C’est l’histoire d’un drame familial, en pleine crise migratoire à la frontière polono-biélorusse. Une histoire comme il y en a malheureusement tant d’autres. Il s’appelle « Rami », un prénom choisi pour l’occasion, et il est accompagné par l’ONG Grupa Granica, une des rares organisations présentes sur place à venir en aide aux migrants coincés dans les bois glacés.
Avec notre envoyé spécial en Pologne, Romain Lemaresquier
« Rami » est Syrien. Il a quitté son pays il y a douze ans, lorsque l’armée l’a appelé pour partir combattre. Après un périple d’un an, il est parvenu à rejoindre l’Autriche où il a obtenu l’asile. Depuis, il n’a jamais revu ses parents. Sa mère et son père ont décidé de le rejoindre il y a près d’un mois, en passant par Minsk, la capitale biélorusse. Lui, a gagné la Pologne pour tenter de les retrouver. Il est accompagné par l’ONG Grupa Granica, une des rares organisations sur place à venir en aide aux migrants.
« Ce sont vraiment des gens très sympa. Ils m’accompagnent depuis presque vingt jours pour tenter de trouver des informations sur mes parents », dit-il. « Au départ mes parents faisaient partie d’un groupe de quatre migrants. Les Biélorusses les ont envoyés à la frontière. Ils auraient tous dû aller à l’hôpital. Mais les autorités polonaises ont refoulé mon père et aujourd’hui je ne sais pas où il est », s’inquiète « Rami ».
« Je me sens très mal »
Sa mère, quinquagénaire, est hospitalisée à quelques kilomètres de la frontière. Elle a les ligaments croisés, des deux jambes, cassés et peut-être une fracture, la faute aux coups reçus en Biélorussie. Des retrouvailles que « Rami » n’imaginait vraiment pas ainsi : « Très mal, je me sens très mal. Quand tu sais que ta mère va te rejoindre, après douze ans, tu te réjouis, tu fais des projets. Et là, d’un coup, c’est le cauchemar, le début d’un film d’horreur. »
Sa mère a été opérée. Mais désormais « Rami » craint la suite, même si, selon une bénévole de Grupa Granica, elle devrait pouvoir rester sur le sol polonais. « La situation devrait normalement être sous contrôle. Mais comme nous avons pu le constater, cela ne fonctionne pas toujours ainsi. Parfois, les forces de sécurité qui sont à l’intérieur de l’hôpital les ramènent vers la forêt en Biélorussie ». « Rami » a pu discuter une heure, en tête à tête, avec sa mère. Il attend désormais de savoir si elle sera renvoyée de l’autre côté de la frontière.
RFI