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Série Mali (2): le Premier ministre Choguel Maïga sur un siège éjectable

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À moins de six mois de la fin théorique de la période de transition au Mali, ni le calendrier électoral ni les modalités d’organisation des différents scrutins ne font consensus entre la junte et les partis politique. Une situation qui peut se transformer en bras de fer et faire dérailler la transition.

Tout le monde le sait, mais personne ne le dit encore officiellement. La junte militaire qui dirige le Mali depuis le renversement le 20 août 2020 du président Ibrahim Boubacar Keita n’a pas les moyens de respecter le calendrier qu’elle avait annoncé en avril dernier. Celui-ci prévoyait l’organisation d’un référendum constitutionnel en octobre prochain suivi des lélections ocales en décembre et du premier tour des législatives couplées à la présidentielle en février.

À en croire cet agenda électoral concocté par la junte elle-même,  la transition devrait s’achever en mars prochain.

Choguel Maïga, faiseur de roi 

Comme si lui-même n’accordait plus aucun crédit à ce calendrier, le Premier ministre (PM) de transition, Choguel Maïga est déterminé à tenir des assises nationales avant l’organisation de toute élection. Simple manœuvre dilatoire pour prolonger la période de transition aux yeux de l’opposition malienne qui est majoritairement vent debout contre la proposition du PM.

Alors que les partis veulent rapidement aller aux échéances électorales et sortir de cette transition qui n’a pas encore répondu aux énormes espoirs suscités par la chute d’IBK, Choguel Maiga, qui a tant rêvé du poste de chef de gouvernement, se réjouirait bien de rester encore longtemps dans ses fonctions.

L’agenda des élections n’est pas la seule pomme de discorde entre Choguel Maïga et ses anciens camarades des partis politiques. Les positions sont tranchées entre les deux camps sur la création d’un organe unique des élections souhaitée par le chef du gouvernement malien mais qui suscite la suspicion des principales forces politiques du pays. Sans être totalement opposés au regroupement dans la chaîne d’organisation des élections actuellement éclatée entre pas moins de trois structures, les partis exigent des garanties suffisantes sur son indépendance vis-à-vis des autorités de la transition. Rien n’indique à ce jour que le colonel Assimi Goïta et son Premier ministre aient renoncé à avoir une vraie influence sur le choix des dirigeants de la période post-transitoire.

Un attelage fragile entre Choguel et la junte 

L’absence de consensus pour aller rapidement aux élections et les divergences sur la nature de la structure qui en aura la charge pourrait par ailleurs avoir pour conséquence de fragiliser, voire de brise,r l’attelage entre la junte et le Premier ministre Choguel Maïga. Ce compagnonnage improbable repose, en vérité, principalement sur des intérêts réciproques : les militaires qui ont renversé le président IBK ont besoin de Choguel Maïga, fer de lance du Mouvement du 5 juin 2020 (M5) comme caution politique mais surtout comme fusible qui peut sauter à tout moment pour permettre leur maintien au pouvoir.

En retour, Choguel Maïga avait lui aussi besoin de la junte pour assouvir son « rêve de jeunesse » de devenir chef du gouvernement, une position qui garantit une rente à vie et de nombreux avantages et privilèges, selon les textes en vigueur au Mali où le slogan « Premier ministre un jour, Premier ministre toujours » fait sens.

Dans l’hypothèse où ses divergences sur le calendrier électoral et la création d’un organe unique tourne à l’affrontement direct avec les partis, Choguel Maïga se trouverait donc sur un siège éjectable.

Un nouveau Premier ministre consensuel?  

Plusieurs sources évoquent à Bamako la possibilité que la junte, en prévision de sa rupture avec la communauté internationale qui lui ne pardonnera pas la prolongation de la transition, veuille élargir sa base au plan national à travers la nomination d’un nouveau PM issu de la société civile ou de la technocratie malienne. Dans cette hypothèse, les noms de l’ancien directeur général d’ONUSIDA Michel Sidibé et celui du diplomate Abdoulaye Diop actuel ministre des Affaires étrangères, après avoir été Représentant permanent au siège de Nations unies à New-York, sont ceux qui reviennent le plus souvent.

Toutefois, rien n’indique que les militaires, qui connaissent mieux que quiconque la force de frappe du M5, prendront les risques de se mettre à dos ce mouvement avec une éviction brutale de Choguel Maïga, même s’il ne réussissait pas à imposer son agenda électoral et l’organe unique des élections.

SourceMondialafrique

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