L’Éthiopie va expulser sept responsables de l’ONU, a déclaré ce jeudi 30 septembre le ministère des Affaires étrangères à Addis-Abeba. Ces diplomates ont été déclarés persona non grata par le gouvernement et doivent quitter la capitale dans les trois jours. Accusés d’ingérence dans les affaires internes du pays, ils font surtout les frais du bras de fer entre le gouvernement et les organisations humanitaires, qui s’alarment de la situation dans la province du Tigré.
La représentante de l’Unicef en Éthiopie, cinq diplomates du bureau de la coordination humanitaire de l’ONU, ou encore un responsable du Haut Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies, vont devoir quitter la capitale éthiopienne d’ici dimanche.
Ces sept diplomates sont accusés d’ingérence dans les affaires internes du pays, selon le gouvernement éthiopien, qui a émis cette annonce jeudi.
Cette expulsion spectaculaire est le résultat de plusieurs mois d’escalade entre, d’une part, un gouvernement éthiopien inflexible, et de l’autre une communauté humanitaire de plus en plus frustrée, notamment par le manque d’accès à la province du Tigré.
L’ONU fait pression pour obtenir la mise en place de corridors humanitaires dans cette région, et se plaint de blocages physiques et administratifs imposés par Addis-Abeba.
Le directeur de cette même agence humanitaire onusienne, le Britannique Martin Griffiths, a d’ailleurs comparé cette semaine la catastrophe en cours au Tigré à la famine des années 1980 en Éthiopie, rappelle notre correspondant à Addis-Abeba, Noé Hochet-Bodin.
Une sortie qui n’a pas plu à Addis-Abeba, et qui a probablement contribué à placer ces diplomates onusiens sur la liste des persona non grata, ajoute-t-il.
Ce jeudi, dans un communiqué, le secrétaire général des Nations unies s’est dit « choqué », tenant à rappeler que « toutes les opérations humanitaires des Nations unies sont guidées par les principes fondamentaux d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance ».
Et António Guterres d’ajouter : « En Éthiopie, l’ONU fournit une aide vitale – y compris de la nourriture, des médicaments, de l’eau et du matériel d’assainissement – aux personnes qui en ont désespérément besoin », avant de réaffirmer « pleinement » sa confiance « dans le personnel de l’ONU qui se trouve en Éthiopie pour faire ce travail ».
À noter que d’autres agences humanitaires avaient déjà été sanctionnées en Éthiopie. C’est notamment le cas de Médecins sans frontières (MSF) et du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), dont les activités sont toujours suspendues, depuis août dernier.
RFI