Une délégation du Conseil national de Transition (CNT) a offert, ce mardi, des dons de diverses natures à des structures et sites de prise en charge des personnes en situation de vulnérabilité dont le montant est estimé à plusieurs millions de FCFA.
La mission était conduite par le 1er vice-président du Conseil national de transition, Assarid Ag IMBARCAOUANE, accompagné pour la circonstance de Issa Kaou N’DJIM, Amadou MAIGA, Amadou DIALLO, Me Kadiatou SANGARE, Sory DEMBELE, ainsi que des responsables des services de l’organe législatif de la Transition.
La visite qui s’inscrivant dans le cadre du mois de la solidarité a débuté par l’Association malienne de lutte contre les déficiences mentales chez l’enfant (AMALDEME) où la délégation a été accueillie par les responsables de cette structure.
Le désarroi de l’AMALDEME
Créée en 1984 et déclarée d’utilité publique, malgré sa vocation de prise en charge de la déficience intellectuelle chez l’enfant, l’AMALDEME est laissé pour compte. Les pensionnaires estimés à des dizaines de personnes et leurs parents sont dans le désarroi total, comme témoigne une éducatrice de l’Association.
« Les parents d’enfants atteints de déficience mentale vivent de nombreuses difficultés sans la prise en charge adéquate à l’AMALDEME. Or, notre moyen ne nous permet plus d’être efficaces à 100%. La volonté est là, mais faute de moyen, il est difficile d’atteindre les objectifs », se plaint-elle.
En présentant sa structure, la présidente de l’Association, Yashina SANOGHO, s’est également lamentée sur le sort de l’AMALDEME qui malheureusement à ce jour tient grâce aux contributions de partenaires. D’ailleurs, celles-ci se raréfient à cause de la Covid-19.
Pour elle, l’AMALDEME se porte mal. En plus du manque de personnel spécialisé, tous les véhicules de transport pour les enfants dont l’Association dispose, sont également en panne à cause du mauvais état de la route d’accès du centre, a-t-elle signalé. D’une distance d’un km, cette voie d’accès est en état de dégradation très avancée.
A l’instar de Bamako, les antennes régionales (Kayes, Sikasso, Ségou, Gao et Tombouctou) sont aussi confrontées à d’énormes difficultés à cause de l’irrégularité des financements d’aide de l’État.
« La gestion de l’AMALDEME me fait vivre des cauchemars, tant les charges sont lourdes. La situation financière est très tendue », s’inquiète-t-elle. Conséquence : la structure qui a fait de cumul de dettes a été obligée de licencier 14 personnes pour motif économique dans le but d’alléger la charge mensuelle.
A cette date, l’AMALDEME doit plus de 77 millions de FCFA aux salariés, à l’INPS et à des prestataires.
« Le dernier paiement de salaire du personnel salarié de l’AMALDEME prévue pour octobre 2020 date du 17 juillet 2021. A ce jour, cela fait un an exactement », souligne-t-elle pour attester que les travailleurs sont sans salaire depuis des mois.
« Je vous demande, je vous prie au nom de nos enfants, de tout le personnel dévoué, de prendre en compte et tenter de trouver une solution définitive à ces problèmes financiers en régularisant les dettes actuelles », sollicite-t-elle.
S’agissant de la donation composée de 10 tonnes de farines, de sorgho, de mil et de pâtes alimentaires plus le montant d’un million de FCFA, elle a été très appréciée par l’AMALDEME et saluée par sa présidente.
Faladiè, une cohabitation
dégoûtante
Ensuite, la délégation s’est rendue au camp des déplacés de Faladie pour le même geste de solidarité l’endroit des ménages et individus qui se sont réfugiés à Bamako en raison des conséquences du conflit armé dans le centre du pays.
Sur ce site d’infortune, ils sont estimés à plus de 700 individus. Les conditions de vie sont tout sauf confortables. C’est presque une cohabitation entre déplacés, animaux, et ordures.
« Que faire, on ne sait pas où aller, où travailler. On est contraint à cette vie », se résout un déplacé qui affirme avoir été dépouillé par des terroristes, à l’image de beaucoup d’autres personnes, de tous ses biens. Ces gestes de soutien qui nous arrivent çà et là nous aident à tenir le coup, a salué cette victime de l’insécurité.
Après, la mission a mis cap sur le Centre de détention de Bollé. Des responsables de cette structure et de la direction pénitentiaire, en général, ont à tour de rôle salué et encouragé cette initiative du Conseil national de transition.
« Bollé retrouve encore le sourire. Je suis un directeur heureux. Ce geste est un baume au cœur. 320 sacs de vivres, c’est incontestablement un geste humain qui va adoucir le poids de la détention, améliorer l’ordinaire des détenus », a indiqué le directeur adjoint de Bollé, le Colonel Boubacar Z. CAMARA.
A sa suite, le représentant de la direction pénitentiaire, Lieutenant-colonel Gabriel SIDIBE, a ajouté que le geste témoigne de la présence de l’Etat à leur côté.
« Nous vous sentons proches de nous. Cela nous soulage et nous libère de nos stress », a-t-il salué avant de promettre que les dons arriveront à bonne destination.
3 mois d’impayés aux cuisinières de Nyamana
La mission a pris fin au centre d’accueil et de placement familial « la pouponnière » sise à Niamana qui héberge 170 enfants. Et depuis l’interdiction de l’adoption par les non Maliens, le centre se trouve débordé.
Comme l’AMALDEME, la pouponnière fait face aussi à des difficultés financières. Ses cuisinières sont sans salaire depuis trois mois, a signalé la directrice, Mme BOUARE Fatoumata KONE.
Des responsables des sites visités ont a reçu des mains des membres de la délégation du CNT des tonnes de sorgho, de mil, de pattes alimentaires et la somme d’un million de FCFA.
Par ailleurs, à la pouponnière de Niamanan, compte tenu de sa particularité, elle a bénéficié, en plus des tonnes de farine, de sorgho et de mil, pâtes alimentaires, de 50 cartons de couches, de 20 cartons de lait, des jouets et une enveloppe symbolique de 1 million de FCFA.
A chacune de ces étapes, le chef de la délégation, le 1er vice-président Assarid Ag IMBARCAOUANE, a indiqué que la donation s’inscrit dans le cadre de la célébration du mois de la solidarité pendant lequel ceux qui ont les moyens expriment leur solidarité à ceux qui sont fragiles.
«C’est cela que nous sommes venus faire. C’est un geste symbolique. Donc, c’est la preuve que nous sommes de cœur avec vous. Ce don n’est rien comparativement à ce que vous êtes au quotidien pour le bien-être des personnes qui sont sous votre responsabilité. Nous avons envie de faire plus, mais nous sommes limités par nos moyens financiers », a expliqué le 1er vice-président.
Puis, il a promis que ces actions de générosité vont se poursuivre pendant la transition parce qu’elle est dirigée par «des hommes sociables » en prenant l’exemple sur le programme social lancé par le président Assimi GOITA.
« Le CNT est en train de suivre cet exemple. Ces hommes et femmes à la tête du pays n’ont aucun agenda caché. Ils sont là simplement au service de la population. Ils veulent l’amélioration des conditions de vie de nos populations. Et nous avons tout intérêt à les soutenir », a plaidé le chef de la délégation.
Quant aux doléances présentées, le 1er vice-président a répondu avoir pris bonne note avant de promettre qu’elles seront remontées aux plus hautes autorités. Il ne doute pas que des solutions seront trouvées à certaines d’entre elles.
PAR SIKOU BAH
Info-Matin