Détenu depuis plusieurs mois par la junte en Birmanie, le journaliste américain Danny Fenster a été inculpé ce mercredi 10 novembre de terrorisme et sédition. Il risque la prison à vie.
Danny Fenster était déjà poursuivi pour incitation à la dissidence, association illégale et pour avoir enfreint la loi sur l’immigration. Des accusations passibles de six années de prison. Deux nouvelles charges viennent de lui être notifiées. Il est visé par « deux chefs d’accusation en vertu de l’article 50(a) de la loi antiterroriste et de l’article 124(a) du code pénal », a déclaré à l’AFP son avocat Than Zaw Aung. Une condamnation au titre de la loi antiterroriste est passible d’une peine allant jusqu’à la prison à vie.
Actuellement détenu à la prison d’Insein, à côté de Rangoun, Danny Fenster avait été arrêté fin mai alors qu’il tentait de quitter le pays. Il dirige la publication Frontier Myanmar. Le journaliste aurait contracté le Covid-19 pendant sa détention, avaient annoncé des membres de sa famille lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes américains en août. « Il est devenu très maigre », déclare son avocat Than Zaw Aung à l’AFP ce mercredi.
Les espoirs suscités par la visite de Bill Richardson
Ces nouvelles accusations tombent quelques jours après que l’ancien diplomate américain Bill Richardson a rencontré le chef de la junte Min Aung Hlaing dans la capitale Naypyidaw. Il s’agissait officiellement d’une visite humanitaire privée, pour la lutte contre la pandémie de Covid-19 selon l’armée, mais ce déplacement en Birmanie de l’ex-ambassadeur des États-Unis à l’ONU avait ravivé l’espoir d’une libération de Danny Fenster.
Bill Richardson est en effet connu pour avoir négocié la libération d’otages américains dans le monde, des prisonniers et de militaires américains en Corée du Nord, à Cuba, en Irak et au Soudan. Il a récemment cherché à faire libérer des détenus affiliés aux États-Unis au Venezuela. Mais, selon Bill Richardson, qui n’a pas voulu donner plus de détails, le département d’État américain lui avait demandé de ne pas évoquer le cas de Danny Fenster lors de sa visite.
Le cas du journaliste est emblématique des difficultés et dangers auxquels sont confrontés les journalistes et plus largement la société civile en Birmanie depuis le retour des militaires au pouvoir en février 2021. La répression y est sanglante : plus de 1 200 civils tués et plus de 7 000 en détention, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Cette ONG locale rapporte des cas de tortures, de viols et d’exécutions extra-judiciaires. La presse est étranglée par la junte qui tente de renforcer son contrôle de l’information, limitant l’accès à l’internet et annulant les licences des médias.
RFI