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La Crimée, vitrine d’une Russie qui imprime son autoritarisme

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Trente ans après la chute de l’URSS, l’influence et le rôle de la Russie dans l’espace post-soviétique reste la préoccupation majeure de Vladimir Poutine. La Crimée, elle, a été annexée il y a plus de 7 ans. Cette région sous sanctions internationales est à la fois une vitrine pour la Russie, et une zone où elle imprime sa marque autoritaire.Dans l’espace post-soviétique, il y a les zones où la Russie joue les arbitres comme dans le Caucase, entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Celle où elle menace de faire la guerre comme à la frontière de l’Ukraine, celle où elle la fait déjà mais sans l’assumer officiellement, comme dans le Donbass.

 

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Un terminal d’aéroport construit par un architecte sud-coréen, des tramways flambants neufs et port en excellent état. Pour la Crimée, la Russie ne mégote sur rien et a les poches larges. Grégori Mouradov est le représentant permanent de la Crimée auprès du président russe, Vladimir Poutine.

« Le programme fédéral spécial adopté par le gouvernement vise le développement intense de toute l’économie et la société de Crimée. Il était initialement été prévu pour 7 ans, mais il a été prolongé pour 10 ans. Il prévoit un financement jusqu’à 1 000 milliards de roubles.Et je tiens à souligner que les dépenses fédérales ne sont qu’une partie d’investissements qui arrivent en Crimée », détaille-t-il.

 

Un tiers du budget national russeUn tiers du budget national de l’éducation est dédié à la Crimée, plus du double pour l’investissement privé. Le pont de Kertch ouvrage symbole inauguré par le président Poutine au volant d’un camion a lui coûté trois milliards de dollars. C’est l’ouvrage le plus cher de Russie, plaisante Irina Berejnaïa. Comme beaucoup de Criméens, cette professeure de sport utilise très souvent ces kilomètres de ruban asphalté impeccable et pour cause.« Nous sommes Criméens, citoyens de Russie, mais depuis les sanctions de 2015, nous n’avons que des banques locales et des opérateurs locaux de téléphonie mobile. Leur champ d’action est donc très limité. Là, aujourd’hui, je vais chercher ma carte bancaire d’une banque russe. Mais pour ça, je dois sortir de la péninsule, même chose quand je veux changer une carte sim de téléphone mobile. C’est pareil quand on a une voiture de grande marque internationale et qu’on veut la réparer ou changer des pièces. On doit tout faire sur le continent »; assure-t-elle.Le dossier bancaire se fait sur un parking anonyme à la sortie du pont de Kertch, dans la voiture personnelle d’un commercial. Pour Irina Berejnaïa qui habite Yalta, l’aller-retour prend 2 nuits en train, une journée en voiture. Et encore, c’est sans compter les bouchons et les contrôles inopinés : vérification d’identité, fouille du coffre à la sorte de Crimée… Ce sont des hommes en uniforme, non identifiés, qui opèrent ; certains portent le sigle d’une société de sécurité privée. Ici, personne ne se plaindra, car les voix dissonantes sont de plus en plus étouffées.

 

Poursuites pour extrémisme ou terrorisme

« Les poursuites ont commencé en 2014, quand la Russie a pris le contrôle ici », constate Roustem Kamilev. Il est avocat, défenseur de la minorité tatare, très majoritairement opposée à l’annexion depuis 7 ans, et il a beaucoup de travail.

 

« La Russie trouve un article du code pénal pour chaque personne qui pense différemment, extrémisme par exemple, ou terrorisme. Ils ouvrent une enquête et commencent à poursuivre des gens, même si les preuves sont le plus souvent tout à fait nulles, et je le dis en tant qu’avocat. Nous avons aussi beaucoup d’affaires d’un autre type en ce moment : des gens poursuivis quand ils viennent aux abords d’un tribunal pour soutenir un accusé par exemple. Ils reçoivent une amende administrative et sont mis en détention courte, jusqu’à 15 jours, pour le simple fait de s’être déplacé à une audience publique. Et c’est une des raisons de ces poursuites : se débarrasser de l’expression des opinions divergentes », précise-t-il.Quelques fidèles descendent les escaliers d’un bâtiment en béton au centre de Simferopol. Ils échangent entre eux en ukrainien, c’est rare, ils sont ici à l’abri dans une cathédrale. La Crimée exige aujourd’hui la fermeture de cette paroisse où tout est célébré en ukrainien par le métropolit Kliment.

 

« Entre 2014 à 2016, les fidèles avaient peur de venir, peur de provocations ou d’une condamnation pénale. Aujourd’hui, ils sont heureux que la messe soit célébrée, mais ils pleurent quand ils sortent de l’église – ils ont peur que le dimanche d’après il n’y ait plus de messe. Les gens viennent dans cette cathédrale à chaque fois comme si c’était la dernière fois », précise ce dernier.

 

Le premier étage a déjà été repris sur les 49 paroisses relevant du patriarcat de Kiev avant l’annexion. Il n’en reste aujourd’hui qu’une poignée. Le dossier est lui devant la Cour européenne des droits de l’homme.

 

 

RFI

 

 

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