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Guinée: pourquoi la composition du gouvernement s’éternise-t-elle?

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En Guinée, la composition du gouvernement de transition se poursuit. Mardi soir 26 octobre, quatre nouveaux noms ont été annoncés. Onze ministres ont été désignés pour le moment sur une équipe qui doit en compter au total 25. Cela fait maintenant plus de sept semaines que la junte dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya a renversé Alpha Condé et trois semaines que le Premier ministre Mohamed Beavogui a été désigné.

Mardi 26 octobre au soir, quatre nouveaux noms ont été annoncés par la junte. Diaka Sidibé, précédemment directrice général de l’Institut supérieur des Mines et de la Géologie de Boké devient ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. Yaya Sow, précédemment juge consulaire au Tribunal de Commerce de Conakry est nommé ministre des Infrastructures et des Transports. Aicha Nanette Conté, est nommée ministre de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables. Et pour finir, le portefeuille de l’Information et de la Communication revient à Rose Pola Pricemou.

Ces quatre personnalités occupent des fonctions ministérielles pour la première fois. Elles rejoignent ainsi les sept ministres déjà nommés. Dans le même temps, la junte a annoncé que le gouvernement de transition serait composé au total de 25 ministres.

La composition progresse donc mais prend un certain temps. Les militaires du CNRD et le Premier ministre Mohamed Beavogui sont face à une équation compliquée. Le colonel Mamadi Doumbouya a promis aux Guinéens une transition sans recyclage. Il faut donc trouver des profils compétents sans affiliation au régime précédent.

Une rupture difficile à mettre en œuvre dans un pays où l’administration est depuis longtemps fortement politisée, souligne Kabinet Fofana. Le politologue estime que la lenteur des annonces illustre les multiples tractations et réflexions en coulisses.

Un délai judicieux, sauf si…

Pour Aliou Barry, directeur du Centre d’analyse et d’études stratégiques, un cercle de réflexion guinéen, prendre le temps de bien choisir son équipe est positif. Surtout s’il s’agit de composer un gouvernement représentatif, inclusif, qui évite l’ethnicisation : « Ce tâtonnement est judicieux : comment composer un gouvernement en évitant la politisation ou l’ethnicisation ? Si vous prenez depuis 2010 tous les gouvernements, toute l’administration était vraiment [composée] de gens qui venaient de la même région et surtout du même parti politique. » Il note que pour le moment la junte veille à respecter les équilibres entre peuls, soussous, mandingues et forestiers.

Judicieux donc, sauf si la junte, qui n’a pas fixé la durée de la transition avant l’organisation d’élections libres, a un agenda caché. « Derrière, au Centre d’analyse, nous avons interrogé beaucoup d’acteurs politiques et de la société civile. Beaucoup commencent à se poser la question : pourquoi prendre du temps pour une équipe qui n’a qu’une transition à faire ? Quel sera le rôle par exemple d’un ministre des Travaux publics et des Infrastructures dans un gouvernement de transition ? Est-ce que c’est pour lancer des infrastructures ou est-ce que juste réorganiser le ministère ? On craint fort que derrière ce tâtonnement judicieux dans le souci d’avoir une équipe compétente ne se cache une volonté d’étaler la transition dans le temps. »

L’observateur relaie par ailleurs une interrogations partagée par d’autres sur les intentions de la junte concernant le délai de la transition : qu’est-ce qui motive des Guinéens à laisser de belles fonctions dans le privé ou dans des ONG pour rejoindre un gouvernement transitoire sans pouvoir se présenter aux futures élections ?

RFI

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