Aliou Diallo ne transige pas avec le « made in Guinée ». Son entreprise de tissu artisanal maîtrise toutes les étapes de la transformation de la matière première – le fil de coton – jusqu’à la commercialisation du produit fini. Fidèle à ses principes, le jeune entrepreneur a même imaginé ses propres métiers à tisser, qu’il fait fabriquer par des artisans de son pays.De notre correspondant à Conakry,
À la sortie de Conakry, à Sanoyah, là où la ville commence à ressembler à la campagne, en bas d’une colline se trouve un atelier. Très modeste, trois pièces seulement, où résonne le claquement distinctif du métier à tisser.
« Bienvenue à l’atelier Tokkora. Nous faisons du textile artisanal à partir de coton 100 % fait main. Nous associons le savoir-faire ancestral à la modernité. Moi, je suis Aliou Diallo, j’ai fondé la marque Tokkora, et je la gère aussi », explique l’homme.
Aliou Diallo fabrique le tissu au mètre, mais aussi des chemises, des kimonos. En s’inspirant des pagnes traditionnels comme le lépi, revisité. Nous avons actuellement une dizaine d’employés. De la teinturière, au couturier, en passant par le tisserand, le bobineur, le canneteur. Nous avons un savoir-faire très riche, ici en Guinée, mais nous sommes inondés par les textiles venus de l’extérieur, de la Chine, de l’Inde. Nous devons adapter notre savoir-faire à la consommation, c’est-à-dire que nos produits ne doivent rester purement artisanaux. Ils doivent l’être dans la conception, mais être modernes dans leur utilisation. On a regardé comment faisaient les autres pour avoir un tissu de qualité. On a fait des recherches, on a développé nos métiers, notre façon de faire la teinture, et les finitions de nos produits.Pour produire en plus grande quantité, tout en respectant des standards de qualité internationaux, Aliou Diallo a mis au point ses propres métiers à tisser.
« On fait intervenir les chaudronniers et les menuisiers dans la fabrication des métiers à tisser, car ces appareils sont hybrides, en fer et en bois. Donc lorsque vous achetez une chemise chez nous, il faut vous dire qu’il y a des dizaines et des dizaines de personnes qui ont apporté leur touche », explique-t-il.
Les produits de Tokkora sont vendus sur Internet pour l’instant, sur les réseaux sociaux, mais Aliou Diallo cherche aujourd’hui une boutique en ville pour se rapprocher de ses clients.
RFI