La France a répliqué de manière très sèche aux propos du premier ministre malien selon lesquels la France a « abandonné » le Mali en « plein vol » en décidant le « retrait » de la force Barkhane. Les termes employés dans sa réponse montrent combien le discours du Dr Choguel Kokalla Maïga qualifié de « courageux » a suscité la colère de Paris.
Le premier ministre malien a dénoncé, sur la tribune des Nations Unies, « l’abandon » par la France de son pays « en plein vol » dans la lutte contre l’insécurité. Il a également fustigé « l’annonce unilatérale du retrait de Barkhane et sa transformation n’ont pas tenu compte du lien tripartite qui nous lie ». Aussi, a-t-il justifié par la décision de diversification par l’attitude de la France qui a décidé « d’abandonner » le Mali en pleine guerre contre les forces du mal.
La réplique de Paris
Cette sortie du premier ministre, même si elle a été applaudie à Bamako par des milliers de Maliens, a suscité la colère de Paris. Sa colère se sent à travers les termes peu courtois et non diplomatiques employés dans sa réplique. Elle d’abord indiqué que la transformation de Barkhane en une Coalition internationale n’a pas été une décision unilatérale. « L’adoption de notre dispositif militaire a fait l’objet de consultations avec les autorités sahéliennes et maliennes », a précisé Paris qui a ajouté que « ce fut lors du sommet de Ndjamena de février 2021 ».
La France dément aussi avoir « abandonné » le Mali en « plein vol ». Elle précise que la transformation de son dispositif militaire au sahel « ne constitue pas un départ du Mali ». Elle réitère d’ailleurs son engagement auprès du Mali dans la lutte contre le terrorisme. « La France reste, en effet, engagée aux côtés du Mali et des autres États du G5 sahel, à leur demande, dans la lutte contre le terrorisme qui demeure une priorité absolue, comme en témoignent la récente neutralisation d’Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, leader de l’EIGS, mais aussi la mort, le 24 septembre, d’un soldat français lors d’une opération contre des groupes terroristes », a indiqué Paris dans son communiqué. Selon Jean Yves-le Drian, la transformation du dispositif français vise à « répondre au double impératif d’adaptation à la nouvelle posture des groupes terroristes ». Elle vise également, selon Paris, le transfert graduel de la responsabilité sécuritaire à ses partenaires sahéliens. Parlant des trois bases françaises au nord, la France a indiqué qu’elles seront transférées aux forces armées maliennes de façon « ordonnée et graduée, en liaison avec les FAMa et la Minusma ». Le dispositif français, précise-t-on, demeurera engagé dans le nord du Mali. « Le Taskforce Takuba, sous commandement français et en lien étroit avec les FAMa qu’elle appuie, continue par ailleurs son action dans la zone des trois frontières tout comme la force conjointe du G5 sahel », indique la France dans sa réplique.
La France illégitime à Bamako
La France, malgré sa réplique virulente aux accusations du premier ministre malien et son engagement à rester aux côtés du Mali pour la lutte contre le terrorisme, aura du mal à convaincre les Maliens. Elle a perdu sa légitimité depuis très longtemps et les manifestations pour son départ du territoire malien se multiplient. Après cette sortie discourtoise, insolente à l’encontre du premier ministre malien, ne radicalisera-t-elle pas ce qu’elle qualifie du « sentiment anti-français » au Mali ? En tout cas, les responsables du mouvement anti politique française ont commencé à dénoncer la réplique de Florence Parly.
La France a-t-elle dit la vérité parlant du sommet de Ndjamena ? Pour beaucoup d’observateurs, ce sommet a été un sommet de clarification des positions des États du G5 sahel imposés aux différents présidents par Emmanuel Macron. Il est temps que la France se remette en cause et reconnaitre son échec. Le Mali a, certes, besoin des partenaires, mais celles qui auront de résultat dans la lutte contre l’insécurité.
Boureima Guindo
Source: Le Pays