Malaise social, marasme économique, insécurité grandissante, incertitude politique, relations détricotées avec les voisins…, le pays, de plus en plus, suscite l’inquiétude, nonobstant les enflammades de certains compatriotes abreuvés d’un optimisme béat. Le Stratège du Mouvement de contestation devenu chef du Gouvernement, en est pleinement conscient. Il a recours au modèle autoritaire-nationaliste qui a fait école et qui fait encore les beaux jours de pouvoirs autocratiques dont nous cherchons en ce moment à nous rabibocher. Il allume un incendie en plantant des banderilles à notre « partenaire historique » et en livrant la CEDEAO à la vindicte populaire.
Le stratagème consiste à fabriquer un ennemi extérieur et tous ceux qui ne porteraient pas d’œillères pour regarder dans la direction voulue, tous ceux qui s’autoriseraient des libertés pour se détourner des figures imposées seraient désignés « agents de l’étrangers » ou « forces rétrogrades » opposées aux « forces du changement ». Il en est ainsi. Quand la situation politique se caractérise par un vide des idées, elle est remplie comme à chaque fois par la violence des arguments pour paraphraser Jacques ATTALI. Mais là n’est pas le propos.
L’ennemi étant désigné, il faut un front uni, pardon une brigade pour mener la riposte face à une agression tout autant spécieuse. Ainsi, après les applaudissements des rentiers politiques et leur courtisanerie à deux balles subventionnée, ces spécialistes du retournement de veste, la valse spectaculaire des jeunes voltigeurs égarés sur les remparts, CKM, jamais avare en mise en scène pompière, reçoit pompeusement les Chefs Traditionnels et Coutumiers du Mali ‘’pour échanger sur la conduite de la Transition, les enjeux et les défis’’, selon un communiqué de la Primature.
«Kayes demande 5 ans pour la Transition », aurait dit le représentant de la première région, lors de la rencontre de ce vendredi avec le Premier ministre. On dirait que les chèques alimentaires ont altérés le jugement de certains vénérables, parce que de telles déclarations surréalistes nous ramènent au bas des pâquerettes. Elles illustrent de toute évidence le théâtre dans le ramdam de certains ‘’processionnistes’’ séducteurs jusqu’à l’obséquiosité. Depuis quand, en démocratie, un chef coutumier ou traditionnel peut-il engager une région ? Nous sommes dans une transition, certes, mais pas dans une anarchie où le tout-venant peut se draper d’une mission prophétique.
En définitive quelle est la destination de CKM en organisant de grand raout politique : diversion ou action ?
En s’engluant dans une réunionnite bréhaigne, il y a certainement une bonne dose de diversion, d’endormissement des oreilles non averties pour un triomphe certain de la chronophagie, le seul en agenda que l’on ne saurait objectivement mettre en doute en ces moments de frénésie autour des Assises Nationales de la Refondation qui en seraient le vernis de légitimité populaire.
L’action ? Elle semble se conjuguer aux slogans incantatoires, aux prédictions dans bien des dossiers comme celui de la sous-traitance la sécurité à un groupe privé russe, de l’école où l’harmonisation de la grille de salaire semble masquer une carambouille.
Loin de faire les cassandres qui annoncent la bérézina, il y a une urgence de reprendre la main en sortant des ravaudages pour que le « Mali Kura », de mythe devienne une réalité.
PAR BERTIN DAKOUO
Source: Info-Matin