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Audit des équipements militaires: l’emballement des procédures judiciaires

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Dans son adresse à la Nation du 22 Septembre 2021, le président de la Transition, le Colonel Assimi GOITA, faisait savoir qu’une vaste campagne d’audit des services publics était en cours par les soins des différentes structures de contrôle et de lutte contre la corruption et la délinquance financière et que ces mesures étaient tout aussi valables pour les départements de la Défense et de la Sécurité dont les lois d’orientation et de programmation étaient déjà en cours d’audit. C’est dans cette dynamique qu’une dizaine de contrats passés entre 2015-2019 jugés irréguliers cristallise l’attention des autorités judiciaires du pays. De quoi s’agit-il ?

C’est un doux euphémisme que de dire que la lutte implacable contre la corruption, la délinquance financière et l’impunité pour étancher la soif de justice du peuple malien qui est la première victime d’un système de prédation, est une des priorités majeures des autorités de la Transition. Ce, quand bien même le président Assimi GOITA tient à prévenir toute dérive judiciaire : « Au demeurant, pour éviter tout excès, j’en appelle au respect des principes sacro-saints de la procédure judiciaire afin que nul ne se méprenne sur la noblesse de notre engagement ».
Jouissant des coudées franches, l’on constate depuis la semaine dernière que le Pôle économique et financier, à travers sa Brigade économique et financière, a ouvert des enquêtes sur l’audit de la Loi de Programmation militaire (LOPM 2015-2019).
Toutes choses qui corroborent les propos du chef de l’Etat : « A travers cette lutte, nous rassurons le peuple malien que ses attentes seront comblées car aucun privilège ne sera accordé aux personnes impliquées ». Comme dit, des officiers, depuis le déclenchement de l’offensive judiciaire, sont déjà passés à la trappe.
Selon nos sources, les enquêtes ouvertes se poursuivront cette semaine. A en croire les mêmes sources, les autorités de la Transition sont déterminées à donner une suite judiciaire, à travers un audit, au rapport du Vérificateur général qui a relevé 1 200 milliards de FCFA d’irrégularités financières dans la LOPM (2015-2019).
Un argument supplémentaire à cet audit qui a vaincu les scepticismes des plus cauteleux qui conjecturaient que la Défense serait l’exception à la règle, apprend-on de bonnes sources, c’est une série de marchés attribués au ministère de la Défense et des anciens combattants qui sera compulsée.
Ainsi annonce-t-on une procession d’opérateurs économiques attributaires de contrats au Pôle économique et financier de Bamako, question pour eux de justifier les conditions d’acquisition qui sont douteuses du point de vue de la justice de leurs marchés. A charge donc pour les opérateurs économiques incriminés d’apporter la preuve du contraire.
Selon nos sources, ce sont 11 marchés de fourniture de matériels et d’équipements militaires dans le cadre du réarmement matériel et moral de nos troupes qui sont dans le viseur du Pôle économique et financier, à travers sa Brigade économique et financière.
Les contrats visés par la juridiction concernée, apprend-on, sont entre autres : le marché n°004 MDAC/DFM-2018 attribué par entente directe à Ibrahima KARAGNOARA, PDG de CIM, portant acquisition de 78 camions de transport et citerne d’une valeur de 9,43 milliards de F CFA, avec une surfacturation estimée à 3 milliards de nos francs ; le marché de 100 blindés en 2019-2020 accordé à une société dénommée Estreit appartenant à une compatriote. Les engins ont coûté à l’Etat malien 100 milliards de F CFA, soit 1 milliard par blindé. La surfacturation serait de 57,7 milliards de F CFA ; plusieurs marchés (5 au total sur les 11 marchés jugés suspects) ont été attribués à l’opérateur économique Adama TRAORE pour plus de 59 milliards de FCFA sur la période 2016-2020. Attribution du marché d’un avion de transport Casa 295 W à Airbus en juin-juillet 2020, pour 23,8 milliards de F CFA. La livraison serait en cours.
L’on apprend de bonnes sources que les enquêteurs travaillent d’arrache-pied sur l’authenticité des contrats en épluchant plusieurs documents demandés pour les besoins des procédures enclenchées.

Les mêmes sources révèlent que les enquêtes touchent plus de 100 contrats de plusieurs types. En effet, fait-on savoir, il n’y a pas que la fourniture des matériels et équipements militaires qui sont en cause ; mais également des hydrocarbures, des biens et services, d’alimentation, etc.
En somme, révèle-t-on, tous ces contrats signés avec le ministère de la Défense et des anciens combattants appartiennent à des sociétés maliennes et étrangères.
Il faut rappeler que dans sa déclaration liminaire, lors du premier Conseil de Cabinet, le 13 juin 2021, le Premier ministre avait annoncé les couleurs de la lutte implacable contre la corruption, la délinquance financière et d’impunité : « L’action gouvernementale portera sur la fin de l’impunité dans notre pays et la mise en pratique d’une gouvernance de rupture, qui sont aujourd’hui des conditions de survie de l’État » ; « des audits seront commandités dans les institutions, les grandes administrations, les grands projets nationaux et locaux et dans les collectivités, ainsi que sur le patrimoine immobilier et minier de l’Etat ».

PAR BERTIN DAKOUO

Info-Matin

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