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Mali, RCA… Pourquoi la Russie s’intéresse-t-elle de plus en plus à l’Afrique subsaharienne?

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Après le sommet de Sotchi en 2019, les accords de coopération bilatérale entre la Russie et des pays d’Afrique subsaharienne se sont multipliés… Après la Centrafrique, le Mali est au centre de toutes les attentions, avec notamment la livraison jeudi dernier de quatre hélicoptères russes et les discussions avec le groupe Wagner. On parle également de possibles accords avec la Mauritanie. Un intérêt accru de la Russie pour les pays d’Afrique subsaharienne qui pose question.

L’intérêt de la Russie s’est tourné ces derniers mois vers l’Afrique subsaharienne. Igor Delanoe, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe à Moscou, estime que les agissements de la Russie à la fois en Libye et au Soudan montrent « que les Russes cherchent à se ménager un corridor géographique entre l’Afrique du Nord avec la Libye ou la mer Rouge avec le Soudan, vers l’Afrique centrale et la zone subsaharienne. »

Un intérêt qui peut être lié à des ressources naturelles « ou tout simplement à une demande réelle de sécurité – qui peut être contestable ou discutable – de la part d’acteurs locaux qui ne sont plus forcément satisfaits de ce que leur proposent les pays occidentaux, les Américains et d’autres acteurs. »

Bien qu’il y ait la volonté d’accéder à cette zone, il y a aussi un enjeu géopolitique avec « la volonté de faire sentir à la communauté euro-atlantique – et là, c’est la France qui est la première concernée – que toute cette zone-là est un moyen pour les Russes de rééquilibrer le rapport de force par rapport à l’Europe orientale et à la zone que la Russie estime relever de sa sphère d’influence et de son pré carré qui est l’espace post-soviétique avec en premier lieu l’Ukraine, mais pas seulement, le Caucase et pourquoi pas, demain, la Biélorussie. »

Des similitudes entre la situation au Mali et en Centrafrique

Après son intervention en Centrafrique, aujourd’hui c’est au Mali que les regards sont tournés. Les discussions autour de la signature de contrat avec la société privée de paramilitaires Wagner font couler beaucoup d’encre et, jeudi 1er octobre, le ministre malien de la Défense, le colonel Sadio Camara, a réceptionné quatre hélicoptères militaires, des armes et des munitions fournis par la Russie, saluant au passage « la fiabilité et le sérieux de ce partenaire qui nous a toujours donné satisfaction dans le cadre d’échanges gagnant-gagnant ».

Le directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe à Moscou dresse des parallèles entre la situation centrafricaine et malienne, rappelant qu’il s’agit « du même modèle ». D’une part, souligne Igor Delanoe, « il vous faut un pays où le contexte politique intérieur est passablement perturbé, avec un pouvoir aux abois, parce qu’il fait face à une contestation populaire plus ou moins grave, en tout cas une perte de contrôle d’un certain nombre de territoires. »

Et d’autre part, poursuit-il, « un pays qui possède des ressources naturelles intéressantes qui peuvent servir à payer les services d’entrepreneurs de sécurité étrangers ». Il y a « donc un pouvoir qui a besoin de garanties de sécurité, des garanties qui ne sont pas en mesure d’être offertes par des acteurs sécuritaires “traditionnels”. Cela peut être la France en l’occurrence pour les pays de cette zone-là. »

« La Russie suit le même schéma, avec une crispation française d’une part, une opération militaire qui se termine ou est déclinante. On avait le cas sur la Centrafrique, on a le cas aujourd’hui sur le Mali. On voit donc un peu le même scénario se reproduire. Les conditions semblent relativement réunies pour voir Wagner potentiellement prospérer dans ce pays », analyse Igor Delanoe.

RFI

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