Invoquant des raisons de sécurité, la Mairie de la commune V du district de Bamako a notifié aux occupants des alentours du Mess des officiers sis à Badalabougou de la décision d’expulsion et la sommation de quitter les lieux sous huitaine a été personnellement servie.
Le maire de la commune V, Amadou Ouattara pourra même faire appel à la force publique s’ils ne s’exécutent pas dans un délai de huit jours. Les occupants des alentours du Mess des officiers vont devoir en libérer l’accès. Adama Coulibaly, une des personnes concernées, a laissé entendre qu’une délégation devra dans les heures qui suivent prendre langue avec le maire en vue d’obtenir un délai raisonnable.
Les voies de circulation et les trottoirs sont anarchiquement occupés depuis des années par des kiosques pouvant tordre le cou à la sécurité de l’Ecole de guerre qui va naître sur les cendres fumantes du Mess des officiers, en attendant la fin des travaux de construction du site retenu sis à Sébénikoro.
De l’avis des spécialistes, le chômage, le déficit des ressources économiques et l’insuffisance de la production sont autant de maux qui minent aujourd’hui la société africaine en général et malienne en particulier. A partir des années 1980, le Mali connaît une crise économique caractérisée par une importante récession. Cette crise s’est soldée par la compression des agents. Les programmes d’ajustement structurel (PAS)adoptés par le Mali et nombreux autres pays africains en réaction à cette crise économique ont eu des effets pervers sur les populations, notamment les groupes les plus démunis dans le domaine de l’emploi, des revenus, de la nutrition, de la santé et de l’éducation. Pour atténuer donc les effets négatifs sur les groupes vulnérables, une des alternatives pour ces pays est d’étudier les possibilités susceptibles de promouvoir l’entreprenariat. Il était alors devenu urgent de forger une conscience basée sur l’initiative privée ou l’effort personnel.
C’est dans ce contexte de volonté politique que des métiers du secteur informel verront le jour. A côté de ce secteur, il existe des sous-secteurs dans lesquels on peut ranger les petits commerces. Cette réalité sociale prend de nos jours une ampleur importante dans la ville de Bamako à telle enseigne que les trottoirs et carrefours sont devenus des lieux de commerce.
Ainsi pour pallier un problème on en crée d’autres : l’occupation des espaces publics. L’occupation spontanée et illégale des trottoirs paraîtrait si mineur mais prend une ampleur de plus avec la crise économique et sociale, dans un contexte de mauvaise gestion des espaces publics dans la ville de Bamako.
La ville, et singulièrement la capitale, qui fait la fierté des nouveaux Etats, et qui n’évoque pas toujours la sécurité et la prospérité devient à tout bout de champ un vaste marché et même les trottoirs qui sont pour la circulation des piétons, un véritable lieu d’exercice des activités pour les citadins. Lieux de rencontre, d’échange, de communication et de socialisation, les espaces publics perdent de plus en plus leurs fonctions et usages premiers au profit de multiples activités très variées.
Le trottoir est devenu pour bon nombre de citadins le principal lieu d’exercice de leurs activités, le détournant ainsi de sa fonction et de son usage premier, à savoir le passage des piétons ; ce qui pose problème non seulement au niveau de la gestion de l’espace public et de l’aménagement urbain, mais et surtout au niveau de la gouvernance urbaine, vu les conséquences néfastes que de telles pratiques ont sur les riverains et les passants.
Fanfan
L’Informateur