Le 04 septembre 2013, le procureur général près la Cour suprême du Mali, Mahamadou Boiré, dans son réquisitoire lors de l’audience solennelle de prestation de serment du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, avait lancé cette phrase : « Méfiez-vous des rats du Palais ». Le procureur général avait trouvé cette formule imaginée pour mettre intelligemment en garde le président élu contre les mauvaises fréquentations qui peuvent être une véritable entrave à la conduite des missions à lui confiées par le peuple malien qui avait soif de justice, de bonne gouvernance, de partage équitable des ressources publiques.
En ces moments de confusion totale avec son lot d’angoisses et d’interrogations, on est tenté de conseiller au Colonel Assimi Goïta de se méfier des rats du Palais de Koulouba, tous ses opportunistes qui prétendent lui venir en aide. Mon colonel, méfiez-vous des laudateurs !
Certains se ruent dans les brancards pour crier soutien indéfectible à la Transition et au colonel Assimi Goïta, après avoir usé le fond de leurs culottes sur les bancs de défense de tous les présidents de Moussa Traoré à IBK en passant par Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré. Comme des girouettes, ils tournent et retournent leurs vestes. Comme le ridicule ne tue plus dans ce pays où on se tape la poitrine avec les faits glorieux de ses ancêtres, certains autoproclamés soutiens de la Transition tiraient à bout portant sur les colonels de l’ex-CNSP.
Aujourd’hui, ils appellent le colonel Assimi Goïta à faire deux, trois, voire cinq ans au pouvoir. Ils parcourent les rues, les grins, les salles de conférences pour hurler sur l’adhésion populaire au projet de prorogation de la Transition. Ils encouragent le président et le gouvernement de Transition à défier la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest et la communauté internationale. Ils perdent souvent toute lucidité en versant dans une propagande, digne de la période de la guerre froide avec des monstrueux fake-news.
Demain, ils n’hésiteront pas à dire autre chose si ça tourne mal. Aujourd’hui vive le colonel. Demain, à bas le colonel. Ils ne se gêneront pas de crier ça haut et fort. Ils sont sans honneur, ni dignité. Et ils sont prêts à vendre leurs âmes au diable pour demeurer dans les bonnes grâces du prince du jour.
Ce sont les mêmes soutiens qui ont accompagné feu Amadou Toumani Touré. Certains disaient qu’ils étaient prêts à mourir pour lui. Quand les canons des mutins du capitaine Amadou Haya Sanogo pleuvaient sur le Palais de Koulouba, le général-président était seul avec quelques inconditionnels. Car certains étaient déjà sur la route de Kati pour faire le pied de grue.
Ils défilaient à Kati dans le bureau du capitaine-général Amadou Haya Sanogo. Ils n’ont pas hésité à mettre une croix sur lui. En un mot, le président du Comité national du redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) a été lâché sans ménagement.
Ce sont les mêmes soutiens qui ont accompagné, jusqu’à une date récente, avant sa chute, le président Ibrahim Boubacar Kéïta. Ils juraient de le soutenir. Ils faisaient la queue devant le bureau ou la résidence de son fils Karim Kéïta. Certains prenaient son sac tandis que d’autres ciraient ses chaussures. Aujourd’hui, ils sont devenus pour beaucoup d’entre eux des pourfendeurs du président Kéïta ou du « fiston national ».
Mon colonel, méfiez-vous des opportunistes’’ !
Par Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger