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« Briser l’étau de la vie chère » Par Seydou Mamadou Coulibaly *

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Selon les données officielles de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), l’inflation (hausse généralisée des prix des produits de grande consommation) dans la zone est ressortie à 4.3% à la fin du mois de septembre 2021 .

Les denrées alimentaires sont les plus impactées par la hausse des prix. Au Mali, le gouvernement de transition a pris des mesures pour limiter les conséquences de l’inflation. Le manque à gagner pour l’État est estimé à plus de 10 milliards de FCFA . Malgré les efforts, de nombreuses personnes vulnérables sont confrontées à une misère alimentaire. Beaucoup de maliens n’arrivent plus à subvenir aux besoins essentiels et à se nourrir convenablement. Cela augmente la vulnérabilité de nos populations et déstructure toute notre organisation sociale. Le manque d’accès aux produits de première nécessité renforce l’insécurité dans le pays et empêche la jeunesse d’envisager un avenir serein. L’urgence sociale née de cette situation place le Mali dans la recherche perpétuelle de solutions l’empêchant d’envisager des perspectives plus reluisantes.

La combinaison de plusieurs facteurs négatifs

Au Mali, l’inflation est liée à plusieurs facteurs à commencer par l’insécurité. Depuis plusieurs mois, les groupes armés terroristes sont particulièrement actifs dans les zones d’activités rurales. Le pillage du bétail et le saccage des récoltes sont devenus récurrents. À cela s’ajoutent les difficultés d’acheminement des produits vers les zones de consommation. Les effets du changement climatique pèsent également sur la production locale avec l’exode rural qui prive les zones rurales de main d’œuvre. Ces différents aléas ont une conséquence sur le prix des denrées alimentaires. Mais le véritable problème réside dans la recherche de l’équilibre entre le pouvoir d’achat des citoyens et le prix des produits de première nécessité.

Une situation paradoxale

Pour la campagne agricole 2020-2021, le Mali a produit 10,4 millions de tonnes de céréales, cette production est en légère augmentation par rapport à la campagne précédente (10.3 millions de tonnes) . La production de 10.4 millions de tonnes a permis au pays de dégager un stock excédentaire de 3.9 millions de tonnes. Ces importantes productions permettent certes d’atténuer le choc, mais ne constituent pas un élément décisif. Le panier de la ménagère est composé de nombreux autres produits, qui restent très souvent inaccessibles du fait de l’augmentation de leur prix. Le Programme Alimentaire Mondial estime que 5.4 millions de personnes pourraient se retrouver en situation d’insécurité alimentaire dans le pays. Le stock excédentaire ne pourrait qu’atténuer certains effets, sachant bien que la céréale seule ne suffit pas à constituer une alimentation équilibrée.

Les difficultés conjoncturelles

En raison de sa situation géographique de pays enclavé, le Mali a une économie largement dépendante des importations (biens et services achetés à l’extérieur) représentant près de 40% de son produit intérieur brut (PIB) qui mesure la richesse nationale. L’insécurité, avec son cortège d’attaques terroristes, a rendu la situation plus intenable. Conséquence immédiate : les denrées alimentaires représentent, au niveau des importations, un montant annuel de plus de 300 milliards FCFA selon les données officielles. À quoi, il faut ajouter la pandémie de la COVID 19 qui a exposé le pays à de grandes difficultés. Le prix de nombreux produits d’importation a fortement augmenté sur le marché. La difficulté réside également dans le fait que les prix pratiqués sur le terrain varient et ne suivent aucune logique. L’augmentation des prix est soutenue par les difficultés d’acheminement et par les rackets des acteurs du crime organisé. La situation est assez confuse sur les marchés, les commerçants expriment leurs difficultés liées aux facteurs internes comme le faible contrôle de la concurrence déloyale ou encore par certains prélèvements abusifs de taxes.

Renforcer la résilience malienne face aux difficultés

Le Mali possède de nombreux atouts et une capacité de résilience impressionnante. Cela est à mettre au crédit des producteurs qui, contre vents et marées, poursuivent leurs activités, les opérateurs économiques maliens étant réputés figurer parmi les plus dynamiques d’Afrique, leurs efforts permettent de maintenir l’activité économique à flot, la croissance économique ne s’est pas complètement effondrée, elle est estimée à environ 4%. Ce qui représente une prouesse par ces temps de récession. La diaspora malienne n’est pas en reste, elle continue à transférer dans le pays près de 600 milliards FCFA chaque année par les circuits financiers officiels, presque le double de l’aide publique au développement. Les autorités jouent également un rôle important en s’adaptant à la situation par la mise en œuvre de solutions. La combinaison de tous ces facteurs a permis au Mali de maîtriser son inflation à environ 2% la plus faible de l’espace UEMOA.

VALORISER LES POTENTIALITÉS

Les potentialités du Mali doivent être plus valorisées. La pandémie de la COVID-19 a imposé de nouvelles habitudes, à commencer par le renforcement de l’incitation à la consommation locale. Une piste de solution serait d’orienter les efforts vers les producteurs locaux, dans le but de soutenir le secteur secondaire. Dans le même esprit, il faudrait un meilleur contrôle des prix pratiqués. En réalité, le Mali devrait renforcer son organisation interne pour mieux créer l’adéquation entre l’offre et la demande. Pour rendre plus efficients les efforts significatifs de ces dernières années, un dialogue permanent s’impose avec les partenaires sociaux dans le but de revaloriser les salaires en cohérence avec l’inflation afin d’améliorer le pouvoir d’achat des populations. La lutte contre le chômage des jeunes, la réalisation d’infrastructures intelligentes rapprochant les zones de production des zones de consommation sont autant de solutions à envisager rapidement. Au-delà des solutions à court terme, telles que les subventions ponctuelles, il faudrait développer de véritables stratégies adossées à un suivi régulier. La lutte contre l’insécurité revêt un caractère particulier, la protection et la sécurisation des zones de production agricole, d’élevage, de pêche, les couloirs de passage d’animaux, les marchés quotidiens et hebdomadaires, les principaux axes de déplacement des citoyens et des touristes, ainsi que les espaces à forte potentialité minière doivent être une priorité absolue. S’il est admis que toute guerre a besoin de ressources, il parait indispensable de superposer les cartes de ces zones de création de richesse avec celles des conflits. Une telle démarche pourrait constituer un mécanisme d’anticipation et de détection de tout acte pouvant nuire à la quiétude de nos concitoyens. La sécurisation des lieux de production aura plusieurs avantages, notamment la protection des citoyens, de leurs activités et de l’économie nationale. En valorisant ses potentialités internes, le Mali pourra durablement sortir sa population de la précarité alimentaire et exporter le surplus de la production agricole afin d’améliorer le revenu de nos producteurs agricoles de même que les recettes d’exportation de notre pays.

*Président du Mouvement BENKAN, le Pacte Citoyen

 

 

 

 

 

 

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