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Coût des denrées alimentaires au Mali : L’impuissance du gouvernement face à la spirale inflationniste

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On avait du mal à accepter les différents  rapports des nations unies augurant une famine susceptible de concerner des millions de maliens. Cela paraissait insensé pour ceux habitant la capitale parce qu’ils ne connaissaient que faiblement la rareté des denrées alimentaires. Mais avec le temps, en raison des crises multidimensionnelles que connaît le pays, la spirale inflationniste vient révéler au grand jour l’impuissance des gouvernements à relever le défi d’alléger le coût et de soulager la ménagère dont le panier est de plus en plus vide.

La liberté de fixation des prix a été saluée comme une avancée de la politique de développement de la concurrence qui devait profiter aux consommateurs. Mais elle  a été finalement la cause de bien de misères. Les commerçants les plus véreux s’adonnent à des pratiques inflationnistes aux mépris des nouvelles réglementations, à minima, imposées par les gouvernements successifs. D’aucuns se souviennent des promesses alléchantes de « Sir Kaou Djim », très loquace et prolixe sur le sujet, avant son arrivée au CNT. Des fausses promesses qui n’ont servi  qu’à abuser des consommateurs qui ne demandaient qu’une légère augmentation de leurs pouvoirs d’achat. Depuis, le gouvernement multiplie les communiqués et les initiatives sans pouvoir exercer une véritable influence sur la montée galopante des prix des produits de première nécessité.

Cela vient aggraver une situation déjà très difficile causée par l’insécurité dans les zones de production. La production et la distribution devenant plus difficile dans ces zones de guerre (au centre notamment), l’inflation est inéluctable. Les personnes déplacées viennent gonfler la population des zones urbaines et chacun tente, comme il peut, de survivre. Le cocktail Molotov de l’inflation et du chômage en masse d’une jeunesse mal formée donc mal préparée, est l’héritage d’un gouvernement improvisé pour assurer la transition. Très préoccupées et engagées dans la lutte contre l’insécurité généralisée,  les autorités ne peuvent que s’investir timidement dans la recherche d’une solution d’amélioration des conditions alimentaires de vie du malien.

Des solutions ont été proposées,  M. Mara a suggéré qu’on mette l’accent sur la production locale. Ce qui suppose un investissement sur les producteurs locaux afin d’améliorer la productivité et de faciliter le consommer local. C’est en effet une piste ! Quand on songe aux 3 millions d’hectares d’office du Niger mal exploités et laissés à l’abandon, on comprend l’insuffisance des politiques agricoles menées jusqu’à ce jour. Le pire est à venir car, hormis la lutte acharnée pour le pouvoir,  les partis politiques sont incapables de faire de vrais programmes de lutte contre la famine qui guette des millions de citoyens. Les références à la cherté de la vie ne sont que des slogans pour dénigrer le pouvoir en place. Mais les alternatives aux politiques publiques actuelles,  susceptibles de palier cette inflation galopante, font défaut.

Les débats publics  au sein de la classe politique, au lieu de porter sur les solutions concrètes à privilégier, se transforment en des procès d’intention. Les débats sont houleux non pas en raison de la pertinence des arguments mais simplement parce que le manque de programmes crédibles laisse la place à l’invective. En effet,  au lieu de nous dire comment ils comptent lutter contre la famine et la vie cher de façon concrète et durable, ils se livrent à une véritable diatribe sur la nécessité de refonder, de restructurer, d’harmoniser telle ou telle institution ou tel ou tel domaine.

Le grand perdant, c’est toujours les consommateurs-électeurs pris à revers  par l’incompétence, l’inconscience et le manque de leadership des commerçants parvenus à  maitriser l’espace politique pour des fins personnelles. Ces dernières décennies,  notre Assemblée Nationale était constituée de commerçants dont la plupart devaient leurs succès aux marchés publics,  obtenus par tous les moyens.

Aujourd’hui,  l’État dans son  agenda, est contraint de prioriser le volet agricole dans ses politiques publiques. Au lieu d’investir à  outrance dans le numérique,  qu’on n’a pas les moyens de produire faute de mains d’œuvres qualifiées, il devrait prendre à bras le corps la problématique de la modernisation de l’agriculture afin de promouvoir le bien-manger, socle du développement humain à long terme. Rappelons, pour mémoire, qu’en termes d’Indice de Développement Humain, le Mali occupe la 184ème place sur 189.

Or, hormis les grands discours,  non suivis d’actions concrètes, rien à été fait pour soulager la ménagère dont le panier est de plus en plus vide. Elle attend impatiemment des politiques fortes pour impacter sur le prix des produits de première nécessité. En attendant,  la famine gagne du terrain.

L’agriculture, l’éducation et la sécurité sont les seuls domaines qui peuvent impulser le développement. La faillite de l’État,  même si les autorités ne l’avouent guère,  ne permet pas d’embrasser tous les domaines à la fois. Comme on le dit, « qui trop embrasse,  mal étreint » !

Dr DOUGOUNÉ Moussa

Le Pélicain

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