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Acquisition de nouveaux hélicoptères : Après le soulagement, quid de l’opérationnalité des appareils?

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IGagnés par la fibre patriotique, et requinqués de voir l’armée malienne en possession de nouveaux équipements aériens, les Maliens, dans leur écrasante majorité, ont vécu avec fierté ces moments inédits, symbolisés par la cérémonie deréception de quatre nouveaux hélicoptères MI-171 de marque russe. Ces nouvelles acquisitions, saluées par tous, comme étant une grande avancée dans la lutte contre le terrorisme, seront-elles pour autant capables de renforcer la capacité opérationnelle de la flotte aérienne pour combattre l’hydre djihadiste ? L’énigme de ces équipements aussi ultramodernes qu’ils soient est là…

 

Ces nouvelles  acquisitions ; quatre nouveaux hélicoptères MI-171 de marque russe, à n’en pas douter, viennent à point nommé pour renforcer l’arsenal de la défense aérienne contre l’hydre terroriste qui envahit le pays. En tout cas, c’est cela qui est espéré par les Maliens, nombreux à montrer leur satisfaction face à cela, mais qui savent aussi que les acquisitions d’équipements militaires, surtout les avions de combat comme les avions de transport, le pays en a toujours  bénéficié.En fait, si l’acquisition de ces avions de combat a toujours suscité l’enthousiasme populaire, c’est bien évidemment parce que les gens supposent, dans leur grande majorité, que ces engins militaires vont renforcer ainsi la capacité opérationnelle de la flotte aérienne, dont nous avons aujourd’hui besoin pour combattre lesterroristes.

La capacité de frappe de la flotte aérienne va-t-elle se renforcer contre la traque de l’ennemi avec ces nouvelles acquisitions ?

C’est là l’équation à la fois sensible et complexe qui se pose à nous, chaque fois qu’il s’agit d’acquisition de matériels militaires, surtout les avions de combat, en cette période très critique, où la menace terroriste a atteint des proportions inquiétantes.

Il en est ainsi du scepticisme des citoyens d’autant que depuis le déclenchement de la crise sécuritaire, dans le pays, de l’irrédentisme des séparatistes du Mnlaà partir des années 2012 à la vague des attaques terroristes, jusqu’à l’exacerbation des conflits intercommunautaires, les autorités maliennes, indépendamment des conjonctures, ont toujours misé sur les moyens militaires susceptibles de renforcer la riposte aérienne, en dotant l’armée de capacités opérationnelles en la matière.

Ainsi, dans le cadre de Loi d’orientation et de programmation militaire, estimée à plus de 1 200 milliards de FCFA, l’ancien régime a pu disposer, en son temps, de moyens aériens. Importants pour faire face à la situation. Certes, aujourd’hui la gestion de cette manne financière est fortement décriée, mais il n’empêche que la capacité opérationnelle de l’armée s’en est trouvée améliorée dans plusieurs domaines, notamment des véhicules blindés, des avions de transport et  d’hélicoptères de combat.

En juillet 2018,on s’en souvient, l’ancien Président IBK avait réceptionné  à la Base aérienne 101 de Bamako-Sénou, dans une ambiance festive,des avions de chasse destinés à assurer à l’armée de moyens opérationnels suffisants pour contrer l’ennemi.

Des avions de  type Super Tucano, des aéronefs de type Y12 et des hélicoptères de combat de type MI-35,aux appareils obtenus auprès du fabricant Airbus, un consortium européen, en passant par les Supers Tucano, livrés par le fabricant Ambrayer, une société brésilienne.Il est donc clair que l’armée malienne, hier comme aujourd’hui, en dépit des difficultés conjoncturelles, a disposé des moyens opérationnels aériens et autres pour se positionner dans cette lutte implacable contre les terroristes.

 Cap sur la capacité opérationnelle

La capacité opérationnelle de notre armée s’est-elle pour autant améliorée avec les acquisitions d’avions de combat ?

La problématique se tient à plusieurs niveaux. L’un de ses aspects cruciaux a été révélé récemment par l’actuel Premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maïga, qui a annoncé sur les antennes de RFI que« huit ans après, l’Etat malien n’a toujours pas sa souveraineté sur l’ensemble du territoire ».

Pire, toujours dans ses récriminations, à l’orée de ses 100 jours passés à la Primature, le Premier ministre a déclaré que les partenaires nous empêchent de survoler certains espaces aériens au motif qu’il s’agit de la zone d’entrainement d’autres forces. « On nous accuse de vouloir changer de stratégie. Le président a dit simplement à la Cedeao qu’on ne peut pas, dans une situation où on apprend par exemple qu’il ya une attaque quelque part ; on a un hélicoptère qu’on veut faire voler pour aller, et on nous l’interdit, au motif que c’est une zone d’entraînement pour d’autres forces partenaires. Cette situation ne peut pas continuer. On ne peut pas nous interdire d’acheter du matériel avec un pays si on a un accord, parce qu’un autre ne veut pas. On ne peut pas nous empêcher d’envoyer des gens à être formés dans un pays donné, parce que un autre pays ne veut pas », a dénoncé Choguel Kokalla Maïga.

Face à l’attitude de « certains partenaires », qui agissent ainsi, comme il l’a déploré, en changeant d’option militaire sur le terrain, le Premier ministre, après avoir soulevé l’équivoque de l’espace aérien », va jusqu’à s’interroger sur l’adoption d’un« plans B », quant à la possibilité pour les Maliens de se parer de nouveaux partenaires militaires.

Comme il a évité de parler, à l’espèce, de la société militaire privée russe Wagner, dont il s’est agi, le Premier ministre Choguel K. Maïga a également occulté plusieurs d’autres questions, pourtant cruciales, dans l’appréciation de ces nouvelles acquisitions d’avions, en terme de capacité opérationnelle intrinsèque sur le terrain.

C’est par exemple la formation du personnel et le transfert de technologie, autres aspects militaires cruciaux à prendre forcément en compte pour renforcer la puissance de frappe de la flotte aérienne malienne. Dans le cas présent, aucune de ces dispositions ne semblent être prises en compte d’autant que ni le ministre de la Défense, colonel Sadio Camara, ni le Premier ministre Choguel K. Maïga n’a évoqué cela.

Et pourtant, rien n’interdisait à notre pays, en plus d’être doté de ces avions militaires, de contracter avec la partie russe pour obtenir non seulement la formation du personnel, mais aussi le transfert de technologie ; deux éléments fondamentaux, indispensables pour la montée en puissance de notre armée, dont nous réclamons tous, étant conscients que nous savons tous que la guerre contre les terroristes, aussi tactique qu’elle soit, se gagnera par la mise à disposition adéquate des moyens technologiques.

Eh bien ! Le Nigéria, cet autre pays de la Cedeao, qui lutte contre les mêmes agressions terroristes, est allé plus loin dans ses relations militaro-diplomatiques avec la Russe en signant une convention en béton, prévoyant l’octroi des avions de combats, mais également la formation du personnel et le transfert de technologie. Cette convention vient d’être signée entre les deux pays, sous le regard bienveillant des présidents des deux pays, dans le cadre de la lutte implacable contre BokoHaram.

Si on se réfère à l’existant dans notre pays, en lien avec les acquisitions d’avions de combat ou de transfert, il est net que les autorités de la transition n’ont pas fait mieux que par le passé, en ce sens qu’en dehors de la disponibilité des engins militaires concernés, aucune autre possibilité n’existe entre les deux parties, permettant à l’armée malienne de disposer de capacités technologiques requises pour faire face à la situation.

C’est justement pour cette raison que notre pays doit sortir des sentiers battus, en évitant de brandir  toujours les acquisitions d’avions comme des trophées. Compte tenu de la complexité de la lutte contre le terrorisme et la nécessité de revoir plus tactiquement nos différentes approches militaires en la matière, il est urgent, pour nous, de se réajuster, en mettant l’accent sur les moyens de renforcement de notre capacité opérationnelle, surtout dans les airs, pour nous permettre plus efficacement de lutter contre la menace terroriste qui n’épargne plus aucune portion de notre territoire.

On le voit en entier, au-delà de l’acquisition des avions de combats, toujours célébrée avec un air d’autosatisfaction démesurée, il reste entendu que des questions militaires essentielles, non résolues ; comme la formation du personnel aérien et le transfert de technologie se posent sur ces avions réceptionnés, sans lesquelles la capacité opérationnelle de ces engins reste sujette à caution.

Oumar KONATE

SourceLa Preuve

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