Trois femmes juges ont présenté jeudi 25 novembre leur démission pour protester contre les pressions politiques et les atteintes à la crédibilité de la justice.Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
La démission des trois juges intervient dans un contexte de bras de fer qui dure depuis des mois entre la justice et une partie de la classe politique.
L’enquête sur la double explosion du port de Beyrouth est entravée par des ingérences politiques dans le but d’empêcher le juge d’instruction d’engager des poursuites contre d’anciens ministres et des députés. Une quinzaine de recours ont été déposés contre le juge Tarek Bitar dans le but de le dessaisir du dossier.La querelle autour de l’enquête sur le port a entraîné la paralysie du gouvernement, qui ne se réunit plus depuis plus d’un mois. Une instruction ouverte contre le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, pour détournement de fonds et corruption a également été suspendue après des poursuites engagées contre le juge chargé de l’enquête.
En plus des ingérences politiques, les magistrats sont affectés par la crise économique et financière qui frappe le Liban. Les salaires des juges ont été dévalorisés en raison de la dépréciation de la livre libanaise et de l’inflation des prix.
La démission des juges Jeannette Hanna, Roula Husseini et Carla Kassis n’a pas encore été acceptée. Le Conseil supérieur de la magistrature craint une crise qui risque de paralyser le pouvoir judiciaire.
RFI