Le roi du buzz, pardon le puissant 4ème vice-président du Conseil National de Transition, Issa Kaou Djim, qui dit soutenir le président de la transition, mais paradoxalement met les bâtons dans les roues du chef du gouvernement, a été interpellé le mardi dernier. N’est-ce pas le début de la chute d’un soutien agonisant ?
La descente aux enfers de l’ancien N°10 du M5-RFP, président de l’Appel citoyen pour la réussite de la Transition (ACRT) Issa Kaou Djim ! Le 4ème vice-président du Conseil national de la transition a été interpellé sur instruction du procureur de la République près le tribunal de grande instance de la commune IV. Les raisons de son interpellation : « propos subversifs ». Il a passé la nuit du mardi à mercredi au Camp I de Bamako. Ces derniers temps, Issa Kaou Djim est très critique contre le premier ministre de la transition, Dr Choguel Kokalla Maïga. Sa dernière sortie virulente de Issa Kaou Djim contre son ancien camarade de lutte du M5-RFP date du début de cette semaine. Il a accusé le chef du gouvernement d’être responsable de l’expulsion du représentant spécial de la Minusma au Mali.
La liberté d’expresse en danger ?
Beaucoup de Maliens ont dénoncé, notamment sur les réseaux sociaux, l’interpellation de ce membre du CNT. Pour certains, c’est une atteinte à la liberté d’expression. Face à cette mesure qui violerait même les principes et les textes du CNT. Pour Oumar Mariko, président du Sadi, cette interpellation n’est qu’une violation de la liberté d’expression et une injustice à l’encontre du 4ème vice-président du CNT. « Après avoir écouté les vidéos de lssa Kaou N’Djim, je n’ai entendu aucun propos graves qui justifient son interpellation » confie Oumar Mariko, selon Figaro du Mali. Le parti ACRT, a abordé dans le même sens. « L’ACRT condamne cette interpellation avec la plus grande fermeté et appelle à sa libération immédiate et sans condition », a indiqué le communiqué qui a ajouté que « la liberté d’expression et d’opinion est le fondement de toute démocratie ». Pour certains observateurs, il y a de « l’arbitraire » dans cette interpellation de Issa Kaou Djim. « Il ne s’agit pas de la personne de Kaou Djim, mais plutôt de principes. Un principe universel est intemporel tant qu’il n’est pas aboli. Ce principe est le même à Bamako, à Kayes et à Kidal. Il demeure dans le temps et dans l’espace. Tant qu’il n’est pas abrogé, il est valable hier aujourd’hui et demain. De quoi est-il question aujourd’hui ? Il est question de liberté d’expression et d’opinion.
Interpeller un leader politique pour ses opinions est tout simplement contraire aux principes démocratiques. Kaou Djim est un polémiste, un personnage controversé, un agitateur, mais il est et avant tout un leader politique.
Ceux qui l’ont mis aux geôles aujourd’hui l’ont bien utilisé contre les précédents régimes pour ses qualités de tribun. Vouloir le faire passer pour un déstabilisateur aujourd’hui, c’est tout simplement se fourvoyer. J’ai écouté et réécouté les interviews de Kaou Djim, je n’ai nullement entendu un propos subversif », a écrit Youssouf Mangara sur sa page Facebook.
Pourtant, certains estiment que la liberté d’expression doit se faire dans le respect des textes de la République du Mali. « Il faut élever le niveau du débat : À un certain niveau de responsabilité, on démissionne ou on la FERME. Enfin, le jour où nous verrons l’arbitraire s’installer dans notre pays nous serons parmi les premiers à REFUSER : Vive la Libération d’expression dans le respect des lois de la République et de la défense de l’intérêt national », a écrit le président de la Maison de la presse, Bandiougou
Danté, sur sa page Facebook.
Issa kaou Djim protégé par l’immunité parlementaire ?
Me Kassoum Tapo est l’un des avocats du 4ème vice-président du CNT. Il a estimé que la justice n’a pas respecté tous les droits de son client, car ce dernier est protégé, selon lui, par son immunité parlementaire. « J’ai vu mardi soir mon client à la gendarmerie. J’ai demandé sa libération immédiate, parce que son immunité parlementaire n’a pas été levée avant son interpellation. C’est une violation de la loi », a précisé l’avocat selon nos confrères de APA.
Au moment où nous mettions sous presse cette information, le CNT dont il est le 4ème vice-président n’avait pas réagi.
Le soutien agonisant du président de la transition
Depuis l’installation des organes de la transition, Issa Kaou Djim s’est toujours déclaré comme un soutien inconditionnel au président de la transition. « L’imperturbable », « le patriote »… Assimi Goïta sont, entre autres, les qualificatifs qu’il a accordé au président de la transition. Mais le paradoxe de Issa Kaou Djim est qu’il soutient le président de la transition et tout en mettant les bâtons dans les roues de certains de ses collaborateurs.
D’abord sous Bah N’daw, il a toujours soutenu le colonel Assimi Goïta en s’attaquant au président et à son premier ministre Moctar Ouane. A la chute de ces deux personnalités, le tour à est Dr Choguel Kokalla Maïga.
La transition traverse un moment très difficile. Les autorités font face à la pression de la communauté internationale dont la CEDEAO pour le respect de la durée de la transition. Elles font face à la presse de la France et d’autres partenaires concernant des rumeurs d’un partenariat avec les mercenaires du groupe Wagner. A l’intérieur du Mali, elles font face à l’insécurité qui gagne du terrain et la pression d’une partie de la classe politique et des acteurs de la société civile pour le respect de la durée de la transition. C’est le premier ministre qui semble être visé car c’est lui qui fait des sorties médiatiques. Il subit des attaques des opposants. Très normal.
Mais le paradoxe, c’est le cas Issa Kaou Djim. Ce membre du Conseil National de Transition qui dit soutenir le président de la transition, est très critique contre le premier ministre ces derniers temps. Il met en cause tout ce qu’entreprend Dr Choguel Kokalla Maïga, bon comme mauvais. D’abord, pendant que des milliers de Maliens ont applaudi le discours du premier ministre Maïga sur la tribune des Nations Unies, Issa Kaou Djim, pour sa part, y a été très hostile. La dernière de ses sorties contre Choguel Kokalla Maïga date de ce début de semaine concernant l’expulsion, par le gouvernement, du représentant spécial de la CEDAO, Hamidou Bolly.
Les sorties acerbes de Issa Kaou Djim servent elles le président de la transition qu’il prétend soutenir ? Incertain. Le colonel Assimi est le premier responsable de la transition, l’échec du premier est le sien. Donc Issa Kaou Djim n’est qu’un soutien agonisant du président de la transition car il contribue, au même moment, à l’échec de ce dernier à travers son premier ministre.
Boureima Guindo
Source: Le Pays