Annoncé en début de semaine dernière puis annulé vendredi 17 décembre, ce voyage avorté du président français au Mali fait couler beaucoup d’encre dans la presse du continent… Pourquoi cette annulation subite ? « Les premières explications fournies par l’Elysée, pointe Maliweb, indiquent que le Président Macron aurait renoncé à ce voyage dans le seul souci de ne pas exposer le dispositif militaire à la dégradation de la situation sanitaire en métropole. De plus, la présidence française évoque des difficultés liées à l’organisation de la rencontre avec son homologue Malien. En effet, Emmanuel Macron voulait que le président en exercice de la CEDAO et certains dirigeants du G5-Sahel participent à la rencontre de Bamako. En plus d’associer ces dirigeants, Emmanuel Macron voulait aussi que la rencontre se passe au salon d’honneur de l’aéroport de Bamako avant de poursuivre son chemin auprès des troupes de Barkhane à Gao.En effet, Emmanuel Macron voulait que le président en exercice de la CEDAO et certains dirigeants du G5-Sahel participent à la rencontre de Bamako. En plus d’associer ces dirigeants, Emmanuel Macron voulait aussi que la rencontre se passe au salon d’honneur de l’aéroport de Bamako avant de poursuivre son chemin auprès des troupes de Barkhane à Gao. De sources crédibles, ce format a été désapprouvé par les autorités de la transition malienne qui ont insisté pour que les discussions entre les deux chefs d’Etats se déroulent au Palais de Koulouba dans un cadre strictement privé, sans la présence des dirigeants de la sous-région. »
Exit la Cédéao !Il est vrai que « pour le Mali, précise Malikilé, ce schéma mettait le Mali dans une position intenable et donc inacceptable. En effet, il n’est un secret pour personne que le Mali n’est pas en odeur de sainteté au niveau de la CEDEAO, pointe le quotidien malien en ligne, et que le président en exercice de cette organisation n’aurait pu que soutenir et renforcer les oukases de Macron sur l’organisation des élections en février 2022 ou encore sur le respect des délais de la transition en cours. Pourquoi, s’exclame Malikilé, Assimi Goïta aurait-il accepté de marcher sous ces fourches caudines ? »
L’épine « Wagner »
Qui plus est, le dialogue de sourds se poursuit entre Paris et Bamako à propos de la milice russe Wagner… « Depuis septembre, rappelle Le Monde Afrique, et la révélation de contacts avancés entre la junte malienne et ces mercenaires russes, Paris s’escrime à convaincre Bamako de renoncer à la conclusion d’un tel partenariat. » « De leur côté, les autorités maliennes dénoncent un “acharnement” contre leur pays. “Nous ne sommes pas dans une crise bilatérale. Toute la région est inquiète de la trajectoire du Mali”, insiste l’Elysée. Nul doute cependant qu’à Bamako, pointe Le Monde Afrique, certains auraient souhaité jouer cette partition d’un Mali souverain. En annulant son déplacement, Emmanuel Macron a peut-être aussi échappé à quelques photos et propos désagréables sur le rôle de la France au Sahel. »
Gros risques…Finalement, renchérit Le Pays au Burkina Faso, « Macron a sauvé sa tête : le président français aurait pris de gros risques en allant au Mali. Il a vu juste en annulant son déplacement à Bamako. Il a sauvé sa tête au regard du contexte très volatile où d’aucuns n’excluaient pas des manifestions anti-françaises à l’occasion de son séjour en terre malienne. A quatre mois de la présidentielle, cela pouvait porter un coup dur au candidat Macron. Cela dit, pointe encore Le Pays, déplacer un problème ce n’est pas le résoudre. Car, il faudra que la France accepte d’interroger sa coopération surtout militaire avec ses anciennes colonies. C’est à ce prix qu’elle pourra éviter certains mouvements de colère comme ce que l’on a pu constater à Kaya au Burkina Faso et à Téra au Niger. »
À quand le dialogue ?
Et il faudra bien qu’un dialogue s’engage entre Paris et Bamako, souligne Aujourd’hui, toujours à Ouaga : « ce serait tout bénéfique que Macron et Goïta se parlent et s’écoutent. Ils peuvent ne pas être d’accord sur certains points mais ils doivent pouvoir trouver un schéma qui satisfasse le peuple malien et français, car au-delà de leurs personnes, c’est l’intérêt des populations qu’ils défendent. C’est dire que ce gros lapin politique retarde un rendez-vous inéluctable. Les deux présidents se parleront tôt ou tard mais le plus tôt serait l’idéal. »
RFI