploré que c’est quand il y a des morts que les militaires viennent pour prendre les noms et prendre des photos, et rien d’autre.
Moussa TRAORÉ de Diorobougou a expliqué : « j’ai été blessé par balle. On avait décidé de faire face aux ennemis avant l’arrivée des autorités compétentes. Malheureusement, celles-ci ne sont jamais venues à notre secours. Dans le cercle de Djenné, des villages ont été complètement vidés de leurs habitants ».
Moussa DIARRA de Tiokorobougou a déclaré que les djihadistes qui sèment la terreur ne parlent pas de religion et tuent les populations sans raison. Il a fait savoir qu’au début ils se promenaient sur des motos et que maintenant ils ont des véhicules et des fusils sophistiqués.
« Nous demandons aux autorités si nous sommes des Maliens ou pas », a-t-il interpellé.
Soumaila PLÉA de Koroboro a expliqué que les djihadistes ont voulu imposer des directives aux populations de son village qui ont refusé. Il a énuméré de nombreux cas d’assassinat et des milliers d’animaux emportés. Il a fustigé la non-assistance des populations en détresse par les autorités. Face à cette situation, il se demande s’il n’y a pas un complot entre les autorités et ces terroristes qui font subir aux populations toutes sortes d’atrocités.
Il a fait savoir qu’il ne suffit que les autorités aient la volonté pour parvenir à éliminer tous les terroristes qui sèment la terreur dans le cercle de Djenné.
« Pendant cette période d’hivernage, nous savons où sont les djihadistes. Avec les eaux ils sont cantonnés sur des collines. Il est très facile de les bombarder », a affirmé Soumana PLÉA.
PAR MODIBO KONÉ
Info-Matin