La Seine-Saint-Denis lance ce mardi un observatoire des discriminations et de l’égalité. Et ce, au moment où 63% de ses habitants déclarent avoir été discriminés au cours des cinq dernières années, notamment en raison de leur origine ou de couleur de peau.
Ce sondage mené par Harris Interactive pour le département « montre une augmentation des faits vécus ou ressentis par les habitants de la Seine-Saint-Denis à un niveau très élevé ». C’est ce qu’indique le président (PS) du Conseil départemental, Stéphane Troussel. La part des habitants qui se disent victimes de discriminations a augmenté de sept points par rapport au précédent baromètre réalisé en 2019 et dévoilé en 2020.
Neuf personnes interrogées sur dix estiment que des personnes sont discriminées dans le département du fait de leur couleur de peau, de leur religion ou de leur quartier d’habitation. Le phénomène apparaît aussi dans le monde du travail, la recherche d’un logement ou les rapports avec la police et la justice.
Le sondage a été réalisé par téléphone du 5 au 19 juillet 2021 auprès d’un échantillon de 1002 personnes, représentatif des habitants de Seine-Saint-Denis âgés de 18 ans et plus.
Un observatoire chargé de proposer des actions concrètes
Face à ce constat, « on décide de prendre nos responsabilités en créant cet observatoire des discriminations et de l’égalité, je crois que c’est une première en France, parce que de notre point de vue, dire c’est déjà agir », affirme Stéphane Troussel.
« Quand il y a des discriminations et qu’elles persistent (…) c’est la promesse d’égalité républicaine dans notre pays qui est mise en cause », met en garde le président du Conseil départemental. Officiellement lancé à Montreuil, ce nouvel observatoire aura pour mission de recueillir des faits et de les analyser, de sensibiliser les habitants et les acteurs de terrain, et de mener des actions concrètes comme une campagne de testing prévue en 2022.
Des inégalités souvent pointées
Département le plus jeune de France métropolitaine, la Seine Saint-Denis est le plus pauvre. Une étude de l’Insee de mai 2021 révélait que plus d’un quart de la population en Seine-Saint-Denis vivait sous le seuil de pauvreté. En juin 2018, un rapport parlementaire accablant avait déjà mis en évidence les inégalités en Seine-Saint-Denis. En réaction à ce qui était alors dénoncé comme la « faillite de l’Etat » dans le département, en 2019, le Premier ministre Edouard Philippe avait dévoilé un plan « sur mesure » avec une vingtaine de dispositions pour améliorer le quotidien des habitants, de la sécurité à l’éducation en passant par la santé. Les choses ne semblent pas avoir fondamentalement bougé, d’autant que la pandémie de Covid-19 a aussi particulièrement affecté la population locale.
L’observatoire lancé ce mardi disposera également d’un conseil associé composé d’habitants, d’experts et de chercheurs qui proposeront des actions en faveur de l’égalité. Ce nouvel outil est créé sur le même modèle que l’Observatoire des violences faites aux femmes, instauré en 2002. Le département avait alors été le premier à se doter d’une telle structure, puis à voir naître des dispositifs innovants comme le « téléphone grave danger » déployé ensuite au niveau national.