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“Capitaliser sur la société civile africaine”: Macron sur les pas du département d’État américain?

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Contrairement aux éditions précédentes, le sommet Afrique-France s’est déroulé cette année à Montpellier dans un format inédit qui a plutôt vu des acteurs de la société civile africaine se tenir aux côtés d’Emmanuel Macron. Pour l’activiste Kémi Séba, cette rencontre n’a été qu’une tentative désespérée de séduction du chef de l’État français.

“La stratégie du Président français, qui n’est rien d’autre que la continuité de ce que font George Soros et l’Open Society, est de reprendre celle du département d’État américain qui a compris depuis un certain nombre d’années l’importance de capitaliser sur la société civile qui, aujourd’hui, est un nouveau centre de gravité du pouvoir”, affirme sans ambages le militant panafricaniste Kémi Séba, interrogé par Sputnik.

L’activiste franco-béninois commentait le format du dernier sommet Afrique-France qui s’est tenu à Montpellier les 7, 8 et 9 octobre. Il affirme que “Macron sait pertinemment que dans la configuration actuelle, il lui faut séduire désormais non plus les chefs d’État africains, mais la société civile, car il voit que ce sont les mobilisations et revendications de la mouvance panafricaniste en Afrique francophone qui secouent le cocotier sur la question de la Françafrique et font que le sentiment antifrançais n’a jamais été aussi grand”.
En croisade depuis plusieurs années contre le“néocolonialisme français”, Kémi Séba estime qu’il ne faut pas être “dupe”. Pour lui, le 28e sommet Afrique-France qui a rassemblé à Montpellier, en lieu et place des chefs d’État, pas moins de 3.000 participants issus des 54 pays du continent, “n’a été qu’une comédie qui n’a rien fait d’autre qu’entériner le fait qu’il y a encore des Africains,loin d’être la majorité,qui rêvent d’une meilleure relation avec les autorités françaises”.

C’est donc,

“un coup de poker de Macron à Montpellier, à quelques mois de la présidentielle en France” qui aurait tenté “de diviser l’opinion publique africaine et diasporique en deux avec d’une part ceux qui rêvent toujours d’une reconnaissance et d’une histoire d’amour avec la France, et de l’autre, ceux qui veulent une rupture réelle du partenariat politique avec l’élite française en partant du postulat que les dirigeants français dans leurs rapports avec l’Afrique ne sont mus que par le pillage, les déstabilisations des régimes, la paupérisation des populations”, poursuit le militant panafricaniste.

L’élite française à laquelle s’en prend Kémi Séba est, explique-t-il “le système politique qui dirige la France actuellement”. Et ce “système” qu’il présente comme décrié tant par une grande partie de la population française que par l’opinion publique majoritaire africaine “est très conscient d’être en train de perdre du terrain en Afrique”.

“L’oligarchie française ne maintient sa place dans le monde que parce qu’elle a son genou sur le cou de l’Afrique, qu’elle a accès à ses ressources et jamais elle ne va changer ses relations avec le continent”, soutient-il.

“Sentiment antifrançais”

Ces dernières années, les prises de position de Kémi Séba et d’autres personnalités comme la militante suisso-camerounaise Nathalie Yamb, expulsée de Côte d’Ivoire pour “activités incompatibles avec l’intérêt national”, peu après son intervention pour le moins retentissante au sommet Afrique-Russie de Sotchi, ont occasionné des remous dans certains pays africains au point que le Président Emmanuel Macron a évoqué le développement d’un sentiment antifrançais dans ces États.
Mais pour Kémi Séba, il convient de recadrer les choses, car il n’y a pas au sein des États africains une hostilité à l’égard de la France.

“Notre problème à nous, à l’instar des Gilets jaunes, c’est l’élite française et aucunement le peuple français”, précise-t-il.

Un vent de renouveau

Les mouvements panafricains sont plus que jamais en action, ne souhaitant plus laisser aucun répit à “l’oligarchie française qui travaille en concubinage avec une certaine élite africaine”, qu’ils estiment en difficulté. En juin 2020 notamment, des activistes, à l’appel de Kemi Séba, avaient entrepris de rebaptiser certaines avenues d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne.
Ils avaient ainsi effacé les noms de personnalités françaises sur les plaques de rue, pour les remplacer par ceux de figures emblématiques du panafricanisme tels que l’Ivoirien Victor Biaka Boda (ancien sénateur, mort en 1950 à 36 ans) et le Burkinabè Thomas Sankara (ancien chef d’État, mort le 15 octobre 1987, à 37 ans). Ces deux hommes politiques ont en commun que leur assassinat est perçu, par une partie de l’opinion publique africaine, comme ayant été commandité par des responsables français.

“Nos actions font bouger les lignes. Rappelons d’ailleurs que sur la question du franc CFA notamment, ce sont nos manifestations [des mouvements panafricanistes, ndlr] qui ont fait qu’on est arrivé à un stade où, pour la première fois de l’histoire, le gouvernement français s’est senti obligé de procéder à la fermeture du compte d’opérations“, conclut Kémi Séba.

Sputnik.net

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