La communauté musulmane du Mali a célébré avec faste, la nuit du 18 au 19 octobre 2021, le Maouloud qui consacre la naissance du prophète Mohamed (PSL). Malgré un contexte marqué par la crise sécuritaire et les menaces djihadistes dans certaines localités du pays, le Stade du 26 mars de Bamako a fait le plein, à l’appel de la Fédération internationale Ançar-Dine (FADI). Ainsi, la mobilisation était à la dimension de l’événement avec des pèlerins venus d’une quarantaine de pays africains et du monde entier. Les temps forts d’une veillée religieuse qui a tenu toutes ses promesses…
Durant toute la journée du lundi 18 octobre, l’ambiance au Stade du 26 Mars de Bamako était festive où anonymes et personnalités du pays se mêlaient.Pour cette 37e édition, la Fédération a choisi comme thème central : « La Refondation, la Sécurité, la StabilitéSelon les organisateurs, plus 80 000 pèlerins étaient présents lundi dernier sur le site du stade du 26 Mars. Pour assurer la sécurité des pèlerins, le Gouvernement a gratuitement mobilisé plus de 1000 agents de sécurité.
Aux rangs des pèlerins de cette présente édition, l’ancien Premier ministre, Moussa MARA, ainsi que 4 membres du Gouvernement ont fait le déplacement au stade du 26 Mars. Il s’agit du ministre de la Jeunesse et des sports, chargé de l’instruction civique et de la construction citoyenne, Mossa Ag ATTAHER ; du ministre de la Santé et du développement social, Mme Diéminatou SANGARE ; du ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des relations avec les institutions ; Ibrahim Ikassa MAIGA ; du ministre délégué auprès du ministre de la santé et du développement social, chargé de l’Action humanitaire, de la solidarité, des réfugiés et des déplacés, l’imam Oumarou DIARRA.
Contexte de crise sécuritaire
À son arrivée aux environs de 23 heures, au stade, déjà plein à craquer, le guide de la FADI, le Chérif Ousmane Madani HAÏDARA, président du Haut conseil islamique du Mali, a commencé la cérémonie par une lecture du Saint Coran. Il a tout d’abord rendu grâce à Allah et a souhaité Paix et Salut sur le Prophète (PSL). Il a ensuite salué et remercié les autorités de la transition ainsi que le grand public qui a fait le déplacement à l’occasion de cette célébration.
Encore une fois, la célébration de ce Maouloud intervient dans un contexte de double crise sécuritaire et sanitaire dans notre pays. Une crise sécuritaire marquée par des violences au quotidien contre les populations civiles et les FAMA, notamment au nord et au centre du pays.
Aussi, elle intervient au moment où le Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM) est investi par les autorités de la transition de la mission de dialoguer avec Iyad Ag Ghali et Amadoun Koufa.
À l’entame de ses propos, le Guide des Ançar Dine a invité chaque fidèle à avoir une pensée pour le Mali dans ses prières avant de faire des bénédictions pour les autorités. Selon lui, seules les prières et les bénédictions permettent de sortir un pays en crise comme celle du Mali. Une préoccupation qui, selon lui, justifie le thème de cette année.
L’Appel de HAIDARA
Dans son intervention, Chérif Ousmane Madani HAIDARA a invité les autorités à aider la FADI à aménager son site Fia pour l’organisation des prochaines éditions. Car, dit-il, la célébration du Maouloud par la FADI constitue une opportunité économique avec des retombées financières réelles, notamment au niveau des péages qui enregistrent des records de mobilisation de recettes à l’occasion de chaque Maouloud.
D’ailleurs, a-t-il fait savoir, des milliards sont mobilisés chaque année dans certains pays voisins pour prendre en charge les festivités du Maouloud. Ce qui est encore loin d’être le cas au Mali, a-t-il déploré. Pour le Chérif, la communauté musulmane, bien qu’elle constitue l’écrasante majorité, souffre le martyr dans notre pays. «Tous nos droits sont violés dans ce pays par le Gouvernement, malgré tout, nous survivons grâce à Allah», a-t-il critiqué.
«Nous sommes des victimes, nous l’acceptions, et continuons d’aider notre pays, car nous sommes des patriotes», a-t-il dit.
Pour lui, le Gouvernement a l’obligation d’aménager un site pour l’organisation du Maouloud. Car, dit-il, le pays vit grâce aux impôts et contribution des musulmans. Au passage, il a invité le président de la transition à respecter ses engagements, à savoir : la refondation du Mali sur des valeurs de droiture, de justice, de respect de la parole donnée, de la bonne gouvernance. «Assimi (Ndlr président de la transition), je vous demande de continuer dans le droit chemin. Si vous êtes animé de bonne foi, Dieu vous aidera contre tous», a-t-il assuré. Selon le guide religieux, la refondation est une opportunité à saisir pour redresser le pays. D’ailleurs, a-t-il fait savoir, la refondation a déjà commencé.
Cri de cœur pour Moribougou
Pour lui, il est temps que le Mali redevienne un pays qui compte dans le concert des nations, un pays construit, développer, etc. «Je soutiens toutes personnes animée de la bonne foi de sauver ce pays», a-t-il juré.
« Il faut qu’on arrête de verser le sang des Maliens, il faut mettre fin à l’injustice, à la corruption », s’est-il insurgé, avant de rassurer le président de la transition de tout son soutien dans le cadre de cette refondation.
Parlant de la situation sécurité, HAÏDARA a déploré le fait qu’il y a trop de violences et que des villages entiers sont pris en otage à l’image de Moribougou, dans le cercle de Djenné.
De ses propos, il ressort qu’en raison de la situation humanitaire très précaire, la FADI a distribué plus 4000 sacs de riz 6000 sacs de mils, de l’année dernière à nos jours, aux populations vulnérables et aux victimes d’inondation.
Abdoulaye OUATTARA
Source: Afrikinfos-Mali