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Terrorisme au Mali : la vérité obscurcie par le mensonge du siècle

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Illusion ou vérité, plusieurs analyses critiques concourent à accréditer la thèse du mensonge. C’est depuis l’épisode de la rébellion instrumentalisée contre les institutions du Mali, qu’une crise de déstabilisation sans précédent s’est transformée en opération de guerre contre le terrorisme, un phénomène dont le visage est encore caché et méconnu. Ce fut le début de la fabrication et la construction d’un mensonge à travers le soutien à un mouvement, un « groupe de bandits et narco-trafiquants » appelés terroristes, qui entretiennent des alliances avec le MNLA. L’objectif inavoué consistait à justifier une intervention militaire dans le but de protéger des intérêts. La stratégie de cette intervention s’appuyait sur une présumée lettre de Dioncounda Traoré qui aurait sollicité uniquement un appui aérien. La controverse suscitée par l’objectif de cette demande administrative nécessite un recours devant le Conseil d’État français pour déterminer si les termes de l’entente ont été respectés et si les opérations en cours sont conformes à l’esprit de ce document. A cet effet, le Conseil d’état doit statuer sur sa propre compétence en la matière et examiner par extension si la décision de suspendre unilatéralement et de rompre toute collaboration militaire avec l’armée malienne ne serait pas qualifiable de violation d’une entente qui découlerait des termes de cette fameuse lettre autorisant la présence des forces françaises sur le sol malien. De plus, le retrait unilatéral et non concerté des forces françaises de Kidal, Tessalit Tombouctou, s’ajoutant aux précédentes décisions cavalières, ne rendent-t-elles pas caduques l’effet sur l’existence et le maintien d’un quelconque accord de coopération militaire ?

 

Les conséquences de ces actions ne portent-elles pas atteinte à la légalité des opérations militaires françaises au Mali ? Le Conseil d’État français est interpellé. La majorité de la population malienne désapprouve la politique française au Mali y compris plusieurs officiels et citoyens français eux-mêmes. Rappelons que le peuple français et le peuple malien entretiennent une considération de respect mutuel. Par ailleurs la Russie et la Chine ne sont pas des ennemis du Mali. Il existe une coopération historique et dynamique entre ces pays et le Mali dans différents secteurs. Plusieurs cadres maliens ont été formés dans l’ancienne Union Soviétique. S’ingérer dans le partenariat entre le Mali et la Russie, relève de la médisance et l’hypocrisie. Dans nos analyses antérieures, nous avions insisté sur la stratégie de contrebalancer l’action des acteurs dans les opérations anti-terroristes au sahel, en diversifiant notre partenariat. Malgré le déploiement de plusieurs opérations (de SERVAL, BARKHANE à TAKUBA), y compris les activités de maintien de la paix de la MUNISMA, force est de constater que les différentes résolutions du Conseil de Sécurité n’ont eu que des effets mitigés. Il n’est pas tard pour les Nations Unies de procéder à l’évaluation des dix (10 ans) du bilan des acteurs sur le terrain et des vraies causes du terrorisme au Mali. Avant d’aborder ce chapitre, une reconfiguration de mandat et du fonctionnement de la MINUSMA s’impose pour rassurer la population malienne.Reconfiguration et renforcement du mandat de protection de la Population civile.

 

Au regard du décret no.2021/0892/PM-RM du 10 décembre 2021, portant création d’un comité stratégique de suivi des mandats de la MINUSMA. L’article 2 définissant les champs d’intervention du comité stratégique de suivi, pourrait s’étendre à d’autres propositions.

 

Une première proposition vise à désigner un porte-parole du gouvernement, rattaché exclusivement aux activités de la MINUSMA, dont notamment la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité sur la MINUSMA et l’exécution de ses mandats.

 

Une deuxième proposition porte sur le fonctionnement de la MINUSMA. Il s’agit d’établir un mécanisme d’évaluation conjointe tripartite sur une base semestrielle entre la MINUSMA, le gouvernement malien et la société civile représentant la population dans son ensemble à travers les zones où les terroristes sèment la terreur et la désolation. Ainsi tout prochain renouvellement du mandat de la MINUSMA sera subordonné aux résultats de ces évaluations, assortis de mesures rigoureuses et de corrections, notamment les insuffisances du mandat de protection de la population civile victimes de toutes sortes d’exactions et d’horreurs allant de l’atteinte à leur intégrité physique, des villages entiers décimés, des récoltes détruites, des biens et bétails emportés. Ces faits poussent les villageois à l’exode, et se produisent régulièrement dans l’impunité totale en violation des droits de l’homme. Ces infractions sont assimilables à des crimes et pourraient enrichir les critères et qualificatifs du Statut de Rome. Il est important que tous ces faits, soient documentés avec des preuves matérielles, par des organismes de défense des droits et communiqués au bureau du procureur de la Cour Pénale Internationale. A cet égard, pour une meilleure efficacité dans les actions et opérations de protection de la population civile, il serait souhaitable que nos autorités plaident en faveur du transfert de toutes les activités et opérations de la MINUSMA dans les zones d’hostilité pour rapprocher la mission des populations éprouvées dont la sécurité est menacée. Seule la section politique doit être maintenue à Bamako et tout le reste déployé dans les régions du nord ( Tessalit, Kidal, Gao, Ménaka, Tombouctou, Mopti , Bandiagara, Niono ).

Depuis la création de la MINUSMA, plusieurs casques bleus ainsi que des militaires maliens sont victimes de la recrudescence des attaques meurtrières terroristes. Ces pertes de vies humaines justifient le changement de mandat et la règle d’engagement sous le chapitre 7, à travers la mise en oeuvre du caractère opérationnel offensif. Il serait utopique d’assurer une opération de maintien de la paix dans un contexte du terrorisme où les opérateurs et concepteurs utilisent une pratique asymétrique qui échappe à la guerre conventionnelle. Toutefois, nous comprenons aussi l’idéologie pacifiste qui sous-tend le fondement des missions de paix de ne pas recourir à la force si ce n’est nécessaire.

 

Dans le cadre du déploiement des contingents au sein de la MINUSMA, le comité stratégique de suivi des mandats pourrait dans le cadre de la cueillette des informations et autres données sur les activités de la MINUSMA, plaider auprès du Conseil de sécurité, d’envisager dans une prochaine résolution, un mécanisme de partage d’informations et de renseignements personnels entre La MINUSMA et les autorités maliennes, sur chaque militaire régulier engagé dans un contingent de la mission. Il s’agit de produire aux autorités maliennes, au moment du déploiement, une fiche individuelle comprenant le corps d’attache du militaire, son grade, son expérience dans l’armée de son pays, la compagnie à laquelle il appartient, sa division, comment a-t-il été recruté, ou toute autre information utile ce militaire. Ce mécanisme de transparence permettrait d’éviter toute forme de spéculation négative qui pourrait entacher l’image du système des opérations de maintien de la paix. Enfin, il faudrait revoir le SOFA les dispositions du ( Status of Forces Agreement (SOFA), pour l’adapter aux codes de conduite du staff. La question du terrorisme au sahel est-elle devenue une légende ou une réalité ?

 

L’insécurité qui prévaut au Mali est la conséquence du phénomène appelé terrorisme. La population malienne est maintenant convaincue de la main qui se cache derrière ce fantôme, ce monstre artificiel conçu et entretenu par des forces à l’épreuve de toute considération morale.

 

Critique des causes du terrorisme au Sahel :

 

Au-delà des questions de développement socio-économique et de bonne gouvernance, sommes-nous en face d’illusion ou de mensonge ? Il est temps pour les autorités maliennes de suggérer aux Nations Unies d’instituer une commission indépendante d’enquête sur les autres causes du terrorisme au sahel. Plusieurs citoyens des régions du sahel s’interrogent désespérément sur l’accroissement et la multiplication des groupes terroristes. Qui sont ces groupes et leurs alliances? Une identification s’impose. Quelle est la provenance de leurs logistiques et qui sont les pourvoyeurs de leur financement ? qui sont les conseillers qui agissent pour eux et qui leur communiquent des renseignements? D’où vient le carburant utilité dans leurs motos et véhicules ? Le recouvrement de la sécurité sur l’ensemble du territoire malien est la seule priorité que le peuple malien réclame. L’organisation et la tenue d’élection bâclée dans le contexte actuel d’insécurité, relève de la diversion, car les résultats du scrutin seront contestés. Une telle situation risquera de plonger le Mali dans une nouvelle aventure de crise post-électorale. Ceux qui s’acharnent à vouloir donner une injonction aux autorités maliennes de la transition doivent se tenir à l’écart de notre destinée et laisser les maliens décider souverainement de leur propre avenir. Les menaces et pressions relèvent de la démagogie et manquent de réalisme politique. La tenue d’élection suspecte pour élire un pouvoir civil inféodé par cooptation, n’a jamais été une garantie de démocratie ni le monopole d’une bonne gouvernance. Ces marchants d’illusion tentent de tromper le peuple malien en obscurcissant la vérité par le mensonge. Jetez un regard sur le fonctionnement de la démocratie à travers le monde, vous constateriez des exemples du faible taux de participation de la population et le faible niveau de score en termes de suffrage exprimé. Vous comprendriez que l’idéal démocratique est souvent travesti et n’existe presque plus, car il est aliéné par les forces en opposition constante sur des intérêts irréconciliables. Les citoyens ont perdu confiance aux politiciens et se désintéressent du fait politique. Nous devons appuyer le choix du changement pour répondre aux aspirations du peuple malien.

 

Conclusion et recommandations: Le mali n’a pas de leçon à recevoir de nulle part et le peuple malien reste maître de son destin. Au chapitre de la sécurité, les autorités maliennes doivent décréter l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire, adopter un décret sur les mesures de guerre, assorti d’un moratoire, instituer un conseil de défense, mobiliser toutes les forces de sécurité 24/24 autour d’un programme de sécurité et de patrouille régulière, impliquer la population civile sur la mise en oeuvre de ce programme. Mes frères, soyons unis et faisons preuve de patriotisme et de sacrifice pour l’avenir du Mali. Pour paraphraser Emmanuel Macron, les multiples manifestations d’opposition de la population malienne à l’occupation de l’armée française au Mali, témoignent du fait que la « légitimité de la présence des forces françaises sur le territoire malien est démocratiquement nulle » contrairement à sa réflexion sur la légitimité du pouvoir politique à Bamako. Paradoxalement, selon les médias, M. Macron s’apprêtait à se rendre au Mali pour rencontrer le chef d’un gouvernement qu’il a publiquement contesté et qualifié d’illégitime devant le peuple français. Aux dernières nouvelles il aurait renoncé à ce voyage. Quelle aurait été la légitimité et le vrai sens de sa propre démarche d’aller rencontrer les nouvelles autorités de la transition à Bamako ? sinon le mépris et la honte. La vérité sur le Mali, finira toujours par triompher même si elle est encore obscurcie par le mensonge. Un des drames du Mali, c’est d’avoir produit une classe politique composée de politiciens complexés, dépourvus de valeurs et de principes. Ces fils du pays, à qui le Mali a tout donné, ont fini par opter pour la trahison contre les intérêts nationaux de leur propre pays en acceptant le troc, les avantages et les privilèges.

 

(Préparé par : BOUBACAR TOURÉ, juriste, Montréal, Canada)

Le Republicain

 

 

 

 

 

 

 

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