En Guinée, le 28 septembre est chargé en symboles. C’est à cette date, en 1958, que le pays a voté pour son indépendance et s’est affranchi de la puissance coloniale française. C’est aussi à cette date, en 2009, que le stade de Conakry a été le théâtre de l’un des plus importants massacres de l’histoire du pays. Le président de la transition, Mamady Doumbouya, s’y est rendu pour un hommage mardi.
Avec notre envoyé spécial à Conakry, Sidy Yansane
Après s’être recueilli la veille au cimetière de Bambeto, où sont enterrées des dizaines de victimes de la répression du régime d’Alpha Condé, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya a répété le geste au stade du 28-Septembre de Conakry, mardi 28 septembre. En 2009, lors d’une manifestation contre la junte du capitaine Moussa Dadis Camara, au moins 157 personnes y avaient été tuées et une centaine de femmes violées par les forces de défense et de sécurité. Entouré de militaires et de quelques jeunes sportifs au beau milieu de la pelouse, le président de la transition a fait des prières sur la lecture de versets du Coran par l’un de ses bérets rouges.
Le visage totalement couvert de ses habituelles lunettes noires et d’une écharpe, le chef des putschistes a préféré laisser le colonel Amara Camara, porte-parole de la junte au pouvoir, s’exprimer en son nom et lancer un message d’unité à la mémoire des victimes du massacre de 2009. Un hommage de dix minutes, avant que l’impressionnant cortège de véhicules de l’armée ne reprenne la route, sous les acclamations de plus d’une centaine de personnes.
« On nous a frappées, on nous a violées »
Une poignée de femmes victimes des violences de 2009 étaient aussi présentes, dont Oumou Kadet Barry, satisfaite du geste du colonel Doumbouya. « On nous a frappées, on nous a violées, c’est à cause de ça, a-t-elle rappelé. On est venues ici réclamer la vérité, la justice. La vérité, c’est pour ça qu’on est venues ici. »
Le président du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) s’est ensuite rendu au domicile de Hadja Andrée Touré, la veuve du premier président guinéen Ahmed Sékou Touré, afin de marquer le 28 septembre de son symbole originel : le référendum pour l’accession à l’indépendance du pays en 1958.
RFI