Partie en France pour représenter le Mali au sommet France-Afrique, la directrice exécutive de l’AJCAD, Adam Dicko et 10 autres jeunes africains se sont entretenus sur le nouveau format dudit sommet, mardi 5 octobre, avec Emmanuel Macron, président de la France. Interrogée sur la question par nos confrères de l’Ouverture média, la malienne est revenue sur les points évoqués avec le président français.
Pour le sommet France-Afrique, Adam Dicko, directrice exécutive de l’association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie(AJCAD) est à Paris, en France. D’après elle, ils sont 11 jeunes qui représentent l’Afrique à ce sommet, sur 3600 participants. Courant le mardi 5 octobre, les 11 jeunes ont discuté sur le format dudit sommet avec le locataire de l’Élysée. Lesquelles discussions leur ont permis d’effleurer certains problèmes du Mali et d’autres pays. « Nous (11 jeunes africains) avons rencontré le président Macron. Nous lui avons parlé en expliquant non seulement les problèmes auxquels nos pays sont confrontés, mais aussi les problèmes existant dans les relations entre la France et nos pays », explique Adam Dicko. A Macron, dit-elle, « nous avons exprimé nos vœux en lui rappelant le mal causé à l’Afrique par la France, durant la colonisation ».Dans leur intervention, les 11 jeunes lui ont fait part que la France doit accepter de demander pardon aux africains pour, argue Adam, les souffrances qu’elle leur a fait subir. Certes Emmanuel Macron et son gouvernement n’ont pas causé ces dégâts à l’Afrique, mais ce sont eux qui, précise la malienne, dirigent la France aujourd’hui.
Lors de ladite rencontre, les jeunes ont également dénoncé, selon Adam, « la posture paternaliste » dont dispose la France en Afrique. C’est-à-dire, ajoute-t-elle : elle fait comme si les africains sont des bébés, et qu’elle est leur père. La France dit ce que les africains doivent ou ne pas faire. « Nous avons alors expliqué à Macron qu’il faut que cela s’arrête. Les autorités françaises doivent connaitre que cela doit cesser. Parce que les pays africains sont souverains et ont leur indépendance », a-t-elle annoncé. Puis d’exprimer : « La France doit regarder les pays africains comme des États souverains égaux à elle. Ses autorités ne doivent pas nous regarder comme leurs anciennes colonies ». En clair, la directrice de l’AJICAD indiquera que les nouvelles générations de l’Afrique n’accepteront pas l’idée de la posture paternaliste avec laquelle la France veut continuer à gérer l’Afrique. « Qu’elles (autorités françaises) veuillent ou pas, on leur dit cela. Parce que nous sommes nés avec des droits et des devoirs », a-t-elle confié. Par la même occasion, les jeunes ont, ajoute la dame, énoncé à Macron qu’un tel sommet ne doit pas être un lieu de rencontres entre les décideurs de l’État français et de l’Afrique. Les jeunes français et africains doivent se rencontrer aussi pour connaitre les problèmes existant. « Devant Macron, nous avons mis l’accent sur l’intervention française. Cette intervention n’a jamais marché et ne marchera pas. Nous lui avons cité le cas de la Libye », annonce-t-elle. Puis de déclarer : « Ce qui s’est passé en Libye fait honte. Parce que le monde vit les conséquences de cette intervention française ».Aux jeunes africains, Emmanuel Macron s’est expliqué en disant que l’intervention française en Libye ne leurs a pas trouvé au pouvoir, rapporte Adam. Les 11 jeunes et le président français ne se sont pas entendus au sujet du cas libyen, d’après ses mots.
Au président, elle confirme qu’ils ont pu lâcher leurs vérités sans crainte, précisant qu’il faut que cette intervention militaire change. Une demande qui, dit-elle, s’explique par le fait que l’intervention militaire ne règle pas forcément la crise sécuritaire dans le sahel. « Macron dit avoir fermé la base de l’armée française à Kidal et à Tessalit, après avoir compris que l’intervention militaire seule ne règle pas la question. Il dit être d’accord qu’il y a des choses à corriger dans leurs relations avec les pays africains. Il nous a expliqué que l’action de la France n’est pas une posture paternaliste », a-t-elle confié, avant de conclure sur ses mots : « On lui a dit que le ton avec lequel il s’est adressé aux autorités maliennes doit changer ».
Mamadou Diarra
Source: Le Pays