La vitesse supérieure dans la lutte contre la corruption semble être enclenché avec l’arrestation de plusieurs personnalités dont l’ ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga, Mme Sissoko Fily Bouaré ancienne ministre des Finances et de l’Économie , Mahamadou Camara, ancien directeur de cabinet à la présidence, tous trois inculpés et placés sous mandat de dépôt par la Cour suprême, notamment dans l’affaire de l’achat de l’avion de commandement de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta. Dans cette histoire, comme dans d’autres, il se pourrait que de nouvelles interpellations soient programmées.
En effet la lutte contre la corruption promise par les Autorités de la Transition connait une nouvelle tournure avec l’interpellation de plusieurs personnes soupçonnes d’être trempés dans les multiples scandales qui ont émaillés les deux mandats de l’ancien président IBK
En effet pendant les 7 dernières années (sous le régime calamiteux d’IBK) ce ne sont pas les scandales qui ont manqué. De l’achat de l’avion présidentiel à l’acquisition des équipements militaires pour l’armée malienne en passant par les affaires non moins sulfureuses d’engrais frelatés… Ce régime de destruction nationale s’était abonné aux scandales financiers sur fond de dilapidation des ressources de l’Etat. Des scandales qui ont mis la République au fond d’un gouffre financier sans précédent dans l’histoire de notre pays.
Aussi, l’achat de 2 hélicos Puma, en 2017, avait donné lieu à un vaste scandale, après que le président de la République IBK ait confirmé dans un entretien à Jeune Afrique que les avions achetés sous son magistère sont cloués au sol « faute de maintenance appropriée ». Puis, ce fut au tour du président de la commission défense de l’Assemblée nationale de l’époque, Karim Keïta, le fils du président de la République, de déclarer, lors d’un colloque à Paris : «Les hélicoptères que nous avons achetés ne peuvent plus voler, ça marchait au début mais, vraisemblablement, on a un problème d’entretien depuis l’achat, je me demande si on n’a pas été floué à l’achat »…
Cette déclaration du président de la commission défense de l’Assemblée nationale avait à l’époque réveillé les forts soupçons de surfacturation et les malversations portant sur les ressources financières destinées à acquérir des équipements pour l’armée.
Déjà, à l’achat de ces hélicoptères, un officier supérieur de l’armée malienne avait déclaré dans Bloomberg news (parution du 13 juillet 2017) : « Nous avons deux hélicoptères cloués au sol et qui ne servent à rien». Avant de préciser : « Les appareils sont cloués au sol parce que l’armée ne peut pas obtenir les pièces de rechange».
Le temps des scandales
Ce énième scandale s’ajoutait à une longue liste de magouilles et de surfacturations qui ont entaché le mandat d’IBK ces dernières années. En effet, le régime défunt s’était singularisé par sa propension à susciter des scandales…
Apres le scandale de l’achat de l’avion présidentiel était révèle au Malien et au monde t au monde entier la nature d’un marché de gré à gré de 69 milliards de F CFA attribué, en violation des règles des marchés publics, à un proche de la famille présidentielle. Avec l’avenant, le marché a finalement porté sur 108 milliards de FCFA. Le fait que ce marché ait été attribué de gré à gré constitue un piétinement flagrant des principes élémentaires de passation de marché public. Pire, dans le même contrat, les Maliens apprendront que la ministre des Finances de l’époque avait couvert ce marché par une garantie de 100 milliards de francs CFA. Des personnalités, l’on se souvient, avaient profité de ces affaires pour se livrer à des surfacturations dont seules les Républiques bananières ont le secret.
2016, le gouvernement a remis au MOC (Mécanisme opérationnel de coordination) 42 véhicules destinés aux patrouilles mixtes. La presse a rapporté que lesdits véhicules ont coûté à l’État 2 milliards 300 millions de FCFA, soit plus de 50 millions l’unité. Le Parena a, au mois suivant, publiquement critiqué ce marché et sollicité l’intervention des pouvoirs publics pour sauver l’argent public. En vain!
Après l’affaire de l’avion présidentiel et des équipements militaires surfacturés, le Malien lambda était loin de s’imaginer qu’un autre scandale, portant lui aussi sur des milliards de FCFA, éclaterait. Ce énième scandale portait sur une soixantaine de milliards F CFA destinés à l’achat de l’engrais pour les paysans, sous forme de prêts à rembourser dès la fin des récoltes dans les opérations de développement rural.
C’est un minuscule GIE (Groupement d’intérêt économique) qui était chargé de l’attribution, à travers un avis d’appel fort douteux, de ce gros et juteux marché à des fournisseurs, parfois sans foi ni loi. Il a fallu qu’un concurrent mécontent crache dans la soupe, en soumettant au test de conformité l’engrais d’un rival à un laboratoire de la place, pour que le pot aux roses soit découvert et que la vérité dans toute son horreur commence à être étalée sur la place publique. Le président de la République a promis la fermeté dans ce dossier au cours de la session du Conseil supérieur de l’agriculture qu’il a présidée le 16 mai 2016. L’opinion a longtemps attendu sa réaction. En vain.
Engrais et logements sociaux aussi…
L’impunité encourageant de nouvelles atteintes à la morale publique, une nouvelle affaire dite « des 1000 tracteurs » a été révélée à l’opinion malienne.
Un autre scandale qui a éclaboussé le mandat d’IBK : l’attribution des 1552 logements sociaux de Tabacoro, dans laquelle il a été orchestré une véritable magouille à ciel ouvert. En plus des ministres de la République et des cadres de l’administration, le ministre en fonction chargé de logements sociaux à l’époque, le ministre de l’Habitat, avait distribué des villas « sociales » à tour de bras (2015-2016). Ainsi, sous IBK, le Mali est entré dans une nouvelle ère des logements sociaux.
Ainsi, de l’achat des aéronefs et d’autres matériels et d’équipements militaires, à la formation des pilotes, un vaste réseau de spoliation des ressources dégagées officiellement pour la mise en œuvre de la loi de programmation militaire était passé par là. C’est un sulfureux dossier impliquant des Officiers Supérieurs, Généraux, Ministres, des proches collaborateurs et parents de l’ancien Chef de l’État qui a été dénoncé. Ce énième scandale financier et économique dans ce pays avait poussé la principale coalition de l’opposition de l’époque à demander un audit sur l’utilisation des fonds de la loi programmation militaire.
Même au plan international, l’utilisation de ces fonds avait suscité des interrogations. Ainsi, dans un Rapport sur l’intégrité dans le secteur de la sécurité et de la défense au Mali, publié en octobre 2019, Transparency international, soulignait la nécessité d’instaurer un contrôle. « L’Article 8 du Code des marchés publics permet à certaines acquisitions d’échapper au contrôle du Parlement et des mécanismes d’audit externe. De même, le contrôle de l’éligibilité des achats secrets, hors Budget et la supervision de leur exécution par un organe externe indépendant tel que le Bureau du Vérificateur Général (BVG) ou l’Autorité de Régulation des Marchés publics et des Délégations de Services publics (ARMDS), s’avère essentiel », affirma l’ONG Transparency internationale.
Aussi, le Mali sous IBK tournait au rythme de scandales financiers qui paralysent le fonctionnement de l’Administration, asphyxient l’économie et ternissent l’image du pays. Outre l’achat d’avion de commandement, contrat d’armement, accusation de connexion avec un parrain de la mafia, sanctions des bailleurs de fonds notamment le Fmi, infestation du pouvoir par la famille d’autres scandales, dont entre autres rénovation de résidence privée, surfacturations, l’affaire projet Soundjata (énergie), les rapports du vérificateur général, aéroports du Mali, les marchés de gré à gré de l’office du NigerEn traduisant en acte ses engagements de lutte contre la corruption, et la délinquance financière les Autorités de la transition répondent au souhait de la majeure partie du Peuple. Car le peuple attend le retour à la justice sociale et la lutte contre l’impunité. Donc, il était plus que temps d’entamer des procédures judiciaires contre toutes les personnes physiques accusées de corruption, de détournement des biens ou des fonds publics.
Mémé Sanogo
Source: L’Aube