L’élimination du chef de l’EI au Grand Sahara intervient après la perte de nombreux cadres du groupe djihadiste. Mais le mouvement continue à réaliser des attaques dans la région.
L’organisation Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) pourra-t-elle survivre aux pertes subies ces derniers mois ? Lorsqu’il a été désigné comme une cible prioritaire par la France et les pays membres de la force G5 Sahel en janvier 2020, le groupe djihadiste enchaînait les opérations de guérillas meurtrières contre les armées et les massacres de populations civiles dans la zone dite des trois frontières – là où se rencontrent le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Il a, depuis le mois de mai, perdu toute sa haute hiérarchie.
Paris a annoncé le 16 septembre la mort de son chef et fondateur, Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, lors d’une frappe de drone le 17 août dans la forêt de Dangarous, à l’est du Mali. « Sa mort, incontestablement, porte un coup décisif au commandement de l’EIGS qui a été décapité ces derniers mois, a insisté Bernard Emié, le directeur général de la sécurité extérieure (DGSE), lors d’une conférence de presse. Elle intervient après une série d’opérations ayant ciblé le haut commandement de l’EIGS, et contribue à une profonde destruction du groupe qui va avoir les plus grandes difficultés à remplacer ses cadres. »
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Le numéro deux de l’EIGS, Abdoul Hakim Al-Sahraoui, serait mort, en mai, « dans des circonstances encore inconnues ». Le coordinateur logistique et financier du groupe ainsi que son plus haut responsable des affaires religieuses ont, selon l’état-major français, été « neutralisés » en juillet. Deux caciques de l’organisation ont également été capturés et des chefs militaires tués. Comme le résume avec satisfaction un acteur de la lutte antiterroriste, « tout le conseil d’administration de l’EIGS a été éliminé ».
« Tondre la pelouse »
La succession de coups portés sera-t-elle pour autant suffisante pour empêcher toute relève ? Par le passé, Al-Mourabitoune, le mouvement fondé par Mokhtar Belmokhtar, le djihadiste algérien qui fut le parrain d’Adnan Abou Walid Al-Sahraoui avant que ce dernier s’affilie en 2015 à Daech, n’a jamais pu se relever de la mort présumée de son chef, tué très vraisemblablement mi-novembre 2016 par un raid aérien français en Libye. Cependant, les morts des plus hauts dirigeants islamistes, si elles ont pu désorganiser les groupes, n’ont jusqu’ici jamais enrayé la dynamique générale de progression.