Le suspens était à son comble. Presque tout le pays était suspendu sur la tenue hier dimanche, du point de presse de Cheick Imam Mahmoud Dicko. Ceux qui s’attendaient à un show politique à boulets rouges de l’imam Dicko ont été mal servis, car l’ancienne autorité morale du M5RFP a joué sur le registre de la sagesse. Une cérémonie de lecture de Saint Coran, d’invocations et de bénédictions pour le Mali. A la fin de laquelle, le Cheick, à la faveur d’un point de presse a tenu, quand même, à clarifier certaines choses sur lui. Dans l’ensemble, il a prôné le sursaut national de toutes les forces vives de la Nation.Annoncé huit jours à l’avance, le point de presse de Cheick Imam Mahmoud Dicko était attendu comme l’amorce d’un nouveau tournant pour la transition politique au Mali. Ce tournant, sera sans doute l’union de toutes les forces vives pour sortir le pays de l’impasse.Ainsi, comme l’on pouvait s’y attendre, ce rendez-vous d’hier dimanche a relevé le défi de la mobilisation, autant des fidèles de l’imam Dicko que de la presse nationale et internationale. C’était sur le terrain de foot de Bacodjicoroni devant le centre qui porte son nom. Ils étaient plusieurs centaines de fidèles à répondre à l’appel du Cheick Imam Mahmoud Dicko. Des femmes et hommes tous engagés à soutenir les idéaux de celui qu’ils considèrent comme une référence pour l’humanité ont répondu présents. Ce qui était annoncé comme un meeting politique a vite pris les allures d’une cérémonie religieuse, avec la lecture du Saint Coran par les adeptes de l’imam et la distribution des repas en guise de sacrifice.
Ce n’est qu’à la fin de l’après-midi que l’Imam Dicko a fait son apparition sous les cris et les applaudissements de ses fidèles. Avant de faire sa déclaration, il a tenu à remercier toutes les personnes qui ont effectué le déplacement sous ce soleil ardent. Son prône s’est architecturé à une adresse à tous les Maliens, des amis du Mali (la communauté internationale) et sur certains sujets d’actualités. De même qu’un exercice d’éclaircissement sur certains dits portés à sa personne et son pardon envers ceux qui l’ont calomnié jusqu’ici.
L’heure de clarification dans la rectification de la Transition
Dans sa déclaration, le Cheick Imam Mahmoud Dicko a dit qu’il a voulu organiser cette journée de prière pour que Dieu, le Tout-puissant puisse pardonner à tous les Maliens, afin de leur accorder sa grâce pour venir en aide au Mali. Ce, afin que les problèmes que nous traversons puissent être réglés. Et de demander également au Tout-puissant de faire en sorte, que tous les Maliens se retrouvent et aient une seule foi. En tout cas le concernant, l’Imam Dicko a déclaré avoir pardonné à toutes les personnes qui l’ont calomnié.Mettant l’évènement dans son contexte, il dira que le fait d’organiser ce genre de journée relève d’un devoir pour lui en sa qualité d’Imam, de personne âgée et Malien comme tout le reste de la population. Cependant, il s’est dit écœuré des manœuvres de diffamations fomentées contre lui au point de se voir traiter comme un ennemi du Mali. Cela, jusqu’à ce que certains sont arrivés à dire qu’il complote quelque chose avec la France contre le Mali. Pour l’Imam Dicko, au lieu de le soutenir dans cette démarche de prière pour notre pays, certains n’ont trouvé d’autres moyens que de payer des videomans pour l’insulter et le traiter d’ennemi numéro 1 de notre pays. Selon lui, depuis 2012 il a souvent été victime de ces genres d’accusation venant des personnes qui cherchent à le nuire à tout prix malgré toutes ses actions de bonne volonté pour que notre pays sorte de l’abime. Et de déclarer qu’il ne connaissait ni Amadou Haya Sanogo lorsqu’il faisait le Coup d’Etat de 2012 encore moins Assimi Goita avant août 2020. Malgré tout, des gens l’accusent d’être à l’origine de ces coups d’Etat.
« A tous les régimes qui ont été déchus, j’ai été le premier à les alerter de changer leur mode de gouvernance, et ils ne m’ont pas écouté. Plutôt ils m’ont traité comme leur ennemi», a-t-il dit. A l’en croire, il a toujours été celui qui aidait les régimes à ne pas sombrer et les invitait à écouter leur peuple meurtri. D’ailleurs, qu’IBK a été son ami et l’aidait dans ce sens-là. Malgré ses efforts, certaines personnes et IBK lui-même l’ont traité d’être en contact avec les djihadistes pour faire instaurer une République islamique au Mali. « Cela m’a beaucoup choqué. Et je ne pouvais que demander à Dieu de m’aider à faire triompher la vérité. C’est ce qui a été fait. Une semaine après IBK est tombé », a-t-il dit.
Des révélations et la demande de clémence de la communauté internationale envers le Mali.
Cheick Imam Mahmoud Dicko a déclaré qu’après le coup d’Etat de 2020, il a eu un entretien avec Assimi Goita sur ce qui doit être la trajectoire de la Transition dans notre pays. A cet effet, il dira que lors de cet entretien, l’actuel Président de la Transition lui a recommandé de choisir un bon Premier ministre pour le Mali. « Je n’avais qu’une personne en tête. C’était Abdoulaye Idrissa Maiga. Puisque que j’ai reçu des témoignages venant même d’IBK que cet homme est un homme intègre. Je l’ai démarché pour qu’il soit Premier ministre mais il a refusé sous prétexte que lui il est républicain et ne pouvait pas travailler avec les putschistes », a-t-il dit. Pour lui, après le refus d’Abdoulaye Idrissa Maiga, Moctar Ouane qui venait de Ouagadougou lui a rendu une visite. Et de ce fait, il a eu l’idée de proposer la nomination de ce dernier comme Premier ministre grâce au fait qu’il est neutre et n’est pas mêlé à des dossiers de corruption. Et de dire que pendant que Moctar Ouane était Premier ministre, il ne lui a jamais demandé ou bénéficié d’une faveur quelconque de sa part, même pour son choix dans la composition de son Gouvernement.
A la fin de sa déclaration, il s’est encore adressé au peuple malien de faire un effort pour qu’on chasse de nos cœurs les démons de la division, de la rancœur, de la haine pour qu’il puisse avoir dans nos cœurs de l’amour, du pardon, de la solidarité.
Selon l’Imam Dicko, ce moment est l’occasion pour les Maliens à se mettre ensemble et dépasser les différends et contradictions pour faire face à l’essentiel.
« Je demande à toutes les forces vives et aux autorités de la Transition de se mettre ensemble pour un sursaut national afin de sauver l’essentiel qui est notre pays », a-t-il déclaré.
Avant de conclure son intervention, l’Imam Dicko a sollicité l’indulgence, la compréhension et l’accompagnement de la communauté internationale, des pays amis, singulièrement les pays de la CEDEAO.
« Le peuple malien n’est pas ingrat. Certes, nous ne sommes pas un peuple soumis, mais nous sommes reconnaissants » a-t-il dit.
Adama Tounkara (stagiaire)
Source: Le Sursaut