Après une période d’accalmie, plusieurs syndicaux nationaux se font entendre. Ces syndicats, notamment ceux des Banques et Etablissements financiers, des stations d’essence et des Boulangeries… Aussi, les prix des condiments, des denrées céréalières, des Biens et services de première nécessité grimpent constamment dans tout le pays. Réalité qui interpelle fortement les Autorités de la transition afin d’éviter que cette grogne sociale ne se transforme en une crise généralisée.
Onze Banques sur les quatorze que compte le Mali ont entamé, le mercredi 27 octobre 2021, une grève de 72 Heures qui a été reconduite le lundi dernier. Un mouvement de grève de 72 trois jours en réponse à l’appel du Syndicat national des Assurances, Banques et Etablissements financiers et de Commerce du Mali (SYNABEF).Les grévistes réclament l’application des augmentations salariales obtenues en 2021 conformément au procès-verbal de conciliation signée le 5 février dernier entre l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) et le Gouvernement ; la finalisation de la relecture de la convention collective des Banques, Assurances et Établissements Financiers du Mali », a expliqué dans une Déclaration Hamadoun Bah, Secrétaire Général du SYNBEF.
Hamadou Bah a ajouté que le Syndicat souhaite l’ouverture des négociations sur la valorisation du taux de ristourne des revendeurs de Pari Mutuel Urbain (PMU Mali), à 10% du Contrat de travail, conformément au Code du travail ainsi que la régularisation du contrat des travailleurs de la Société Africaine d’Études et de Réalisations (SAER-Emploi), spécialisée dans le recrutement et conseils en Ressources humaines.
« C’est un groupuscule qui est en train de manipuler les autres sur du faux pour des intérêts personnels. Au-delà de ça la grève est illégale au regard de l’article 2 de notre convention collective des Banques », a indiqué Papa Sadio Traoré, le Secrétaire Général du Comité Syndical de la Banque du Développement du Mali qui s’est désolidarisé de la grève alors que le SYNABEF réclame le départ de son Administrateur Général.
Cependant cette grève des banquiers, intervenue à la veille de la rentrée scolaire, a fortement pénalisée les clients de ces établissements. Et les populations critiquent les banquiers grévistes pour cette action qui ne tient nullement compte de l’intérêt des clients.
Quant aux Employés des plusieurs stations d’essence, ils ont observé, le mercredi 27 octobre 2021, un mouvement de grève de 72 Heures pour dénoncer les conditions de travail déplorables et les licenciements abusifs et réclamer l’application de la convention collective, la régularisation des contrats de travail et le respect des Heures supplémentaires et la rémunération des primes.
De leurs côtés, les Boulangers avaient, eux aussi, observé une grève de 24 Heures. Cette grève était consécutive à une à l’exigence de l’Etat à maintenir le prix de la baguette de pain à 250 francs CFA. Mais le Syndicat des Boulangers demandait d’abord la baisse du prix de la farine qui est actuellement en hausse.
Les prix prennent l’ascenseur !
Le constat est réel, l’inflation des prix des denrées alimentaires, des condiments et des produits de première nécessité est aujourd’hui à l’origine d’un véritable malaise social dans presque tous les foyers et au sein de toutes les couches sociales.
En tout état de cause, le marché est devenu très cher, les emplettes ne suscitent plus de fierté. Ce qui fait que les populations peinent à joindre les deux bouts et osent interpeller prématurément le Premier Ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga. De nos jours, l’augmentation des prix est devenue exponentielle. Surtout concernant les prix de la viande (passé de 2500 à 3500 FCFA), de l’huile (de 800 à 1100 FCFA), des œufs (de 2000 à 2750/l’alvéole) de la farine alimentaire, du haricot, du poisson, du gaz (de 2500 à 2500 FCFA pour recharger une bouteille de 6 Kg), du charbon, du bois de chauffe, de l’eau, de l’électricité, etc. A tous les niveaux, les prix ont passé de 3% à 7%…
Pour ce qui concerne le ciment, la volatilité du prix, selon la direction générale du commerce et de la concurrence (DGCC), est liée à la combinaison de plusieurs facteurs, notamment la baisse de la production locale et des importations. La production nationale, ajoute la DGCC, est en chute en raison des délestages et coupures intempestives d’électricité. Et les pays d’importation confrontés aux mêmes difficultés ont diminué drastiquement leurs exportations.
Par ailleurs, les perturbations du trafic routier inter-Etat consécutives aux crises sociopolitiques dans le secteur des transports et de l’administration ont des impacts négatifs sur l’approvisionnement régulier de notre pays.
Pour ce qui est de l’huile, la DGCC soutient que l’approvisionnement de notre pays est de moins en moins confortable. Le besoin de consommation estimé à 120.672 tonnes par an n’est couvert qu’à 80% par la production nationale et le reste est importé principalement de la Côte d’Ivoire. Actuellement, le marché national se caractérise à la fois par une baisse de la production nationale et des quantités importées. La baisse de la production nationale est consécutive à la pénurie de matière première, en dépit de la mesure de subvention de la graine de coton à l’achat local et l’importation. Les industriels ont du mal à trouver le produit sur le marché régional à importer.
A cet effet, le Gouvernement interpellé doit faire extrêmement attention. Car, à vrai dire, aujourd’hui, tous les ingrédients sont là et risques d’exploser au grand complet. Cela, face à un Régime transitoire très fragile au plan sécuritaire et socioéconomique. Avec 18 mois à peine, la transition est confrontée à des questions sociales qui nécessitent des réponses urgentes. Sur le marché, c’est manque d’argent criard. La pauvreté et les tensions sociales deviennent perceptibles partout sur le front social. Ce qui constitue un signal fort à l’adresse des nouvelles Autorités. Alerte maximale à ne pas sous-estimer du côté du côté du Gouvernement.Sur le front social, les populations ne cachent point leur mécontentement. Le malaise social persiste et se faire remarquer dans tous les milieux et secteurs vitaux. Les Travailleurs de la Fonction publique et les cadres du secteur privé se plaignent de l’insuffisance de leurs salaires à cause de l’inflation des prix sur le marché et dans le domaine des loyers. Les femmes, les investisseurs se plaignent tous de leur côté. Ce qui fait qu’après plus d’une année de la transition, le mécontentement social persiste. Or, l’on ne doit pas oublier que le Régime d’IBK a été renversé suite à des frondes sociales transformées en crise sociopolitique parachevée par un coup d’Etat militaire.
Bref, que ce soit dans l’achat de nourriture, les prestations des Biens et services, les loyers, les frais de transports et de soins de santé, l’éducation des enfants, les tarifs des loyers, les factures de l’eau et de l’électricité, etc., sur tout le marché national les prix grimpent, il y a la mévente à cause de manque d’argent et de la pauvreté. Les germes d’une tension sociale sont perceptibles. La cherté de la vie exige des réponses urgentes, elle est un signal fort à ne pas sous-estimer du côté des Décideurs politiques. Surtout que, dans les rues ou grains de Bamako, et sur les lieux de travail, les populations ne cachent plus leur colère.
Mohamed Sylla
Source: L’Aube